«Génocide congolais» : la RDC commémore les millions de morts des conflits qui déchirent le pays
Pour la deuxième année consécutive, la République démocratique du Congo organise une journée commémorative pour rendre hommage aux millions de victimes des conflits qui ravagent le pays depuis près de 30 ans.
Cette journée de deuil a lieu à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, une ville de 1,5 million d'habitants où un millier de personnes avaient été tuées en juin 2000 lors de six jours de violents combats entre les armées rwandaise et ougandaise. Cette journée commémorative s'intitule le Geno-Cost.
La Première ministre Judith Suminwa Tuluka, représentante personnelle du chef de l'État, a présidé l'évènement. Plusieurs ministres et représentants des autorités locales étaient également présents pour l'occasion. Le Fonds national de réparation des victimes des guerres et des conflits (FONAREV) prend en charge l’organisation de cet évènement, a rapporté le site de la Radio Okapi.
Le gouvernement de Félix-Antoine Tshisekedi a lancé cette journée en 2023 afin de rendre hommage aux millions de Congolais tués dans les conflits depuis le milieu des années 90.
Le Nord-Kivu, une région toujours en proie aux conflits
Cité par Radio Okapi, le professeur Job Alisa, secrétaire général à la recherche de l'Université des Martyrs du Congo, a expliqué que le Geno-Cost visait à «honorer les mémoires de tous ces compatriotes tués» et à faire «passer le message aux autres États du monde que la RDC mérite mieux». «Pendant 30 ans, nous avons perdu des millions de gens. Que d'autres pays du monde comprennent que le Congo mérite mieux étant donné qu'innocemment il a été attaqué et agressé», a-t-il déclaré.
Cette journée du 2 août vise à sensibiliser l'opinion nationale et internationale et à plaider «pour la reconnaissance du Génocide contre la population de la République Démocratique du Congo», stipule le site du Geno-Cost, chiffrant le nombre de morts à 6 millions.
Ces conflits au Congo sont en partie une conséquence du génocide rwandais de 1994 et de la guerre civile burundaise qui a éclaté en 1993. De ces deux pays limitrophes, près d'un million de Hutus sont venus trouver refuge en RDC (alors connue sous le nom de Zaïre).
En 1998 éclate un conflit dans lequel 9 pays africains sont impliqués : l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie au sud, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi, le Congo, le Tchad, le Soudan au nord. Des États auxquels s'ajoutent une trentaine de milices. Un conflit, d’une ampleur inédite en Afrique, dont le nombre de victimes est estimé entre 200 000 et 5,4 millions de morts.
Le Nord-Kivu demeure particulièrement été touché et a enregistré des milliers des morts et de déplacés dus aux affrontements opposant l'armée congolaise et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.
Le 30 juillet, la présidence angolaise a annoncé qu’un accord de cessez-le-feu avait été conclu entre Kinshasa et Kigali, dans le conflit qui oppose l’armée congolaise et la rébellion du M23, au Nord-Kivu, laissant entrevoir un espoir d'atténuation des violences contre les civils. L'accord doit prendre effet le 4 août.