Disparition de Lina : le suspect disait avoir "disjoncté" en 2023
Cet homme de 43 ans, qui s'est pendu le 10 juillet, a été poursuivi pour deux vols avec violence à Besançon commis le 25 août 2023, et n'avait aucun antécédent judiciaire au moment de ces faits, a précisé mercredi le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, qui a tenu à apporter des précisions à l'AFP pour "éviter la diffusion d'informations erronées concernant des procédures que le parquet de Besançon a eu à connaître".
A Besançon, cet homme, Samuel G. a été poursuivi pour deux vols commis le même jour d'août 2023. Il lui était reproché d'avoir dérobé le sac d'une femme âgée de 90 ans, la faisant chuter au sol et la blessant sérieusement puisqu'elle avait eu 42 jours d'incapacité temporaire totale de travail (ITT), puis d'avoir soutiré 400 euros d'un tiroir-caisse sous la menace d'un couteau.
Les images de vidéosurveillance ont permis d'effectuer rapidement un rapprochement entre les deux larcins mais le suspect n'a été interpellé que le mois dernier.
"L'enquête ne va pas progresser dans un premier temps puisque son visage est totalement inconnu des enquêteurs", explique le procureur de Besançon.
"Extrêmement dépressif"Le 12 juin, le dossier connaît cependant une "avancée inattendue" quand le quadragénaire est placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour séquestration. "Une femme toxicomane dépose plainte contre lui pour séquestration mais les investigations démontrent rapidement que les affirmations de la plaignante -au travers des analyses de sa téléphonie notamment- sont erronées, et la garde à vue de cet individu va être levée", poursuit M. Manteaux.
Cependant, un enquêteur le voit dans les locaux du commissariat, et reconnaît en lui le voleur filmé le 25 août 2023.
Samuel G. est donc de nouveau interpellé le 17 juin et reconnaît les vols qui lui sont reprochés. Il est déféré le lendemain au parquet de Besançon qui opte, compte tenu du fait qu'il apparaît "extrêmement dépressif", pour une comparution différée, le temps d'effectuer une analyse psychiatrique.
Le quadragénaire est placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de sa comparution prévue le 22 juillet.
Le 25 juin, il s'entretient avec un expert psychiatre qui diagnostique un trouble de personnalité de type "état limite", c'est-à-dire à la limite d'une maladie psychiatrique vraiment installée, avec des symptômes dépressifs importants.
"Je dégringole"Le suspect lui déclare avoir été hospitalisé au moins trois fois en milieu psychiatrique ces dernières années et avoir commis des tentatives de suicide.
Il lui dit avoir "disjoncté" à partir de 2023, date à laquelle il cesse de travailler alors qu'il avait auparavant exercé les métiers de menuisier, enseignant en menuiserie dans un lycée professionnel, et commercial.
"Je dégringole de plus en plus bas chaque fois", lui déclare-t-il aussi.
L'expert relève qu'il consomme beaucoup de produits toxiques : alcool, cannabis et cocaïne. Dans son rapport, il fait état de sa "dangerosité".
Peu de temps après, Samuel G. se suicide, le 10 juillet, laissant à ses deux fils -il est séparé de leur mère- une lettre d'excuse et des courriers.
"J'ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir. Je ne sais pas me contrôler, ça va trop vite. Je souffre trop, c'est mieux ainsi",
Suite à son décès, le tribunal correctionnel de Besançon a constaté le 22 juillet 2024 l'extinction de l'action publique.
Figurait par ailleurs à son casier judiciaire une condamnation par le tribunal correctionnel de Narbonne, le 22 janvier 2024, pour une infraction routière.
Selon une source proche du dossier, c'est dans le sud qu'a été retrouvé un véhicule volé dans lequel a ensuite été détecté l'ADN de Lina, 15 ans, disparue en septembre dernier dans le Bas-Rhin. L'enquête sur cette disparition est menée par le parquet de Strasbourg, lequel n'a pas souhaité communiquer mercredi.
Avec AFP