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Июль
2024

Le 13 juillet 1944 à Orcines : 24 poteaux sabotés, 24 personnes exécutées

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Le 27 août 1944, les derniers Allemands quittent Clermont-Ferrand après deux ans d’occupation. La défaite de la Wehrmacht est une évidence depuis quelques semaines. Mais ce n’est pas pour autant que les exactions cessent. Les fusillés d’Orcines en sont certainement l’exemple le plus funeste. Voici les faits résumés par le Lieutenant-colonel Plantier, chargé de l’enquête :

"Le 14 juillet 1944, dans le courant de l’après-midi 24 cadavres d’hommes âgés de 20 à 50 ans étaient découverts dans une carrière abandonnée dite à ”Triouleyre” à 1.500 mètres du hameau dit “La Baraque” commune d’Orcines (Puy-de-Dôme)."

Les cadavres étaient couchés sur le sol, la face contre le sol, et alignés régulièrement. Tous présentaient de nombreuses blessures sur toutes les parties du corps, faites vraisemblablement par des mitraillettes.

Une vengeance après un sabotage

Un massacre en représailles. Le 12 juillet 1944, des maquisards sabotent 24 poteaux télégraphiques. 24 civils et résistants seront donc exécutés. Pour son enquête, le Lieutenant-colonel Plantier entendra plusieurs témoins ayant croisé la route des fusillés. Comme Antoinette Johanel, arrêtée à Massiac qui retrouve au 92 deux Massiacois : René Soulier, 20 ans, et André Jasselin, 19 ans. "Le 13 juillet vers 11 heures me trouvant dans la promenade avec d’autres détenus, j’ai vu rentrer un camion bâché d’où est descendue une trentaine d’individus. Parmi eux se trouvaient des miliciens du peloton d’exécution que nous avions l’habitude voir, ainsi que des agents de la Gestapo, allemands et français. On nous a fait aussitôt remonter dans nos cellules en nous insultant grossièrement. Immédiatement après on a fait sortir des hommes de leurs cellules qu’on a fait aligner dans la cour en bras de chemise. À travers la vitre de ma prison j’ai reconnu parmi eux le jeune Soulier René, quant à Jasselin, j’ai cru également le reconnaître mais je ne suis pas affirmative car étant affaiblie par les privations, ma vue était affaiblie."

"J’ai reconnu le corps de mon fils"

René Soulier part rejoindre les Forces françaises de l’intérieur à la Margeride le 30 mai 1944. Il est arrêté, sans arme et en civil, le 27 juin. Un pharmacien de Massiac, codétenu de René, apprendra à sa mère sa détention au 92 après sa libération. 

Le 7 septembre, je me suis rendue à Clermont-Ferrand afin d’essayer d’obtenir des renseignements sur mon fils. Au commissariat central, on m’a présenté des effets d’habillements appartenant à l’un des 24 fusillés d’Orcines et que j’ai reconnus pour appartenir à mon fils. Je me suis ensuite rendue à Orcines où a eu lieu son exhumation, j’ai formellement reconnu le corps de mon fils. 

"Le meurtre est imputé à la Gestapo de Clermont"

L’enquête doit désormais déterminer les responsables. La plupart des arrestations ont été organisées par la légion Tatar, qui « prit part à la bataille du Mont Mouchet en juin 1944 vraisemblablement l’unité qui venait du Puy en passant par Monistrol-d’Allier et Saugues », peut-on lire en note manuscrite du maire de La Besseyre-Saint-Mary, en Haute-Loire, où résidait Lucien Pic, l’un des fusillés.

"Mais le meurtre est imputé à la Gestapo de Clermont-Ferrand", pour le service de recherche des crimes de guerre ennemis. Parmi les agents français de la Gestapo, Jean Vernière, 25 ans. Il témoigne le 13 octobre 1944. "J’ai participé à trois exécutions de groupes de résistants au terrain d’aviation d’Aulnat. Les détenus étaient pris à la prison du 92 et conduits à Aulnat. Nous les faisions coucher dans les trous de bombes et on les tuait d’une balle dans la nuque."

Par les Allemands ?

Quelques jours avant notre départ de Clermont-Ferrand, au mois d’août 1944, j’ai participé à l’exécution d’une vingtaine de résistants dans une carrière à Orcines. Nous avons opéré de la même façon que pour les exécutions dans les trous de bombes à Aulnat. 

Il aura fallu 60 ans pour identifier tous les corps. Le dernier, Édouard Carmarans, avait été laissé pour mort, dans les combats du bois de Védrines, dans le Cantal. 

Les fusillés Rémy Beaune. 31 ans, né à Saint-Eloy-les-Mines. Joseph Bellonte. 41 ans, né à saint-Nectaire. Pierre Bordel. 44 ans, né à Meilhaud. Manuel Cardoso. 42 ans, né au Portugal. Édouard Carmarans. 40 ans, né à Enguialès (Aveyron). Adolphe Chanut. 19 ans, né au Puy-en-Velay. Louis Dabert. 36 ans, né à Vic-le-Comte. Henri David. 44 ans, né à La Chapelaude. Gaston Dupont. 25 ans, né à Monthermé (Ardennes). Roger Durant. 22 ans, né à Clermont-Ferrand. Jacques Fosse. 17 ans, né à Vaucresson (Hauts-de-Seine). Pierre Foury. 47 ans, né à Saint-Vincent. Michel Gardeur. 17 ans, né à Longwy-Bas (Meurthe-et-Moselle). Jacques Helfont. 25 ans, né à Kalisz (Pologne). Kalmen Helfont. 23 ans, né à Kalisz (Pologne). André Jasselin. 19 ans, né à Massiac. Alfred Lewkoviez. 21 ans, né à Nancy. François Mandonnet. 26 ans, né à Saint-Cirgues-sur-Couze. Henri Martin. 19 ans, né à Clermont-Ferrand. Désiré Matheron. 33 ans, né à Marseille. Jospeh Perdek. 22 ans, né à Firminy (Loire). Lucien Pic. 25 ans, né à Paulhac-en-Margeride (Lozère). Raymond Porte. 20 ans, né à Laveissière (Cantal). René Soulier. 19 ans, né à Massiac (Cantal).

Simon Antony