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Август
2024

“Almamula” : Juan Sebastián Torales exorcise superbement ses traumas d’enfance

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Almamula, c’est le nom d’une femme violée par son père, qui fut ensuite punie et transformée en créature démoniaque, condamnée à hanter la forêt environnante. C’est du moins ce que racontent les habitant·es du village argentin où le jeune Nino – dont le nom porte à croire qu’il incarne l’enfant universel·le (“niño”, “enfant”), comme un archétype biblique – s’est réfugié avec sa mère, suite aux agressions homophobes qu’il a subi dans son école citadine.

Représentée comme une sorte de version féminine de la créature d’Apichatpong Weerasethakul, l’Almamula est également, selon elleux, responsable de la disparition récente d’un jeune garçon, jugé trop différent par la communauté religieuse locale.

Pulsions salvatrices

Avec ce récit en partie autobiographique, Juan Sebastián Torales, qui vit à Paris depuis maintenant douze ans, exorcise superbement ses traumatismes d’enfance, et notamment la souffrance que peut ressentir un jeune adolescent qui vit ses premiers fantasmes érotiques avec une culpabilité extrême.

Le cinéaste témoigne aussi de toutes les pulsions salvatrices qui accompagnent une telle claustration mentale, ainsi, l’iconographie catholique omniprésente devient homo-érotique pour l’adolescent, comme ce tableau où des soldats romains déshabillent Jésus : “Il n’y a que des hommes”, lui fait noter un camarade de catéchisme.

Une photographie impeccable

Poussé par un désir de mort inconscient, Nino rêve d’être à son tour emporté par le monstre, et se crée son propre univers de croyance en remplaçant le crucifix qu’il a lui-même accroché dans la forêt par une peinture de l’Almamula, devant laquelle il effectue toutes sortes de rituels érotiques afin de l’attirer par le “péché”.

Porté par une photographie impeccable et un univers esthétique à cheval entre le conte et l’iconographie religieuse argentine, le film réussit à représenter toute l’ambivalence de la croyance, autant destructrice que salvatrice, castratrice que libératrice.

Almamula, de Juan Sebastian Torales, avec Nicolás Díaz (II), Martina Grimaldi, Maria Soldi. En salle le 7 août.