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Август
2024

Equipe de France de voile : la double frustration marseillaise

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Une médaille de bronze inattendue pour Charline Picon et Sarah Steyaert en 49er, une breloque en argent forcément décevante pour Lauriane Nolot, et... c’est tout. On ne va pas se cacher : si les Jeux de Paris ont emballé la planète et le pays, ceux de Marseille déçoivent tous les passionnés de voile. Et pas seulement pour des raisons sportives. On le sait : une médaille olympique, c’est le titre le plus dur à obtenir en voile. En tant que marins Français, on peut se faire plaisir sur un Vendée Globe ou un tour du monde en trimarans Ultim : la course au large à la française attise à juste titre tous les superlatifs. [caption id="attachment_186511" align="aligncenter" width="500"] Lauriane Nolot en Kite pour Paris 2024 © Sailing Energy[/caption] Mais l’olympisme, c’est autre chose. Et c’est un univers ultra-compétitif nécessitant autant de talent et de travail individuel que de dynamique collective. Mais jouer à la maison, ça compte. Alors c’est vrai qu’on y croyait, à ces Jeux 2024 avec des équipages comme Camille Lecointre et Jérémy Mion et 470, avec un Jean-Baptiste Bernaz qui pouvait rêver d’une médaille de fin de carrière bien méritée en ILCA7, un Nicolas Goyard qui marchait sur l’eau en IQFoil, une Lauriane Nolot qui surclassait toutes ses concurrentes depuis des mois... Mais deux médailles seulement sur 30 distribuées, et pas d’or : c’est famélique ! Et c’est d’autant plus cruel que Paris 2024 est une fête, que le sport français bat tous ses records de médailles par ailleurs. Et surtout qu’on a comme une impression de déjà vu, avec ce grand écart entre les prétentions de la voile olympique française et ses réalisations. De quoi est fait ce plafond de verre olympique auquel se heurtent les marins français à chaque olympiades ? [caption id="attachment_186510" align="aligncenter" width="500"] Athlètes, coaches, DTN et président fédéral… Toute l’équipe de France est prête à en découdre. © G. MARTIN-RAGET/FFV[/caption] D’autant que cette année, même les outsiders se frustrent à l’image d’un équipage 49er féminin qui s’aligne sur le Medal Race dans une pole position inespérée... et se prend les pieds dans le tapis pour n’accrocher qu’une troisième place miraculeuse, suite à l’erreur de parcours des concurrentes néerlandaises. Au final, elles auraient signé pour le bronze et nous aussi, mais à la fin quel est le problème ? Est-ce la détection, la sélection, la préparation ? La gouvernance ? Evidemment les athlètes ont dû composer avec des conditions atypiques, petit temps d’ouest et clapot compliqué, sûrement pas celles qu’ils avaient le plus préparées. Mais c’est le jeu, ce sont les Jeux. Quand l’histoire se répète, ça ne peut pas être un hasard et la FFV va bien devoir se poser les bonnes questions. [caption id="attachment_186512" align="aligncenter" width="500"] Charline Picon et Sarah Steyaert en 49er FX © Sailing Energy[/caption] En 2021, un rude combat des chefs a opposé le double champion olympique Nicolas Hénard et Jean-Luc Dénéchau, l'actuel président de la FFV. Avec le recul, on se prend à rêver : n'y avait-il pas mieux à faire ? Ces deux-là n’auraient-ils pas pu s’entendre pour que chacun puisse faire bénéficier le collectif de sa légitimité et de ses talents ? Jean-Luc Dénéchau aurait pu jouer son rôle fédérateur et institutionnel. Nicolas Hénard peut-être apporter à la l'équipe de France cette culture de la gagne qui lui fait encore défaut. Mais la FFV reste un village gaulois comme les autres, et ce sont les athlètes qui trinquent... au pied du podium. Cette frustration sportive se double, pour les passionnés que nous sommes, d’une grosse frustration médiatique. Car manifestement, les chaînes télévisés du service public se soucient de la voile comme d’une guigne... On en a passé du temps devant le hockey sur gazon et la lutte gréco-romaine, on a découvert le basket 3v3, adoré le badminton... mais la voile ? Je n’ai pas les chiffres, je n’ai pas non plus campé h24 devant la télévision. Mais nous a-t-on montré plus de 10 minutes de voile, en tout et pour tout, sur deux semaines d’olympiades ? Ou plutôt un peu moins ? Le Nacra 17, le 49er ou le kite sont-ils vraiment moins spectaculaires que la marche ou le lancer du marteau ? Le principe de la régate plus compliqué à comprendre que les règles de l’escrime ou de l'omnium cycliste sur piste ? La rade de Marseille est-elle trop loin des plateaux parisiens ? On a pourtant vu plus de surf en direct de Tahiti que de voile en Provence. Sauf à basculer sur des chaînes payantes... mais enfin quoi, la FFV est-elle moins légitime que d’autres à faire découvrir ses sports et ses talents par le biais du service public ? J’avoue, ça nous agace prodigieusement – et on n’est pas les seuls !

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