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Июль
2024

Un barrage ancestral sur la Durolle, obstacle à la biodiversité, en cours de destruction à Thiers

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Un autre chantier d’ampleur a commencé en ce mois de juillet, à Thiers. Avec le même objectif que celui de Pont-de-Dore : restaurer la continuité écologique de la rivière.

Comme dit Sylvain Saxer, chargé de mission au parc naturel régional Livradois-Forez, en matière de cours d’eau, l’adage "C’était mieux avant" ne se vérifie pas. Ici aussi, le Parc tente de supprimer les ouvrages que l’Homme a construits sur la rivière, au détriment de la biodiversité.

À travers le "Grand cycle de l’eau", le parc naturel régional Livradois-Forez travaille à améliorer la qualité des cours d’eau du bassin-versant de la Dore. Ce, en réponse à une directive européenne qui demande à atteindre au moins un "bon état écologique" des cours d’eau. Entre 2020 et 2025, plus de 650 actions ont été ou seront menées.

Un barrage de 75 mètres

Le chantier se déroule à l’arrière des services techniques, avenue de la Première Armée. Peu après le pont de Bridgnorth, un barrage de 75 mètres de large avait été construit il y a fort longtemps. Il permettait d’envoyer l’eau de la Durolle dans un bief, qui faisait tourner autrefois des roues, comme celles du moulin des Molles. La dernière activité industrielle à avoir utilisé ce bras artificiel de la Durolle était l’usine Préciforge, pour refroidir ses installations.

Aujourd’hui, cette entreprise n’a plus besoin de ce canal. "Sur les vingt dernières années, nous avons réduit de 95 % notre consommation d’eau. Car nous avons pris conscience que la ressource en eau serait de plus en plus compliquée. Dans notre secteur, nous sommes aujourd’hui très peu consommateurs", expose Éric Delaire, directeur de l’usine.

Pour ce qu’il subsiste de sa consommation, l’entreprise s’est dotée depuis une dizaine d’années d’un forage : elle va chercher l’eau en souterrain.

Une double problématique environnementale

Le Parc pouvait donc mettre en œuvre son projet de suppression de ce seuil, qui cause une double problématique. D’une part, comme à Pont-de-Dore, les poissons qui remontent les rivières peuvent avoir du mal à le franchir.

D’autre part, "et c’est déjà arrivé, si le bief est ouvert alors que le débit de la Durolle est faible, toute la rivière peut partir dans le bief et son lit se retrouve complètement à sec. Dans ce cas-là, c’est toute la vie du cours d’eau, et tous les poissons, qui meurent. Cela fait des années que nous cherchons une solution pour régler ce problème."

Cette responsabilité était aussi devenue une charge pour l’entreprise. C’est aussi pour cela qu’elle était favorable à la suppression du bief.

Trouver une solution pour les agriculteurs

Mais il a fallu prendre en compte d’autres usagers de ce canal : des agriculteurs, qui utilisaient l’eau pour abreuver leurs bêtes. Une convention a donc été mise en place, afin que les éleveurs puissent bénéficier du forage de l’industriel. Le résultat d’une "bonne entente" entre les trois parties. 

Tous les feux étaient donc au vert pour démarrer cette opération atypique. L’entreprise Chambon paysage TP est à l’œuvre.

Les travaux doivent durer jusqu’en septembre. Ils vont s’attacher d’abord à condamner le bief pour l’assécher définitivement. Ensuite, une partie du barrage va être détruite. À cause de lui, la Durolle se séparait en deux bras (en plus du canal). Les techniciens vont combler l’un des deux et n’en garder qu’un seul, de 9 mètres. "Nous voulons rendre des capacités naturelles à la rivière", souligne Sylvain Saxer, tout en s’assurant qu’aucun impact négatif n’en découle.

Il faudra ensuite attendre le retour du froid pour la végétalisation des berges. En parallèle, tout un réseau de tuyaux et de bacs permettra d’abreuver les animaux de trois parcelles, à partir du forage.

Coût

L’opération s’élève à 118.000 €, financée par l’Agence de l’eau, la Région et la taxe Gemapi via Thiers Dore et Montagne.

Alice Chevrier