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Август
2024

La priorité d’un gouvernement rationnel ? Désintoxiquer la France de la dépense publique

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L’été est agréable, la cérémonie d’ouverture des JO, n’en déplaise aux grincheux, a été plébiscitée par les Français (86 % d’entre eux l’ont trouvée réussie, d’après Harris Interactive) et a impressionné le monde, les titres de presse en témoignent. Mais, sans que les Français n’en aient conscience, notre pays glisse vers une crise financière magnifiée par la crise politique : le spectre de l’insoutenabilité des finances publiques grandit. Sur les cinq premiers mois de l’année, le déficit de l’Etat a atteint 180 milliards d’euros. C’est un niveau inédit pour une période comparable, un niveau qui devrait justifier une action rigoureuse de la part d’un gouvernement déterminé et qui aurait les idées claires.

Au mois de juillet, le très sérieux Conseil d’analyse économique a publié une note sur les finances publiques, signée par Thomas Philippon, Adrien Auclerc et Xavier Ragot. J’en résume l’argument principal qui cadre bien le problème auquel nous faisons face. Notre dette publique augmente structurellement en raison de l’accumulation de "déficits primaires", c’est-à-dire sans même tenir compte de la charge de la dette. Notre pays doit réduire son déficit public pour trois raisons : garantir la solvabilité de nos finances, rassurer nos créanciers et faire en sorte que les taux d’intérêt restent bas, respecter nos engagements européens. Or cette réduction ne peut venir que du passage d’une situation de déficit primaire à un excédent primaire, qui doit s’établir, selon les auteurs, à 1 % du PIB. Concrètement, il s’agit de dégager d’ici sept à douze ans une économie permanente de l’ordre de 110 milliards d’euros. Ce chiffre remettrait nos finances sur le chemin de la soutenabilité sans affecter notre économie. C’est à la fois difficile et à portée de main.

Voilà pour le cadrage financier. Comment traiter le sujet politiquement ? Déjà, il faut expliquer à nos concitoyens que la réduction de la dette ne se résume pas à une question économique mais que la souveraineté de notre pays est en jeu. Près de la moitié de la valeur de notre dette publique est financée par l’étranger. Notre politique dispendieuse fragilise notre indépendance, raison pour laquelle de Gaulle ou Pompidou plaçaient ces sujets financiers parmi leurs priorités. Ensuite, dans le pays où les prélèvements obligatoires sont déjà les plus élevés au monde, il devrait être facile de comprendre que cet effort doit reposer pour l’essentiel sur la réduction de la dépense. Augmenter les impôts, en France, aboutirait à réduire l’activité et donc les recettes fiscales. C’est pourtant la géniale proposition du Nouveau Front populaire (NFP).

Enfin, il faut avoir le courage d’expliquer que la dépense publique ne peut pas être une solution à tous nos problèmes. En observant jour après jour et concrètement le fonctionnement de l’économie française, on ne peut qu’être frappé par la fréquence des appels à l’Etat sous forme monétaire. Qu’il s’agisse d’isoler les maisons, d’ouvrir un musée ou une maison de santé, de monter un spectacle, d’acheter une voiture électrique, de créer une association… l’Etat et/ou les collectivités locales doivent mettre un billet au pot. Tout est prétexte à subvention. Tout se passe comme si l’Etat était une entité abstraite détentrice d’un trésor caché et illimité dont il convient de s’attribuer une part. Il existe dans notre pays un mythe de l’Etat, sorte de Dieu qu’il conviendrait d’invoquer pour obtenir ses faveurs financières. C’est là le cœur de notre problème collectif. Le principal sujet d’un gouvernement rationnel et qui place en priorité l’intérêt de l’avenir de la France devrait être celui de la désintoxication de la France à la dépense publique. L’Etat devrait avoir le courage de dire non car l’Etat, ce n’est pas une abstraction, c’est nous et nos enfants.

Autant dire que nous en sommes loin puisque, dans la campagne des dernières législatives, tant le RN que le délirant NFP ont au contraire multiplié les promesses de dépenses publiques nouvelles. Quant à la droite, elle aurait devant elle un boulevard politique en faisant de la réduction de la dette un objectif majeur d’un gouvernement mais les ego des uns et des autres et la focalisation exclusive sur l’élection présidentielle de 2027 l’empêchent visiblement d’agir pour le bien de la France.