Comment le piétinement bovin dans les ruisseaux nuit-il à la biodiversité ? Explication à Saint-Rémy-sur-Durolle
Il faut s’imaginer des terrains en pente, traversés par des petits ruisseaux et occupés par des vaches. Et plus loin, en contrebas, le plan d’eau des Prades.
Sur les hauteurs, au lieu-dit Chabetout, près d’un petit cours d’eau, Sylvain Saxer, chargé de mission au parc naturel régional Livradois-Forez, illustre un type d’actions qui a été mené sur quatre autres ruisseaux autour du plan d’eau. "Les vaches traversaient le cours d’eau pour aller boire, de façon non organisée. Le piétinement créait des dysfonctionnements", retrace-t-il.
Le problème de l'ensablementCe piétinement bovin favorise l’ensablement des cours d’eau, ce qui n’est pas favorable à la biodiversité. Car dans les interstices des pierres plus grosses qui forment le lit naturel des ruisseaux, se cachent toutes sortes d’espèces. "Des larves de libellules, d’éphémères, des petits poissons, etc.", cite Sylvain Saxer.
Les agents du Parc ont même repéré des écrevisses à pieds blancs, "une espèce menacée, en très forte régression. Il reste de tout petits cours d’eau où elle subsiste encore", poursuit le chargé de mission. Comme sur ces filets d’eau qui surplombent le lac. "Nos interventions ont permis de conserver cette population encore un peu plus sur le secteur", note Marc Cladière, technicien de rivière au Parc.
Eviter les déjections dans le cours d'eauD’autre part, laisser les vaches traverser les ruisseaux, c’est prendre le risque que leurs excréments se mélangent à l’eau. Ce qui peut poser des problèmes sanitaires pour d’éventuelles autres bêtes en aval, mais aussi pour la qualité de l’eau de la Durolle et en amont, du lac de Saint-Rémy. Un plan d’eau par ailleurs régulièrement contaminé par les cyanobactéries, qui se développent avec la chaleur, mais aussi à cause de l’azote, élément contenu dans les déjections. "On ne peut pas agir sur la température de l’eau bien sûr, mais on peut agir sur les apports en azote", souligne Sylvain Saxer.
Pour empêcher au maximum les bovins d’avoir accès aux cours d’eau, le Parc a d’abord travaillé en concertation avec les propriétaires et les éleveurs qui utilisent les parcelles, dans une logique de conciliation des usages. "Nous nous sommes adaptés aux agriculteurs", relève Marc Cladière.
Clôtures, bacs, etc.Les agents du Parc ont créé des clôtures le long des berges. 1.400 mètres en tout, sur les cinq sites.
Mais il a aussi fallu prévoir des passages, grâce à des buses, pour permettre aux bêtes d’accéder de l’autre côté des ruisseaux. Enfin, six points d’abreuvement, décalés des cours d’eau mais alimentés par eux, ont été installés.
Si ces aménagements ont donc été réalisés en régie, tout le matériel a été acheté auprès d’entreprises locales. Le montant global de l’opération, environ 40.000 €, a été subventionné à 80 % par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et le Conseil départemental. Le reste à charge relève de la contribution de Thiers Dore et Montagne au Parc, avec la taxe Gemapi.
Dans le même temps et le même secteur, la communauté de communes s’est penchée sur l’assainissement non collectif. "Car c’est dommage de mener cette action pour les bêtes et de ne pas agir sur les habitations", estime Thomas Barnérias, vice-président en charge de cette question. "Les habitants doivent commencer à prévoir des travaux."
À travers le "Grand cycle de l’eau", le parc naturel régional Livradois-Forez travaille à améliorer la qualité des cours d’eau du bassin-versant de la Dore. Ce, en réponse à une directive européenne qui demande à atteindre au moins un "bon état écologique" des cours d’eau. Entre 2020 et 2025, plus de 650 actions ont été ou seront menées.
Alice Chevrier