Paris, le grand huit de l'escrime française
A l'aube de son rendez-vous séculaire, le premier sport pourvoyeur de médailles olympiques en France --123 amassées-- a éprouvé des montagnes russes: quatre changements d'entraîneur national dans ses diverses armes depuis 2023, le feuilleton Ysaora Thibus et la saga des épéistes frondeurs.
Jamais ce petit monde divisé n'avait autant brétaillé, même après l'humiliant zéro de Londres en 2012, et pourtant les ambitions restent sauves et les rêves de sacre intacts dans la nef du Grand Palais à Paris.
Comme le répète jusqu'à l'usure le directeur technique national Jean-Yves Robin, les Bleus accompliraient une grande partie du chemin en glanant une médaille dans chaque épreuve par équipes (6).
La mission n'a rien d'impossible: il leur suffit de remporter deux matches puisque les tableaux commencent par des quarts de finale.
Facile ? Encore fallait-il se qualifier: en l'absence des Russes, seules la France et l'Italie ferrailleront dans toutes les épreuves par équipes.
En sabre, les Bleues, vice-championnes olympiques en titre, portent le statut d'immense favorites, portées par Sara Balzer et Manon Apithy-Brunet.
La première est N.1 mondiale et n'est jamais descendue du podium cette saison en six étapes de Coupe du monde disputées --pour quatre remportées. L'autre est médaillée de bronze olympique au Japon et N.5 mondiale.
Chacune peut donc nourrir d'abord de grandes ambitions de médaille individuelle dès lundi. Jour au potentiel faste pour l'escrime française puisque Enzo Lefort tirera en parallèle.
Le champion olympique par équipes de Tokyo a affermi encore son statut à part durant l'olympiade en conquérant un deuxième titre mondial en 2022 puis une médaille de bronze l'année suivante.
Cannone peut faire du Lamour
Quant à Romain Cannone, le champion olympique inattendu n'en finit plus de répondre aux attentes. Le bretteur bondissant, à l'escrime gourmande, s'est taillé à l'épée une carrure d'homme de grand championnat en étant sacré champion du monde en 2022 puis en remportant le bronze l'été dernier.
S'il récidivait avec un titre olympique à Paris, malgré des mois de fronde et de dissension avec l'encadrement, il deviendrait le premier escrimeur français à signer un doublé en individuel depuis Jean-François Lamour (1984 et 1988).
Les noms des épéistes françaises et des sabreurs entrant en piste samedi parlent moins. Pourtant ils se rédigent depuis des mois, à la pointe de leur arme, un CV de médaillable.
Championne du monde en Lombardie l'été dernier, Marie-Florence Candassamy a retrouvé des couleurs en mars à Budapest (2e) après avoir souffert d'un Covid long à la rentrée.
Sa coéquipière Auriane Mallo-Breton a fini la saison en boulet de canon, en remportant la première étape de Coupe du monde de sa vie en mai à Cali (Colombie) avant d'enrichir son palmarès d'une médaille européenne le mois dernier à Bâle.
Parmi les cosaques du sabre, le bouillonnant Sébastien Patrice a aussi inauguré son armoire en s'adjugeant l'ultime étape de Coupe du monde de l'exercice à Madrid, confirmant à 25 ans son potentiel. Les tireurs tricolores sont sur leur garde.