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Июль
2024

Un an presque comme sur Mars: la commandante d'une mission de la Nasa raconte

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Le but de l'expérience, qui s'est achevée début juillet, était de mieux comprendre comment un tel isolement affecte les performances et la santé d'un équipage. Un voyage aller-retour vers Mars prendrait en effet plus de deux ans, au minimum.

Les données de la mission sont encore en cours d'évaluation, mais après son séjour en compagnie de trois autres participants, Kelly Haston confie qu'envisager d'aller sur Mars -- cette fois pour de vrai -- serait "plus difficile après avoir vécu cette expérience".

Ce qui lui a le plus manqué? "Les gens. Sans aucun doute", répond la quinquagénaire à l'AFP. "J'aurais pu rester dans cet habitat une année de plus et survivre avec toutes les autres restrictions, mais mes proches... Vos proches vous manquent tellement."

Toutes les communications avec l'extérieur étaient différées du même délai qu'entre la Terre et Mars, soit jusqu'à une vingtaine de minutes (une quarantaine aller-retour). Peu de vidéos, très lourdes, pouvaient être reçues ou envoyées.

Un éloignement difficile à gérer "lorsque vos amis ou votre famille étaient confrontés à d'énormes défis", raconte la biologiste. "Vous ne pouviez pas être là pour eux en temps réel."
Bac à sable
Les seuls contacts humains directs: ses trois co-équipiers, à la fois collègues et colocataires.

"Jusqu'à la fin, nous avons pris nos repas ensemble", raconte-t-elle. "Nous avons passé beaucoup de temps ensemble presque tous les jours, et pas seulement au travail."

La clé selon elle: que chacun ait fait attention à ne pas trop affecter les autres en cas de moral bas.

Leur maison de 160 mètres carrés comportait des espaces communs, des chambres et même un petit potager. Baptisé Mars Dune Alpha et installé à Houston, l'habitat a été imprimé en 3D.

Un faux espace extérieur, pas à l'air libre mais reconstituant l'environnement martien avec du sable rouge, a servi à simuler les sorties spatiales.

Ce "bac à sable", comme il a été surnommé, se trouvait derrière un sas. Des participants y réalisaient des tâches en équipe et en combinaison, guidés par un autre à l'intérieur.
"Assez réaliste"
"Il y avait des jours où on avait vraiment envie d'être dehors, je ne vais pas vous mentir", reconnait la Canadienne aujourd'hui installée en Californie. Mais "je me suis surprise moi-même à ne pas ressentir un vrai manque d'activités extérieures jusqu'à très tard dans la mission."

"On s'est aussi ennuyé", concède Kelly Haston, qui a fait beaucoup de broderie. Mais "c'est probablement assez réaliste pour un voyage spatial long comme vers Mars."

La longue durée de l'expérience était clé pour récréer des conditions les plus réalistes possibles. D'autres missions longues ont eu lieu par le passé, par exemple à Hawaï (Hi-SEAS), mais la Nasa n'était alors pas directement aux manettes.

Bien sûr, ces simulations ne peuvent pas répondre à "toutes les questions", dit Kelly Haston. "Mais je pense qu'il y a certaines choses sur lesquelles nous pouvons aider".

Chaque aliment consommé a été répertorié, des échantillons de salive, de sang, d'urine, ainsi que les habitudes de sommeil, les performances physiques et cognitives des apprentis astronautes ont été collectés.

"La nourriture est connectée à tous les aspects de la santé et des performances humaines", a souligné Grace Douglas, responsable de la mission à la Nasa. Pour aller sur Mars, chaque gramme de cargaison sera compté, c'est pourquoi différencier ce qui est nécessaire du superflu est fondamental, a-t-elle expliqué dans un podcast de l'agence.

Cette question -- quelle quantité de nourriture emporter? -- est selon elle l'une des principales à laquelle doit répondre le programme CHAPEA, dont la mission de Kelly Haston était la première sur trois.

Peu de détails ont filtré sur les tâches précises accomplies, ou les obstacles imaginés par la Nasa pour tester l'équipage, car la plupart devront être répétés afin de récolter les données les plus solides possibles. La deuxième mission est prévue en 2025.