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Июль
2024

Pour Jean-Pierre Vigier, député LR de Haute-Loire, "il va falloir ferrailler sur chaque texte" à l'Assemblée nationale

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Nous l’avons rencontré lundi 8 juillet, au lendemain de sa réélection comme député de la deuxième circonscription de la Haute-Loire. Jean-Pierre Vigier était fier du soutien reçu de la part les électeurs. « C’est un signe de confiance par rapport au travail effectué sur le territoire depuis 12 ans. Je veux vivement remercier les électeurs qui sont bien au-delà des clivages partisans », a-t-il tenu à préciser.

Avez-vous eu peur lors de cette campagne particulière, marquée par la montée du Rassemblement national ?

On n’a pas le temps. Dans une campagne en quatre semaines, on est à fond. Mais j’étais prudent car une élection c’est particulier. Ce que je voulais, c’était avoir une mobilisation générale car rien n’est jamais acquis.

Cette montée du RN en Haute-Loire, comment l’expliquez-vous ?

Je suis sur le terrain tous les jours. Je comprends l’exaspération des gens, le cri d’alarme. Quand on travaille et qu’il n’y a plus rien sur les comptes le 15 ou le 20 du mois, ce n’est pas acceptable. Il faut que le travail paie. Ce vote, je ne pense pas que ce soit du racisme. Il y a de l’exaspération mais aussi un rejet et une opposition forte, à la fois de la politique d’Emmanuel Macron, mais aussi de sa personne. C’est impressionnant, il faut qu’il l’entende. Il y a plus un rejet qu’une adhésion à mon avis.

Votre parti, Les Républicains, a connu de nombreuses scissions ces dernières semaines, où vous situez-vous ?

Je suis de la droite républicaine indépendante. Je ne sais pas si cela s’appellera toujours LR à l’avenir mais il faut tout reconstruire. Je le précise, je suis de droite républicaine mais sans alliance, ni avec le RN, ni avec le parti présidentiel.

Personne n’a de majorité à l’Assemblée nationale, comment voyez-vous l’avenir et son fonctionnement ?

Il est un peu tôt pour se prononcer. Nous allons repartir de zéro dans les prochaines semaines. Après, ce que je pense, c’est qu’il puisse y avoir une majorité sur des textes. Il faudra ferrailler sur chaque texte mais, on a plus de 20 pays sur 27 de l’Union européenne qui fonctionnent comme ça.

Ce sera plus compliqué mais n’est-ce pas finalement le rôle de l’Assemblée nationale ?

Sûrement. Moi, je voterai toujours en mon âme et conscience pour des textes qui font avancer le pays et mon territoire. Pour moi, c’est le texte d’abord. Je ne regarde pas si le projet vient de droite ou de gauche. Il faut faire avancer le pays et servir les Français. Quand on fait de la politique, on a des convictions et on est droit dans ses bottes.

Pensez-vous vraiment que les différents partis arriveront à trouver des consensus ?

Je n’ai pas une boule de cristal. Est-ce que l’on sera capable de trouver une majorité sur des textes ? J’espère que l’on sera assez intelligent pour le faire. C’est l’intérêt supérieur de la nation qui compte. Mais ce n’est peut-être pas plus mal car le gouvernement précédent a voulu passer en force sur certains textes et c’est la raison pour laquelle le 49.3 a été utilisé de manière importante. Il faut prendre le temps de la discussion, de l’écoute, c’est ça la démocratie. Ce sera totalement différent car il y a des équilibres au niveau des groupes.

Le calendrier a été perturbé. Comment vont s’organiser les prochaines semaines ?

On va élire les présidents de groupes cette semaine. La semaine prochaine, ce sera au tour du président, des vice-présidents, des questeurs et de l’attribution des différentes commissions. Après il y aura les Jeux olympiques. Est-ce qu’on aura une suspension pendant l’été ? Je ne le sais pas. Mais les prochaines semaines vont permettre de remettre la machine en route. Et puis tous les collaborateurs ont été licenciés, cela représente 2.000 personnes en France. Il va falloir que l’on soit opérationnel.

Vous allez désormais côtoyer François Hollande, ancien président de la République, mais aussi d’anciens ministres comme Laurent Wauquiez ou Dominique Voynet. Comment l’envisagez-vous ?

François Hollande, je ne l’ai jamais côtoyé à l’Assemblée, c’est particulier. Il a ses réseaux, il connaît parfaitement tous les rouages de la politique française. C’est surprenant. Après, quand on a de l’expérience, que l’on a occupé des fonctions à hautes responsabilités comme président de la République, ministre ou président de Région, on connaît les sujets. On apaise les choses et on ne met pas de l’huile sur le feu. Connaître les institutions c’est important. Que l’on soit de droite ou de gauche, on peut ne pas être d’accord, mais on discute. C’est le but de l’Assemblée. Et puis on se respecte. On peut avoir des idées communes sur certains sujets, divergentes sur d’autres. Il peut y avoir un affrontement d’idées, mais pas un affrontement de personnes comme on a pu le connaître.

Propos recueillis par Nicolas Jacquet