Athlétisme: Marcell Jacobs "prêt à recommencer", après les doutes
En août 2021, dans le stade vide de Tokyo, Jacobs, à peine connu des spécialistes, avait surgi des starting-blocks pour remporter le premier 100 m olympique post-Usain Bolt, un coup de tonnerre confirmé en braquant l'or du relais 4x100 m avec ses coéquipiers italiens.
Jacobs s'est ensuite montré irrégulier: il a conquis un titre de champion du monde du 60 m en salle en 2022 et deux ors européens sur 100 m (2022 et 2024) mais a surtout multiplié les blessures, et ne s'est plus approché de son record d'Europe de Tokyo (9.80).
Depuis le Japon? "Bien sûr que j'ai changé en trois ans. J'ai gagné, j'ai perdu, j'ai connu de nombreuses blessures. Et j'ai tout changé, d'entraîneur, de pays. Je suis différent, et je suis surtout meilleur", a-t-il expliqué mercredi à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) lors d'une conférence de presse tenue par son équipementier Puma.
"Gagner de nouveau"
En plein doute, Jacobs avait en effet décidé en fin d'année dernière de quitter son coach Paolo Camossi et l'Italie pour rejoindre l'Américain Rana Reider en Floride.
Devenu plus à l'aise en anglais, Jacobs a surtout connu une année 2024 sans blessure et retrouvé des couleurs avec un titre de champion d'Europe du 100 m à Rome en juin et un chrono qui est enfin descendu (9.92 à Turku en juin).
"Jacobs a un style moins relâché qu'en 2021, mais ça va se débrider aux Jeux, juge pour l'AFP l'entraîneur Pierre-Jean Vazel. Il a connu une charge plus lourde d'entrainement cette année, même pas allégée après l'Euro. On va voir Jacobs à son top. Il a traversé l'année sans blessure, il s'est entraîné dur, je le vois bien passer un cap au moment des Jeux. Je l'attends au même niveau que Tokyo."
"Je veux gagner de nouveau", assure l'Italien aux larges épaules, souriant et sûr de lui dans la chaleur francilienne. Il pourrait ainsi devenir le troisième athlète masculin de l'histoire à conserver son titre sur 100 m après l'Américain Carl Lewis (1984 et 1988) et le Jamaïcain Usain Bolt (2008, 2012 et 2016).
"Les Américains veulent gagner pour la première fois, pour moi c'est différent je suis le champion en titre", répond-il, interrogé sur ses rivaux Noah Lyles, champion du monde 2023, ou encore Fred Kerley, champion en 2022, mais jamais titrés aux Jeux.
"Pas des robots"
"Chaque année est différente, les gens changent et des surprises arrivent. A Tokyo les gens se demandaient qui gagnerait la médaille d'argent derrière Trayvon Bromell qui était le plus rapide de l'année, mais il n'avait même pas atteint la finale. Les Jeux ça change tout. Je vois 15, 16 sprinters capables d'atteindre la finale, ce qui est finalement le plus difficile à faire."
Après Tokyo, Jacobs a été parfois moqué par ses adversaires ou sur les réseaux sociaux, accusé de se défiler lorsqu'il déclarait forfait.
"Ce qui m'a fait mal c'est lorsque les gens ne comprennent pas que nous ne sommes pas des robots. Nous sommes humains. On travaille tous les jours à pousser notre corps à 100%. Il est normal de connaître des blessures ou d'autres soucis", estime-t-il.
Les accusations de dopage qu'il a pu lire sur les réseaux? "Ca ne m'a pas affecté, je sais que c'est faux."
"Je sais qui je suis et ce dont je suis capable, prévient-il. Je veux transformer la pression extérieure en énergie intérieure, j'ai travaillé dur pour revenir ici."
L'Italien est attendu lors des séries du 100 m samedi, avant les demies et une éventuelle finale dimanche.