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Июль
2024

Quelles surprises réserve la nouvelle campagne de fouilles qui a débuté sur le site de Bridiers ?

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Entre des vestiges de murs, des étudiants raclent le sol à l’aide d’une truelle. Un peu plus loin, d’autres tamisent la terre en quête de quelque indice pendant que des camarades procèdent à des relevés. Sur le site archéologique de Bridiers, à La Souterraine, le travail de fourmi a repris avec le lancement, lundi 15 juillet, de la nouvelle campagne de fouilles. Travail de Romain faudrait-il plutôt dire, le site en question - à ne pas confondre avec celui de la tour médiévale de Bridiers - datant des IIe-IIIe siècles de notre ère, lorsque la Gaule était sous domination romaine. 

Un travail d’enquête où rien ne doit être négligé

Ici s’élevait l’ancêtre de La Souterraine, à l’est de la ville actuelle, « une agglomération secondaire des Lémovices, un peuple gaulois dont le territoire correspondait plus ou moins au Limousin actuel, explique Florian Baret, maître de conférences en archéologie de la Gaule romaine à l’université de Tours. On peut estimer la surface de l’agglomération autour de 35 hectares. En revanche, on ne sait pas comment l’espace était organisé et s’il était densément occupé. Nous n’avons quasiment aucun plan de ces agglomérations secondaires. » L’enjeu des fouilles, débutées sur le terrain en 2020 après une prospection par géoradar en 2019, est justement de comprendre la manière dont étaient structurés l’habitat, les rues, les quartiers, de dater les phases d’occupation et essayer de comprendre comment et de quoi vivaient les habitants... « Nous savons qu’ici, nous sommes en périphérie de l’agglomération parce que nous avons des zones funéraires un peu plus au nord qui étaient souvent situées en limite des emprises urbaines. Mais nous n’avons aucune structure de production artisanale ni de mobilier caractéristique qui nous indique la fonction de ces bâtiments », commente Florian Baret. 

Dans ce travail d’enquête, rien ne doit être négligé. Le site a livré de belles pièces - notamment une épée aujourd’hui exposée dans la crypte de l’église Notre-Dame de La Souterraine – mais des débris ou simplement un changement de couleur de la terre peuvent eux aussi se révéler très instructifs.

Un ancien temple romain exhumé au Bois de Brède

« À chaque fois que l’on met un coup de truelle, il y a des chances de sortir des objets, des tessons de céramique et surtout, on va enregistrer toute la stratigraphie. On fouille à plat, dans un espace limité, et dès qu’apparaît un changement de couleur, de texture, cela signifie qu’on change d’unité stratigraphique. » Toutes les phases d’occupation peuvent ainsi être restituées, avec les activités propres à chacune d’elles en fonction des indices trouvés dans la strate correspondante. C’est la dernière année que ce périmètre de 800 m2 est fouillé. L’an prochain, une nouvelle fenêtre de 1.000 m2  sera ouverte dans le prolongement, vers l’Est. 

Des étudiants venus  de toute la France

Parallèlement, un second chantier, dit du Bois de Brède, a été ouvert l’année dernière, à une centaine de mètres du premier. Les premières fouilles ont exhumé les restes d’une construction de 5 mètres sur 5. « On pense qu’il pourrait s’agir d’un temple, l’orientation du bâtiment est typique des temples romains, indique Mylène Ferré, doctorante en archéologie à l’université de Tours, qui dirige le chantier. Nous serions donc ici plutôt sur un quartier public, en comparaison de celui de l’autre chantier qui est plus résidentiel. » Des pièces de monnaie datant du IIIe  siècle semblent en outre indiquer que les deux quartiers étaient contemporains. La campagne 2024 devra confirmer qu’il s’agit bien d’un temple, même s’il sera vraisemblablement compliqué d’identifier la divinité à laquelle il était dédié. Pour cela, les fouilles seront menées non pas à l’intérieur du bâtiment, mais à sa périphérie. 

Les Romains n’entraient pas dans les temples. Seuls les prêtres y avaient accès. La statue de la divinité se trouvait à l’intérieur, on la voyait de l’extérieur mais on n’entrait pas. L’activité cultuelle se faisait à l’extérieur, et c’est donc là qu’on peut espérer trouver des éléments tels que des monnaies, des clous, des tessons de céramique...

 

Des enduits peints tombés au sol ont également été mis au jour et vont faire l’objet de l’intervention d’une spécialiste. 

Depuis l'an dernier, un deuxième chantier a été ouvert dans le bois voisin.Au total, 24 personnes, encadrement compris, vont travailler sur les deux chantiers durant cinq semaines. Essentiellement des étudiants en archéologie - le site étant chantier-école - venus de Tours, Lille, Toulouse, Clermont... marcher dans les traces des Lémovices qui ont foulé cette terre 2.000 ans avant nous. 

Portes ouvertes

Vendredi 26 juillet et lundi 5 août, le public pourra découvrir les deux chantiers à l’occasion de portes ouvertes. Les archéologues assureront des visites guidées. Pour chaque date, trois départs sont prévus à 14h15, 15h15 et 16h15.