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Август
2024

Six questions posées au président de la SPA sur les abandons d'animaux

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« Quand on n’a plus de places, que fait-on ? Nous ne sommes pas un service public mais une association », rappelle Jacques-Charles Fombonne. Avec 28.652 chats, 13.124 chiens et 2.894 « NAC » - pour Nouveaux animaux de compagnie - recueillis en 2023, les 64 refuges de la SPA peinent à suivre la cadence cette année. Si les chiffres de la prise en charge ont augmenté de 1,5 % par rapport à 2022, ceux de l’adoption ont au contraire régressé de 1,5 % avec 40.587 pensionnaires remis à des familles en 2023. De quoi saturer toujours plus la SPA, déjà en proie à la hausse des abandons.

1) Comment la SPA lutte-t-elle contre les abandons ?

Pour se prémunir contre les risques d’abandon, la SPA mise sur le principe de l’« adoption responsable ». Tout nouvel acquéreur doit signer un « certificat d’engagement et de connaissances des besoins spécifiques de l’espèce ». Le but, s’assurer du bien-être futur de l’animal avant de le confier. La SPA se félicite ainsi d’un faible taux retour de ses pensionnaires après leur adoption, à hauteur de 3,2 % en 2023 contre 3,9 % en 2022, preuve de la responsabilisation croissante des adoptants. L’association multiplie les ateliers de sensibilisation, auprès de 11.170 jeunes en 2023.

2) Quels animaux sont le plus victimes ?

Chaque année, pas moins de 100.000 animaux sont abandonnés en France selon les estimations, dont « 1/3 de chien et 2/3 de chats en général », précise le président de la SPA. Les abandons de nouveaux animaux de compagnies (NAC) inquiètent particulièrement la SPA qui en a recueilli 6 % de plus l’an dernier.Un phénomène récent, de l’« animal-objet » auquel « le propriétaire est souvent moins attaché », facilitant l’abandon. « Durant le confinement, beaucoup de personnes ont pris un lapin ou un cochon d’Inde mais n’en veulent plus aujourd’hui », constate Jacques-Charles Fombonne. La SPA appelle en ce sens à élargir la législation qui « interdit depuis le 1er janvier 2024 la vente de chiens et chats en animalerie mais autorise toujours celle des NAC ».

3) Pourquoi autant d'abandons ?

L’« imprévision est sans doute le principal facteur », souligne le président de l’association. De nombreux acquéreurs sous-estiment l’investissement que requiert une adoption ou un achat. Outre le fait « d’aller le promener chaque jour », la SPA « considère qu’un chien coûte aux alentours de 100 euros par mois » pour « l’alimentation et l’achat de matériel » ou pour les « frais de vétérinaire ou de vaccins », qui peuvent très vite devenir onéreux. Le puçage de son animal est désormais « obligatoire » mais « beaucoup ne le font pas car il coûte entre 60 et 70 euros ».

Autre facteur, la prolifération des portées de chatons ou de chiots, souvent difficiles à prendre en charge pour le propriétaire. Pour éviter que ces derniers ne soient abandonnés, la SPA « encourage la stérilisation » et mène ses propres campagnes, qui ont par exemple permis la stérilisation de 5.523 chats en 2023.

4) Y a-t-il une période propice aux abandons ?

Si l’été reste la période la plus affectée par les abandons à cause des départs en vacances et des naissances de portées, la tendance semble depuis quelque temps « s’uniformiser sur l’année », relève Jacques-Charles Fombonne. Chaque année, la SPA accueille « entre 42 et 46.000 » animaux. Mais son président s’inquiète : « combien sont réellement abandonnés dans la nature si l’on en reçoit autant ? ».

5) Qu'en est-il des sanctions encourues ?

Depuis 2021, la loi française s’intéresse de près à la question et prévoit de « très lourdes peines » en cas d’abandon ou de maltraitance. L’article 521-1 du Code pénal dispose que « l’abandon d’un animal domestique » ou « un acte de cruauté envers un animal domestique » est passible de « trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende ». Si les faits « entraînent la mort de l’animal », la sanction peut s’alourdir à « cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende ». Même si ces peines sont rarement appliquées, l’abandon d’un animal peut aboutir sur l’ouverture d’un « casier judiciaire », avertit Jacques-Charles Fombonne.

6) Comment réagir quand on trouve un animal abandonné ?

Depuis le 24 juin 2024, un numéro d’urgence national, le 36 77, permet de signaler tout acte de maltraitance ou tout abandon. Face à un animal errant, le premier réflexe à avoir est de l’identifier, en vérifiant « la présence d’un tatouage ou d’un collier », explique la SPA. S’il n’en possède pas, l’animal peut être porteur d’une puce qu’il est possible de lire gratuitement chez un vétérinaire.

Dans le cas où le transport de l’animal est impossible, la fourrière se charge de le récupérer. Si le propriétaire ne se manifeste pas dans un délai légal de 8 jours ouvrés, la fourrière propose à la SPA ou aux refuges avoisinants de l’accueillir. Mais face à la surcharge de ces derniers, la fourrière est « malheureusement souvent contrainte d’euthanasier l’animal », conclut Jacques-Charles Fombonne. 

 

Victor Delair