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Август
2024

Audiences à Washington dans l'enquête sur l'incident du Boeing d'Alaska Airlines

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"La NTSB mène une audience investigatrice pour obtenir les informations nécessaires afin de déterminer les faits, les circonstances et la cause probable d'un accident de transport ou d'un incident (...) et pour faire des recommandations pour améliorer la sécurité des transports", a expliqué l'agence, en annonçant ces audiences à Washington.

Le 5 janvier 2024, pendant la phase d'ascension d'un Boeing 737 MAX 9 opérant le vol 1282 d'Alaska Airlines entre Portland (Oregon) et Ontario (Californie), une porte-bouchon - opercule condamnant une issue de secours redondante - se détache, laissant un trou béant dans le fuselage et faisant quelques blessés légers.

Un mois plus tard, la NTSB publie un rapport préliminaire accablant pour le géant de l'aéronautique.

Selon elle, l'absence d'usure ou de déformation à certains emplacements indiquait que "quatre boulons prévus pour empêcher que la porte-bouchon ne se déplace vers le haut étaient manquants avant qu'elle ne bouge".

L'agence a recueilli des écrits et des photos montrant que des employés de Boeing avaient retiré ces boulons lors d'une inspection à son usine d'assemblage de Renton (nord-ouest).
Quinze témoins
Pour avancer dans son enquête, la NTSB a convoqué quinze personnes pour deux longues journées de témoignages à Washington.

Parmi elles, plusieurs représentants de Boeing, dont la vice-présidente chargée de la qualité, Elizabeth Lund, ainsi que de Spirit AeroSystems - fournisseur des fuselages du 737, notamment -, du régulateur FAA et du syndicat local des machinistes IAM.

En revanche, personne d'Alaska Airlines. Selon des experts, la compagnie a continué d'exploiter l'avion malgré trois incidents inexpliqués de pressurisation, en évitant néanmoins le survol d'eau et sans grimper à l'altitude habituelle.

Lors d'une présentation devant des journalistes, dont l'AFP, fin juin à Renton, Mme Lund a donné une version détaillée des événements.

Ce qui a valu à Boeing d'être sanctionné par la NTSB, qui a accusé le constructeur d'avoir cherché à influencer l'opinion publique et d'avoir manqué à ses engagements en tant que partie à l'enquête.

Mme Lund a expliqué que, lorsque le fuselage incriminé était arrivé à Renton, cinq rivets non conformes avaient été repérés.

"Cela ne posait pas de problème de sécurité", a-t-elle relevé, précisant que l'appareil avait alors cheminé sur la chaîne d'assemblage tandis que les ingénieurs discutaient de l'opportunité de les changer.

En bout de ligne, il a été décidé de les remplacer. Pour se faire, la porte-bouchon a dû être retirée mais "il n'existe aucune trace écrite" de cette opération, inhabituelle pour ces équipes.

D'après Mme Lund, une équipe chargée de sortir l'avion du hangar de fabrication a remis la porte-bouchon en place, mais sans boulons. Sa mission était de protéger les avions des intempéries, pas d'effectuer des travaux dessus, a-t-elle insisté.

Faute de document répertoriant le retrait de la porte-bouchon, les boulons n'ont jamais été remis en place avant sa livraison en octobre, ni son entrée en service en novembre.
Non coopératif
"C'est un manque de respect de nos procédures", a-t-elle reconnu, précisant que Boeing n'était pas en mesure d'identifier les employés concernés faute de documentation.

L'usine de Renton emploie 10.000 personnes et fonctionne 24h/24, avec un roulement quotidien de trois équipes.

La patronne de la NTSB Jennifer Homendy a déploré en plusieurs occasions un manque de coopération de l'avionneur notamment dans la fourniture de documents et de vidéos de caméra de surveillance, qui auraient été "effacées" par d'autres enregistrements.

Selon elle, le chef d'équipe a été identifié mais se trouvait en arrêt maladie depuis plusieurs mois au moment où elle s'était exprimée.

L'incident du vol 1282 a fait loupe sur les problèmes de qualité chez Boeing, affectant trois de ses quatre familles d'avions commerciaux (737, 787 Dreamliner, 777).

Il a entraîné audits et enquêtes (police, justice, Congrès), mise sous surveillance accrue par les régulateurs, renouvellement de l'équipe dirigeante et réouverture du dossier pénal lié aux crashes de 2018 et 2019 (346 morts).