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Июль
2024

Série d’été « Qu’est-ce que le libéralisme ? » – Entretien avec Jean-Baptiste Noé

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Cet été, Contrepoints vous propose une série d’entretiens sur le libéralisme avec plusieurs de nos auteurs et des invités spéciaux. Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique, professeur de géopolitique et d’économie politique et rédacteur en chef de la revue Conflits.

 

Comment définissez-vous le libéralisme ? 

Le libéralisme est une pensée du droit. Il repose sur la primauté de la personne et la reconnaissance du droit naturel d’où découle le droit positif.

Le libéralisme est d’abord une réflexion morale : qu’est-ce qu’un acte juste ? Qu’est-ce qui est juste et qu’est-ce qui concourt à établir une société juste ? De là, découlent des analyses sur la politique, la culture, l’économie. Mais l’économie n’est qu’une partie, somme toute assez minoritaire, de la pensée libérale, même si aujourd’hui on a trop tendance à réduire le libéralisme aux sujets économiques, et à ne voir derrière ces sujets que l’efficience et l’efficacité en omettant les aspects moraux. Un acte n’est pas juste parce qu’il est bon, il est bon parce qu’il est juste.

 

Vous considérez-vous libéral et pourquoi ?

Je suis libéral dans la mesure où je me reconnais dans la définition donnée précédemment. Il existe de nombreuses écoles et variantes du libéralisme, la mienne est celle de l’école française d’économie politique, qui a toujours articulé les réflexions autour du droit, de la politique et de l’économie.

Pourquoi être libéral ? Parce que c’est la seule option philosophique qui permette le développement des Hommes, la seule qui respecte pleinement les spécificités humaines. Le libéralisme permet le développement des talents de chaque personne, de leurs qualités et de leurs spécificités. Lui seul permet de sortir de la pauvreté, de développer l’art et la culture, d’améliorer les conditions sanitaires, éducatives, sociales. Sans libéralisme, on tombe dans une société de capitalisme de connivence où des clans accaparent les richesses des pays, où les personnes n’ont aucune perspective de développement et d’amélioration des conditions de vie.

Si l’on retire la liberté d’action et d’éducation, c’est-à-dire le libre choix, on entre dans le contrôle des personnes qui ne peut se faire que par la violence. Violences physiques, morales, intellectuelles. D’où la répression politique et les goulags, qui ne sont pas des accidents, mais des nécessités pour maintenir l’ordre d’une société qui n’est pas libérale.

 

Quels sont vos auteurs libéraux de référence ?

Essentiellement les auteurs français : Tocqueville, Bastiat, Turgot, à quoi s’ajoutent Hayek et don Luigi Sturzo. La liste est longue.

Ayant réalisé mon doctorat en histoire économique, je lis aussi beaucoup les travaux et les recherches effectués dans ce domaine, notamment ceux de Jacques Marseille, Dominique Barjot, Félix Torrès.

La littérature permet aussi d’approcher et d’approfondir ces questions, notamment les œuvres de Marcel Pagnol, de Paul Claudel et la littérature classique de façon générale.

Le libéralisme se comprend aussi par l’art et par les artistes. Fréquenter les peintres, les photographes, les grandes œuvres permet d’entrer dans ce monde de ce que l’on appelait autrefois les arts libéraux et qui ne peut exister que dans une société capitaliste ; le socialisme engendrant lui la laideur et la destruction de l’art.

 

À lire aussi : 

La contribution précoce de Turgot à la théorie de l’économie libérale

Pourquoi le libéralisme est-il si mal compris en France ?

La France est le pays du libéralisme, ses opposants ont donc dû être extrêmement virulents et violents pour parvenir à le détruire.

Dans les années 1930, une caste administrative a pris le pouvoir et a établi un système politique original d’État-providence qui repose sur la captation des richesses créées et leur redistribution à une clientèle politique afin de maintenir une population soumise et dépendante des largesses étatiques. À quoi s’ajoute une virulente propagande, dès le plus jeune âge, pour faire croire que ce système est bon. Ainsi les Français adorent-ils le veau d’or que sont la Sécurité sociale, l’Éducation nationale, la retraite par répartition, la SNCF, etc. Tout cela coûte très cher et ne fonctionne pas, mais il y a toujours un refus du changement et de la réforme.

À ces raisons conjoncturelles s’ajoutent des causes plus profondes. L’être humain n’aime pas la liberté car la liberté suppose la responsabilité. Finalement, pour beaucoup, l’esclavage est une bonne chose. Il est agréable d’être nourri et logé, de se rendre en vacances dans les structures d’État, de penser selon ce que disent les médias d’État. C’est une petite vie, mais une vie confortable, parce qu’irresponsable.

À cela s’ajoutent les intellectuels, qui de façon presque structurelle ont une préférence marquée pour le goulag. Ne vivant que dans les idées, ils aiment bâtir des schémas de pensée, forcément géniaux puisque ce sont les leurs. Et comme ils sont convaincus de savoir ce qui est bon pour les autres, ils veulent leur imposer, par la violence et la contrainte. Nous avons ainsi tout une caste d’intellectuels qui se nourrissent des structures étatiques qui évidemment ne veulent que rien ne change, et qui drapent leur égoïsme et leur rapine dans les noms fallacieux de justice sociale, de solidarité et d’humanisme.

 

Quels seraient les bienfaits de réformes libérales en France ?

Rendre le bonheur aux Français. On peut manger dans l’esclavage, on peut avoir une télé et partir en vacances, mais on n’est pas heureux. Il n’y a qu’à voir autour de soi les grognons et les grincheux, les personnes qui ne sont jamais satisfaites, jamais contentes. Tout le monde se plaint et vitupère, au sujet de la sécu, de la SNCF, de la sécurité, etc.

Ce type de comportement est très rare chez les entrepreneurs. Ils ont de nombreuses charges mentales à porter, ils travaillent beaucoup, souvent ils gagnent peu, mais ils ne râlent pas et ils sont davantage heureux.

Il ne peut pas y avoir de bonheur dans la société grise et verdâtre promue par le socialisme, seul le libéralisme peut rendre heureux.

À cela, qui est fondamental, s’ajouteront bien évidemment la prospérité, l’éducation et la culture, avec des écoles qui fonctionnent enfin, la fin de la pression fiscale confiscatoire et des normes aliénantes. Le libéralisme permet la prospérité et la puissance.

 

Deux réformes libérales prioritaires à mettre en place ?

Il y en a tellement. Comme professeur, je vois deux réformes essentielles à mener : la mise en place du chèque éducation, pour achever l’Éducation nationale, et l’abolition du monopole de la collation des grades, pour permettre au système universitaire de fonctionner correctement.