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Июль
2024

Innovation et réindustrialisation : la Chine, partenaire des PME et ETI françaises dans le contexte actuel ?

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Quelles sont les perspectives d'affaires sur le marché chinois en 2025-2026 ? De nombreuses TPE/PME/ETI se demandent si la Chine est un marché d'avenir, et si elles doivent la considérer comme une opportunité ou comme une menace. La situation du marché justifie-t-elle une évolution, voire une remise en question de leur organisation dans l'empire du Milieu ? Doivent-elles avancer dans leur projet de partenariat capitalistique avec leur partenaire chinois (Joint-Venture, prise de participation...) ? 

Tant de questions abordées par Camille Verchery, fondateur de VVR International (cabinet de conseil spécialisé dans l'assistance au développement industriel et commercial en Chine d'entreprises européennes) et intervenant du webinaire export " La Chine, partenaire stratégique des PME et ETI pour l'innovation et l'industrialisation française dans le contexte actuel ? " organisé par les équipes de Bpifrance Université et la Team France Export. 

 

 

Chine : panorama économique et perspectives 

Vous connaissez sûrement le terme de " China Bashing ", qui consiste à systématiquement la dénigrer et la désigner comme responsable de tous les maux, entre autres en matière d'économie. Une opinion qui ne permet pas de comprendre l'économie chinoise, encore moins de découvrir les opportunités d'ouverture sur ce large marché. Pour l'éviter, et commencer à se faire une idée claire et précise de la Chine, en voici un panorama économique global présenté par Camille Verchery. 

Avec 5,2% de croissance sur 17 000 milliards de dollars de PIB, la Chine est de loin le plus gros contributeur de croissance du PIB mondial. En 2023, elle a généré " l'équivalent des Etats-Unis et de l'Inde en termes de valeur nouvellement créée, et bien plus que l'Inde, l'Union Européenne et l'Asie du Sud-Est réunis ", soit plus de 1 000 milliards de dollars. La Chine a la balance commerciale la plus excédentaire : plus de 840 milliards de dollars de solde positif. Par exemple, en 2019, la Chine était le pays qui importait le plus de voitures au monde, en 2023 c'est le pays qui en exporte le plus avec plus de 4 millions de voitures exportées. Cela s'accompagne d'une montée en gamme permanente des produits exportés. Les salaires chinois ont augmenté et " les pouvoirs d'achats sont très importants, 400 millions de chinois ont désormais un niveau de vie proche de la moyenne européenne et 90 millions vont atteindre ce niveau de vie d'ici 2030 ". En Chine, " l'environnement devient supérieur à l'Europe d'un point de vue technologique, propreté, organisation, efficacité ". La courbe des IDE (investissements directs étrangers) en Chine est exponentielle. L'effondrement constaté en 2023 (en 2023, les IDE réalisés se sont élevés à 163,3 milliards USD) est relatif, s'il est comparé à 2021, la " meilleure année " pour les IDE en Chine, et reste l'année qui comptabilise le plus d'acquisitions de sociétés chinoises par des sociétés étrangères. Si l'on regarde l'IDE par origine, les pays qui investissent le plus en Chine sont les Pays-Bas, l'Allemagne, les Etats-Unis (qui ont drastiquement baissé leurs investissements en Chine), le Royaume-Uni. La France arrive en 5ème position. Les principales politiques d'incitation et aides à l'investissement par les autorités chinoises concernent les secteurs du médical et pharmaceutique, automatisation et électronique, énergies vertes, automobile, chimique, alimentation. 

 

Ce panorama économique, sur fond de guerre commerciale sino-américaine, explique également l'ouverture de la Chine au monde, sa volonté de débloquer des domaines auparavant fermés, et de " développer des relations avec la France " selon le fondateur de VVR International. Dans ce contexte, les possibilités de relations commerciales entre la France et la Chine sont multiples. 

 

 

La Chine, centre d'innovation du monde et partenaire idéal sur lequel s'appuyer pour réindustrialiser la France 

Prospérité et souveraineté économique, cohésion sociale et territoriale, transition écologique... Les enjeux de la réindustrialisation de la France sont majeurs. Cette dynamique, portée par Bpifrance et le tissu entrepreneurial français, peut être favorisée par les opportunités d'affaires sino-françaises selon Camille Verchery. 

 

Pour comprendre comment elle se positionne en tant que centre d'innovation du monde, l'expert rappelle que la Chine : 

Est devenue le premier pays enregistreur de PCT (système international des brevets) depuis 2019, dépassant les Etats-Unis. Génère des licornes : elle en comptait 278 en 2023.  A su remplacer les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) par ses propres grandes entreprises technologiques, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), ce qui participe amplement à la souveraineté économique et numérique de l'empire du Milieu et décisives notamment pour le tournant de l'intelligence artificielle. Est leader mondial dans plusieurs secteurs : technologie 5G, intelligence artificielle, lignes à grande vitesse, technologies de navigation, paiement mobile, batteries au lithium. 

 

Dans le secteur de l'industrie, cela se traduit par une automatisation des lignes de production à marche forcée. La Chine est l'un des pays dont les lignes de production sont les plus automatisées, et où la croissance de l'automatisation dépasse largement tous les autres pays. 

Cette dynamique d'innovation pourrait permettre la réindustrialisation du territoire français. Selon Camille Verchery, il est possible, tout en s'implantant en Chine, de réindustrialiser la France en nouant des partenariats stratégiques. De quelle manière ?  La clé serait tout d'abord de trouver les bons partenaires ou distributeurs, ceux possédant les compétences que l'on recherche, plutôt que de miser sur " un petit distributeur motivé mais peu efficace, sur un gros distributeur qui parie sur plusieurs sociétés en même temps pour les tester, ou un partenaire industriel qui vous utilise pour ouvrir le marché ".  

Le chef d'entreprise conseille de ne pas monter immédiatement une société, mais de commencer par avoir une ou des équipes en France, qui peuvent être chinoises, et des équipes en Chine avant de réfléchir à réintégrer, une fois sa société montée, ses fonctions et sa production par étape. Puis de conclure un partenariat de production pour réindustrialiser la France avec des équipements et des personnes formées par entreprises chinoises, en relocalisant petit à petit et incitant les entreprises chinoises à venir s'implanter en France. Selon lui, les industriels chinois sont prêts à collaborer pour apporter les équipements, la formation et l'écosystème de composants nécessaires à la réindustrialisation de la France. 

Cet article a été publié initialement sur Big Média Innovation et réindustrialisation : la Chine, partenaire des PME et ETI françaises dans le contexte actuel ?