7 octobre : ce que le rapport d'HRW révèle des crimes commis par le Hamas
"Je ne peux pas effacer tout le sang de mon esprit", l’attaque du 7 octobre commise par des groupes armés palestiniens contre Israël : voici le nom du rapport publié par l’ONG Human Rights Watch (HRW), ce mercredi. Long de 236 pages, le document s’attarde à recenser toutes les exactions perpétrées le 7 octobre 2023. L’organisation humanitaire dessine ainsi les contours de la responsabilité du Hamas, et des groupes paramilitaires qui l’accompagnaient, lors de cette opération terroriste. Le bilan humain de cette funeste journée s’élève à 1 195 personnes tuées, dont 815 civils, et 251 otages capturés, selon un chiffrage réalisé par l’AFP. Au dernier recensement, ils étaient encore 116 aux mains du Hamas, retenus prisonniers dans la bande de Gaza.
Le rapport d’HRW, s’il met en avant les brigades al-Qassam - la branche militaire du Hamas - mentionne également la participation de quatre autres milices, dont le Jihad islamique palestinien. Ces groupes paramilitaires seraient responsables de "centaines de crimes de guerre", selon Belkis Wille, directrice adjointe de la division Crises et conflits de l’ONG.
La responsabilité du Hamas
Pour engager la responsabilité du Hamas, HRW s’appuie sur l’article 3 commun aux quatre conventions de Genève : "La partie rebelle au gouvernement légitime possède une force militaire organisée, une autorité responsable de ses actes, agissant sur un territoire déterminé et ayant les moyens de respecter et de faire respecter la Convention".
Parmi les sévices violant le droit de la guerre, le rapport recense : "les attaques ciblant des civils et des biens de caractère civil ; des meurtres de personnes en détention ; des traitements cruels et autres traitements inhumains ; des crimes impliquant des violences sexuelles et sexistes ; la prise d’otages ; la mutilation et la spoliation des corps ; l’utilisation de boucliers humains ; ainsi que des actes de pillage et de saccage."
L’organisation humanitaire a questionné le Hamas en février dernier qui lui a répondu par un document de neuf pages. La formation gazaouie assurait que ses brigades al-Qassam avaient pour "doctrine militaire de ne pas prendre les civils pour cible". Pour expliquer les sévices sur le territoire israélien, le Hamas défend l’idée que des "gens [NDLR : des Gazaouis] qui ne participaient pas à l’opération militaire" s’y sont greffés, provoquant "le chaos sur le terrain et modifiant le plan visant les cibles militaires".
Une enquête au long cours
Le narratif du Hamas est battu en brèche par les conclusions de l’enquête qui en font un événement "coordonné et planifié". "L’attaque menée par le Hamas le 7 octobre avait pour but de tuer des civils et de prendre en otage autant de personnes que possible", souligne Ida Sawyer, directrice de la division Crises et conflits à Human Rights Watch.
A plusieurs endroits, "les combattants ont tiré directement sur les civils, souvent à bout portant, alors qu’ils tentaient de fuir", précise Belkis Wille. Rapidement après les attaques terroristes, l’organisation humanitaire enquêtait sur place. Elle y est restée deux mois, en octobre et novembre, puis a poursuivi à distance jusqu’en juin. Les chargés d’enquête ont passé au crible 280 photos et vidéos. Ils ont également pu interviewer 144 personnes, dont 94 survivants de l’attaque terroriste.
Tout ce travail de témoignage s’exprime dans l’introduction du rapport, où Sagi Shifroni, 41 ans, raconte le matin du massacre. Habitant dans la zone frontalière avec la bande de Gaza, il réussit à trouver refuge dans sa safe room, avec sa fille de 5 ans, alors que pénètre chez lui une escouade. Impuissants, les deux Israéliens attendent de l’autre côté de la porte que tentent de forcer les assaillants, sans succès.
Echouant à entrer, les terroristes se décident à mettre le feu à l’habitation et quittent les lieux. Contraints de sortir, Sagi enroule sa fille dans des draps, lui demande de plaquer un oreiller contre sa bouche pour se protéger des fumées. Gravement brûlé, il ne sera pris en charge à l'hôpital qu’à minuit, attendant toute la journée dans le chaos ambiant.
A la suite de la publication de cette enquête de HRW, le Hamas a démenti. "Nous rejetons les mensonges" du rapport, a déclaré le mouvement islamiste palestinien Hamas dans un communiqué publié mercredi dénonçant "un parti pris flagrant en faveur" d’Israël, dont l’armée mène toujours une offensive sur le territoire gazaoui.