Athlétisme: Ingebrigtsen contre Kerr, duel sous haute tension sur 1.500 m

Pas de chrono, pas de lièvre, pas de record (a priori) mais une bataille entre deux champions qui ne s'apprécient pas, pour trois tours trois quarts de piste sous haute tension, probablement tactiques d'abord avant de basculer dans l'épique à l'approche de la ligne d'arrivée.

Jakob Ingebrigtsen et Josh Kerr, les deux meilleurs "milers" des dernières années, visent le titre olympique du 1.500 m, et surtout un succès marquant de l'un face à l'autre.

Petit prodige de l'athlétisme au palmarès déjà exceptionnel (un or olympique, deux mondiaux, six européens) à 23 ans, Ingebrigtsen avait subi un premier coup dur en finale des Mondiaux-2022 avec une douloureuse défaite face au Britannique Jake Wightman, avant de revivre le même cauchemar -- croqué sans ménagement dans les 200 derniers mètres -- l'an passé à Budapest avec Kerr, lui aussi Ecossais.

Mauvais perdant assumé, Ingebrigtsen a multiplié depuis les piques contre son adversaire N.1.

"C'est difficile de considérer comme un rival quelqu'un qui ne participe à aucune course. On se rappellera de lui comme du Britannique qui ne court jamais", a encore cinglé Ingebrigtsen devant la presse norvégienne avant les JO.

"Pour ma part, je veux disputer autant de courses que possible, je veux faire le spectacle, aller vite, c'est ce que j'aime."
"Brutal"
Le Norvégien, s'il s'aligne bien plus souvent que son rival en compétition, exagère un peu: Kerr l'avait battu lors d'un mile (environ 1.610 m) très relevé au mois de mai à Eugene (Oregon, Etats-Unis).

"Nous sommes deux compétiteurs féroces qui veulent être les meilleurs du monde, et ça ne va pas changer, peu importe les commentaires ou les déclarations hors contexte", avait indiqué avant la course l'Ecossais, lors d'une conférence de presse commune très fraîche où les deux coureurs n'avaient pas échangé un regard.

"Je veux être le meilleur du monde, je l'ai réussi l'an dernier, et je vais continuer. Ça peut embêter des gens ou irriter des concurrents, c'est normal, on essaie tous d'être au sommet", ajoute-t-il.

Leur rivalité naissante fait du bien à un sport souvent lisse, et ajoute du sel pour cette finale olympique, où les Américains Yared Nuguse et Cole Hocker, voire le Néerlandais Niels Laros, espèrent avoir leur mot à dire.

"On peut s'attendre au 1.500 m le plus brutal que ce sport ait connu depuis un long moment, a promis Kerr à la presse britannique avant les JO. Je suis prêt, je pense que nous le sommes tous. Il y a eu beaucoup de mots depuis un an ou deux, j'ai hâte de régler ça une bonne fois pour toutes mardi avec ma meilleure performance. Je vais montrer ça en finale."

"C'est une compétition, nous ne sommes pas là pour nous faire des amis, lance encore Ingebrigtsen. Mais je pense que nous devons nous respecter les uns les autres, par rapport au travail que chacun réalise."

Après le 1.500 m, Ingebrigtsen s'alignera sur 5.000 m, distance qu'il n'avait pas disputée à Tokyo, mais sur laquelle il est double champion du monde en titre.