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Июль
2024

La présidente du Haut Conseil à l'égalité (HCE) quitte son poste après une fronde interne

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"Ayant décidé de démissionner" du HCE afin d'en "préserver la sérénité, j’ai informé le gouvernement de ma décision à temps pour qu’il puisse nommer quelqu’un pour me remplacer, avant que ne s’ouvre la période de gestion des affaires courantes", indique Mme Pierre-Brosselette dans un communiqué à l'AFP mercredi au lendemain de la démission du gouvernement Attal.

"Il n’était pas possible pour moi de travailler dans une ambiance marquée par des calomnies. La situation politique a accéléré ma décision de quitter le HCE qui pourra ainsi reprendre ses travaux sans connaitre de période de flou juridique", ajoute-t-elle, précisant quitter ses fonctions "avec tristesse".

Selon un arrêté en date du 16 juillet et publié mercredi au Journal Officiel, "il est mis fin, dans l'intérêt du service, aux fonctions de Mme Sylvie Pierre-Brossolette".

Cette dernière, précise un autre arrêté, est remplacée par Bérangère Couillard, ex-ministre macroniste déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et ancienne députée de Gironde, battue lors des dernières élections législatives.

"Sylvie Pierre-Brossolette a souhaité d'elle-même mettre un terme à ses fonctions pour préserver le HCE et ses travaux", indique la ministre démissionnaire chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé dans un message transmis à l'AFP.

"Je la remercie pour les travaux essentiels du HCE et la visibilité nouvelle qui y a été donnée avec ses vice-présidents", ajoute-t-elle. Quant à Bérangère Couillard, elle a porté par le passé "des sujets essentiels notamment sur la lutte contre l'industrie pornographique".

La question du maintien de Sylvie Pierre-Brossolette à la tête du HCE avait été posée en mai, notamment par la CGT, après la révélation par Mediapart d'une lettre datée du 2 janvier 2024 dans laquelle les salariés du secrétariat général de l'instance disaient avoir été "témoins, de manière fréquente, de propos à la limite de la légalité tenus par la présidente et les coprésident.es".

L'équipe dirigeante était notamment accusée d'avoir tenu des "propos violents sur le ton de l’humour contribuant à banaliser et diffuser la culture du viol et à culpabiliser les victimes", des "propos stigmatisants pour les personnes LGBT+, réitérés en dépit de mises en garde sur le sujet", ou encore des "propos racistes et islamophobes".
"Dissonance cognitive"
Contactée par l'AFP à l'époque, Mme Pierre-Brossolette avait "contesté formellement" les accusations portées contre elle et avait dénoncé une "volonté de déstabiliser" le HCE et sa ligne "abolitionniste et universaliste".

Créé en 2013 sous le quinquennat de François Hollande, le HCE, rattaché à Matignon, est notamment chargé de rédiger chaque année un rapport sur l'état du sexisme en France et d'évaluer les politiques publiques en matière d'égalité entre les femmes et les hommes.

Selon des salariés et d'anciens salariés contactés en mai par l'AFP, la direction avait été alertée "à plusieurs reprises" des problèmes rencontrés avec Sylvie Pierre-Brossolette et d'autres co-présidents, mais "n'a pris aucune mesure" pour remédier au "mal-être" et mettre un terme au "management toxique".

Une chargée de mission avait confié être en pleine "dissonance cognitive" en écrivant "dans les rapports qu'il est plus que jamais urgent d'écouter la parole des victimes, de lutter contre les abus de pouvoir", tout en vivant "le contraire" au sein du HCE.

Membre du cabinet de Françoise Giroud, première secrétaire d’État à la Condition féminine, et journaliste pendant trente-cinq ans, Sylvie Pierre-Brossolette avait pris la tête du HCE en 2022.

"Pendant plus de deux ans, nous avons porté haut l’action de l’institution et pesé dans le débat public comme jamais", souligne-t-elle mercredi. "Aujourd’hui, au vu des attaques, nous ne pouvions continuer avec la même efficacité à remplir notre mission, alors qu’il est essentiel que les droits des femmes continuent d’être défendus avec vigueur."