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Июль
2024

En 1790, Guéret célébrait l'unité nationale avant Paris, dans le cadre de la fête de la Fédération

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Le 14 juillet 1790, au Champ-de-Mars à Paris, se déroula la première « fête de la Fédération » pour célébrer le premier anniversaire de la prise de la Bastille, un an plus tôt, le même jour.

En présence de la famille royale, de l’Assemblée, de 100.000 gardes nationaux venus des 83 nouveaux départements français et de 460.000 spectateurs, l’évêque d’Autun, Talleyrand, célébra la messe sur « l’autel de la Patrie » entouré par 300 prêtres ceints d’une écharpe tricolore. Après La Fayette et le roi Louis XVI, la foule répéta le serment fédératif :

Nous jurons de rester à jamais fidèles à la Nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l’intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu’elle existe et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité.

La Creuse était représentée par dix-huit délégués appartenant à la Garde nationale : F. Cusinet, J.-B. Vollant, P.-A. Bourgeois fils, J.-B. Tixier jeune, E.-F. Dumarest de Neuville, J. Charles fils, J.-B. Purat, P. Gadon, F. Rabs, F. Lacroix, A. Loriol, J.-B. Pichon, J. B. Marcellot, J.-F. Courtois, J.-B. Bertrand, J. Marchandon, F. Dubrouillet, L. Southon, qui firent bénir la bannière du département.

Un tableau, seul témoignage de la fête de la Fédération de 1790 à Guéret 

À Guéret, la fête de la Fédération avait eu lieu le 30 juin, sur la place des Récollets (actuelle place Bonnyaud). On n’en connaît aucun compte rendu. Le seul témoignage est une peinture à l’huile, offerte par M. Coudert de Lavilatte au musée de Guéret. Non signée, cette toile haute de 75 cm, large de 66 cm pourrait être l’œuvre d’un professeur de dessin nommé La Caille. Albert Lacrocq l’a décrite, dans le tome XX des Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse :

Au premier plan, à gauche, un grenadier à deux chevrons, vêtu d’une veste bleue, d’un gilet et d’une culotte rouges, portant des guêtres blanches et un bicorne, met le feu à une pièce de canon dont la gueule, tournée vers le spectateur, laisse sortir une flamme et une abondante fumée.

«  Derrière le personnage, se tiennent douze gardes à cheval, en vestes bleues, cuirs blancs, bicornes et sabres au clair. Le premier à droite souffle de la trompette ; tous font face à l’autel. Devant eux se dresse un drapeau blanc et bleu - sans doute le drapeau de l’Union - et l’on aperçoit la coiffure des gardes du rang immédiatement au pied de l’autel.

Au centre de la composition se trouve l’autel, élevé sur une estrade et auquel on accède par un escalier de cinq marches, recouvertes d’un tapis bleu à fleurs de lys dorées. De chaque côté de l’escalier, sur les marches, quatre grenadiers sont debout, en vestes bleues et rouges alternativement, bonnet à poils, l’arme au bras.

Ils font face aux spectateurs. L’autel est placé sous un dais supporté par quatre piliers carrés peints en vert ; ce dais en forme de pyramide tronquée est surmonté d’une statue d’homme nu, appuyée sur un bâton, la jambe droite repliée. Une corniche fait la transition entre les piliers et le dais. Elle porte une inscription illisible aujourd’hui. Entre les piliers sont tendues des draperies tricolores rouge, bleu, blanc.

Trois personnages entourent l’autel. Le premier, un officier, vu de profil, lève son épée de la main droite et de la main gauche, étendue au-dessus de l’autel, prononce le serment. En face de lui, un personnage revêtu d’une aube. Un prêtre se trouve derrière l’autel qu’ornent six chandeliers et une croix verte.

Au pied (de l’autel), à droite et à gauche, on distingue les troupes qui forment deux autres côtés du carré ; au-devant d’elles, on voit cinq drapeaux. De grands arbres (abattus depuis et remplacés par des tilleuls) encadrent la composition dont le fond est formé de nuages blancs s’élevant du sol jusqu’aux deux tiers de la hauteur où ils laissent voir le ciel bleu ».