Volley: les Bleus à une marche d'un doublé olympique pour entrer dans la légende
Dans l'histoire, seuls les Soviétiques (1964-1968) et les Américains (1984-1988) ont réussi à se parer d'or deux fois consécutivement aux JO, à des époques où le volley ne comptait toutefois pas autant de nations d'un niveau si élevé.
C'est dire si pareil accomplissement inviterait à tous les superlatifs pour ces Bleus-là, qui rejoindraient alors au Panthéon du sport français ceux du handball, à ce jour les seuls à avoir conservé leur titre (2008-2012).
En 2021, leur tournoi avait ressemblé à une curieuse épopée et au bout d'une ruée vers l'or au scénario imprévisible, des pleurs et des cris de joie avaient déchiré le silence assourdissant de Tokyo, alors sous cloche en raison du Covid.
Trois ans plus tard, le feu sacré qui mène aux plus belles conquêtes ne les a toujours pas quittés à Paris, où cette fois le bruit et la fureur d'un public ne demandant qu'à entrer en fusion avec eux accompagnent leur odyssée.
"C'est dingue, c'est un rêve. Défendre son titre olympique à la maison, c'est quelque chose d'incroyable, on va avoir la chance de pouvoir le faire", lâchait les yeux embués la star Earvin Ngapeth, mercredi soir, juste après la leçon donnée aux champions du monde italiens en demi-finale (3-0).
"Jamais morts"
Pour les Bleus, passés prêts du gouffre de l'élimination deux jours plus tôt en quarts face à l'Allemagne qui avait mené de deux sets avant de subir leur remontée héroïque, cette victoire éclatante, après un match quasiment parfait, leur a donné mille et une raisons de croire à ce doublé, tant tout semble réuni pour le réaliser, entre niveau de jeu devenu stratosphérique, infaillible détermination et ferveur populaire sans précédent.
Sauf, c'est tout sauf un détail, qu'il y a encore une équipe à battre et pas n'importe laquelle: la Pologne championne d'Europe, elle aussi en quête d'une deuxième médaille d'or olympique, mais 48 ans après la première glanée aux Jeux de Montréal en 1976.
Dans leur demie, les Polonais ont dû batailler ferme pour venir à bout des États-Unis (3-2) après avoir entrevu l'élimination au 4e set. "Ils ont été très solides dans la tête. De toute façon on sait qu'ils ne sont jamais morts", a prévenu le central Nicolas Le Goff.
Plus encore que la France, championne olympique en titre, triomphante à l'Euro-2015 et quadruple lauréate de la Ligue des nations VNL (2015, 2017, 2022, 2024), la Pologne a trusté les titres sur cette même décennie, championne du monde 2014 et 2018 (finaliste en 2022), championne d'Europe l'an passé (3e en 2019 et 2021), lauréate de la VNL 2023 (finaliste en 2021).
En conquête
Elle aussi possède sa génération dorée, guidée par Wilfredo Leon, Cubain naturalisé en 2019, à qui il ne manque que la consécration olympique. "Nous attendons cela depuis tant d'années. Je suis très heureux de savoir que nous aurons une médaille ici à Paris, mais je veux l'or. Et je pense que le moment est venu de la décrocher", a dit le réceptionneur-attaquant au service de plomb.
"Les France-Pologne, c'est toujours des matches chauds. Ça va être un gros combat. Il y a trois ans, à Tokyo, on les avait éliminés en quarts (3-2). Ils doivent être tout fous de nous retrouver en finale, ils vont vouloir prendre leur revanche", a exposé le central Barthélémy Chinyeneze.
Et plutôt deux fois qu'une, puisque les Bleus, dont cinq d'entre eux évoluent dans le championnat polonais (Benjamin Toniutti, Jean Patry, Yacine Louati, Trévor Clevenot, Kevin Tillie), ont aussi détrôné leurs rivaux en demi-finale de la Ligue des nations fin juin, chez eux à Lodz.
Samedi, tout cet historique ne comptera pas, comme l'induit Nicolas Le Goff avec un sens aigu de la nuance qui illustre l'état d'esprit français: "De toute façon, on n'y va pas pour défendre notre titre, on y va pour la conquête d'un nouveau."