Plus de 300 morts, les étudiants mobilisés, le couvre-feu généralisé... Ce qu'il faut savoir sur les tensions au Bangladesh
Des centaines de milliers de manifestants antigouvernementaux défient ce lundi 5 août le couvre-feu et les forces de sécurité du Bangladesh en défilant dans les rues de la capitale, Dacca, au lendemain d'une journée sanglante au cours de laquelle des affrontements ont fait au moins 94 morts à travers le pays.
Début il y a un moisLes manifestations antigouvernementales ont commencé il y a un mois dans ce pays musulman de 170 millions d'habitants. Sur fond de chômage aigu des diplômés, les étudiants contestent les faveurs dont bénéficient les proches du pouvoir pour devenir fonctionnaires.
Ils exigent l'abolition d'un système de discrimination positive qui réserve un quota d'emplois publics aux familles des vétérans de l'indépendance. Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par la justice, mettant le feu aux poudres, avant un nouveau retournement fin juillet de la Cour suprême.
Crise politiqueLa crise sociale s'est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts, les manifestants réclamant alors la démission de la Première ministre, Sheikh Hasina. Désormais, "il ne s'agit plus seulement de quotas d'emplois", explique une jeune manifestante. "Nous voulons que les futures générations puissent vivre librement".
Au moins 300 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations en juillet, selon un bilan de l'AFP à partir de données de la police, de responsables et de sources hospitalières. Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l'arrivée au pouvoir il y a 15 ans de Hasina. Pour rétablir l'ordre, son gouvernement a notamment fermé écoles et universités et déployé l'armée.
Un dimanche sanglantDimanche 4 août, de nouveaux heurts entre opposants à Sheikh Hasina, forces de l'ordre et partisans du parti au pouvoir ont fait au moins 94 morts dans tout le pays. Parmi eux, au moins 14 policiers. Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâton et de couteau et les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles.
Tout Dacca s'est transformé "en champ de bataille" et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d'un hôpital, selon une autre source policière. Un couvre-feu a été instauré dimanche soir. Les 3.500 usines ont fermé.
Le couvre-feu bravéL'accès à internet était coupé de manière généralisée lundi, d'après des fournisseurs et des organismes de surveillance. Un vaste dispositif de sécurité a été déployé à Dacca, où les rues conduisant au bureau de la Première ministre Sheikh Hasina ont été barricadées par la police et l'armée avec du fil barbelé, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Selon des témoins, de larges foules marchent malgré tout dans les rues de Dacca et ont abattu des barrages. Le quotidien Business Standard estime que quelque 400.000 protestataires défilent lundi, un nombre que l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier.
Le chef de l'armée du Bangladesh, le général Waker-Uz-Zaman, doit s'adresser au pays ce lundi. Samedi, le général avait affirmé dans un communiqué que les militaires se tiendraient "toujours aux côtés du peuple".
Avec AFP