Adjoint au chef de détention au centre pénitentiaire de Riom, Franck Allione va défiler le 14 juillet à Paris
Franck Allione est à l’image des qualités demandées pour œuvrer à la surveillance des détenus au centre pénitentiaire de Riom (Puy-de-Dôme). Tout en lui respire la force tranquille, l’analyse et le regard posé. Car pour faire son métier, « il faut aimer l’humain, on ne peut pas le faire si on ne l’aime pas. Les gens qui aiment avoir un cadre, une autorité s’y retrouveront. On n’est pas armés mais nos pratiques sont de plus en plus professionnalisées », décrit-il.
Dans la familleFranck Allione y a trouvé, lui, une forme d’épanouissement même s’il ne s’y destinait pas originellement. Originaire de Toulon dans le Var, après un bac général puis un BTS de comptabilité en alternance dans une entreprise de motoculture, il part finalement faire son service militaire en 1998. Dans l’artillerie, il fera quatre mois de classes à Draguignan puis six mois à Belfort au 1er régiment d’artillerie.
Mais, avant de partir, suivant l’exemple de son beau-père et de son beau-frère déjà dans l’administration pénitentiaire, il tente et réussit le concours d’entrée.
Au gré des affectationsAffecté aux Baumettes, à Marseille, il devient surveillant, en 1999, au bâtiment D et intègre la brigade QI-QD (quartier d’isolement et quartier disciplinaire). Puis, en 2004, c’est un nouveau concours réussi, celui de 1er surveillant, toujours à Marseille. Une cité phocéenne qu’il finit par quitter, en 2006, à sa demande vers le CP de Toulon, qui a ouvert deux ans auparavant. De 1er surveillant, il passe le concours d’officier afin de devenir lieutenant pénitentiaire en 2011.Après un an de formation à Agen, Franck Allione est affecté au Centre de détention de Saint-Mihiel (Meuse) près de Nancy, de 2012 à 2015.
À la faveur de l’ouverture du nouveau CP de Riom, il demande à partir pour le Puy-de-Dôme, affecté dans un premier temps à la maison d’arrêt de Clermont-Ferrand pour procéder à la fermeture de l’établissement entre avril et septembre 2015. À l’ouverture de Riom, Franck Allione est adjoint au chef de détention, responsable infra-sécurité, jusqu’en 2017.
Nouveau challengeÀ cette date, il se fixe un nouveau challenge, en tant que responsable du bâtiment MA1 au « module de respect ». « C’est un nouveau dispositif axé sur l’autonomie des personnes détenues et la responsabilisation », explique-t-il.Enfin, en septembre 2023, passé capitaine, Franck Allione redevient adjoint au chef de détention.
Au fur et à mesure que je découvrais mon métier, j’ai eu cet épanouissement professionnel et personnel de travailler en équipe, de travailler au contact de personnes détenues. On gère de l’humain
Et c’est là toute la difficulté que de faire cohabiter des profils différents, « c’est un métier complètement différent tous les jours, il n’y a pas de routine », même s’il est usant. « Des personnes vont constamment tenter de pousser les limites et il faut maintenir une autorité permanente, tout en faisant preuve d’écoute », réagit-il.
Une population carcérale qui changeD’autant plus avec le rajeunissement de la population pénale, « de plus en plus violente, avec des fois des effets de groupe » ou des difficultés liées aux profils psychiatriques des détenus et aux addictions. Sans oublier une surpopulation carcérale qui grève les conditions de travail. Parfois démuni, mais « pas démobilisé », Franck Allione n’en est pas moins un fervent promoteur. Au point de vouloir représenter l’institution et ses valeurs, en tant que « 3e force nationale de sécurité » pour le traditionnel défilé du 14 juillet, qui aura lieu cette année, pour cause de JO à Paris, avenue Foch.
Le défilé du 14 juillet à Paris« Ce défilé représente quelque chose. Je l’ai toujours regardé. On représente l’administration et c’est aussi une satisfaction personnelle et une fierté familiale, sourit-il, notamment pour ses trois filles, dont une qui a embrassé une carrière dans la Marine. Y participer, ce n’est pas donné à tout le monde. »
Un total de 118 candidatures a été comptabilisé sur l’Hexagone, dont celle de Franck Allione qui a dû passer des tests physiques ainsi que des entretiens individuels. Ils sont finalement quatre à être retenus sur la zone de la Direction interrégionale de Lyon pour 49 personnels sur le défilé, tous grades confondus. Après 15 jours de formation à Agen, Franck Allione a gagné Paris le 6 juillet pour une semaine d’entraînement. L’occasion d’une préparation physique intense, tous les matins, de 6 heures à 11 h 30 puis des répétitions de marche au pas.
Un métier endeuillé en 2024Intense mais Franck Allione a « l’envie de bien faire ». Et dans cette « année noire » pour l’administration pénitentiaire, endeuillée par le décès de deux agents dans l’attaque d’un fourgon dans l’Eure le 14 mai (trois autres avaient aussi été blessés) et le décès, en février, d’un agent de l’équipe régionale d’intervention et de sécurité (Eris) de Lille, lors d’une opération de transfert près de Mâcon, dans un accident de la route.
Lors du défilé, « on rend hommage à ceux qui se sont battus pour la France » mais Franck Allione aura aussi « une pensée pour ses collègues disparus et leurs familles » tout en donnant de la visibilité à son métier qui n’est pas que gardien.
On essaie de faire en sorte que chaque détenu puisse sortir de prison moins cassé que ce qu’il était en y entrant. Cela passe par de l’écoute et de l’humanité
Deux traits qui le caractérisent profondément.
François Jaulhac