Affaire Péchier : l'ex-anesthésiste renvoyé aux assises pour 30 empoisonnements
L'ancien anesthésiste Frédéric Péchier a été renvoyé devant la cour d'assises du Doubs pour les empoisonnements de 30 patients, dont 12 mortels, dans des cliniques de Besançon, a annoncé lundi 5 août à l'AFP le procureur de la République Etienne Manteaux.
Les deux juges d'instruction ont signé lundi l'ordonnance de mise en accusation (OMA) devant la cour d'assises, un document de 369 pages qui résume plus de sept ans d'instruction ainsi que les charges pesant sur Frédéric Péchier, 52 ans, qui a toujours clamé son innocence. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, selon le procureur de Besançon. L'affaire avait débuté lorsqu'une anesthésiste d'une des cliniques avait donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de patients en pleine opération.
Affaire sans précédentDans la grande majorité des cas, les expertises ont jugé qu'il existait des "suspicions fortes" — dans quelques cas des "certitudes" — que des substances en doses parfois létales aient été administrées aux patients venus se faire opérer dans les deux cliniques, où officiait M. Péchier, souvent pour des interventions bénignes. Ce dossier est "sans précédent" dans les annales de la justice française, "on n'est pas du tout dans un cadre d'euthanasie", a insisté Etienne Manteaux.
"C'est totalement unique" car les faits reprochés ne visaient pas à "empoisonner pour abréger les souffrances de patients. Là, ce sont des personnes pour la plupart en bonne santé qui venaient subir des opérations anodines" et "dont le pronostic vital n'était pas engagé".
"Frédéric Péchier était le primo-intervenant quand survenait un arrêt cardiaque", avait expliqué Etienne Manteaux en mai dernier. Selon ses collègues, "il avait toujours la solution", "se prenait pour le meilleur", la star des anesthésistes de Besançon. "Il s'était créé un vrai personnage charismatique de sauveur". "Dans les empoisonnements où les patients sont décédés, il était en conflit plus marqué avec les collègues auxquels ça arrivait", a également noté le procureur.
Avec AFP