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Июль
2024

Législatives sur Clermont-Cournon : Maximi, Clément, Prononce... Trois candidats au second tour, trois façons de faire campagne

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Dimanche, les électeurs de la circonscription de Clermont-Cournon ont placé Marianne Maximi (LFI, Nouveau Front populaire, 38,14 %) en tête devant Louis Clément (RN, 27,49 %) et Hervé Prononce (Horizons, Ensemble, 24,08 %). Trois candidats désormais engagés dans une triangulaire et dans une campagne d’entre deux tours aussi hétérogène que leurs profils et leurs programmes. À la gravité exprimée par la députée sortante répond une forme de sérénité chez le maire du Cendre. Et si le duo court après les rencontres avec les habitants, le candidat du RN reste, lui, loin de la rue et des marchés. Reportage dans leurs pas.

Ici dans cet immeuble, cet homme dit voter RN "car j’en ai marre d’être une vache à lait. J’ai deux boulots pour payer mes factures. Il faut faire le tri", dit-il, nébuleux. Sur le palier, l’accueil est froid ; la vue, sur un mur, du drapeau confédéré, considéré comme un symbole raciste, le rend glacial. "Vous savez, nous avons des mesures pour le pouvoir d’achat", tente Marianne Maximi. La discussion restera dans l’impasse.

"La boule au ventre"

Quelques rues plus loin, cette femme, noire, assure à l’inverse l’insoumise de son soutien et lui confie ce que peu irait dire à un candidat sur un marché ou à la sortie du tramway : "Ces élections, ça donne la boule au ventre quand on est étranger... Elles ont déclenché des tensions." D’une porte à une autre, la perspective du second tour suscite de l’espoir chez les uns, de la peur chez beaucoup d’autres.

«"Je me sens parfois démunie, mais c’est ça, le porte-à-porte : on est les deux pieds dans la réalité. La confrontation n’est pas toujours facile, on voit des logements insalubres, mais il n’y a rien de plus concret. On est au plus près de ce que les gens ont à dire et de leurs besoins."

Un étage plus haut, elle tentera de rassurer un habitant inquiet lui aussi des tensions croissantes. "Les inégalités créent les conditions de cette montée des tensions. Le problème n’est pas l’autre, mais le partage des richesses", lui répond la députée sortante.

Près de 200 militants mobilisés

Au fil des sonnettes, des portes franchies, de celles qui resteront fermées, il est question de programme, un peu, mais la petite équipe de militants ne se fait pas d’illusion : "Les gens se sont déjà fait leur avis. L’enjeu est de mobiliser nos électeurs pour dimanche car rien n’est gagné", explique Marianne Maximi.

Des candidats en lice, le Nouveau Front populaire est le seul à pouvoir engager ce travail de fond, car il peut compter sur près de 200 militants actifs. Et d’ajouter : "Des électeurs du RN à la Gauthière reprochaient aux élus d’être déconnectés du terrain mais jamais un candidat du RN n’est venu les voir ! On est les seuls à le faire."

Au rendez-vous des débats

Car contrairement à d’autres en France, le responsable départemental du parti a le mérite de ne pas se défiler à l’heure des débats dans les médias locaux (hier sur France 3, aujourd’hui sur RCF…), même si la semaine dernière, sur France 3, il n’a pas su répondre à une question sur la suppression du REP (Réseau d’éducation prioritaire) promise dans le programme du RN.

"On fait des erreurs, il faut le reconnaître. Je ne suis pas un habitué des plateaux et oui, je regrette de ne pas avoir eu le temps de me préparer davantage. Mais je note aussi que malgré le fait que nous n’avons pas eu le temps de faire campagne sur le terrain, on a fait d’excellents résultats ! Et si nous sommes élus, le parti saura nous encadrer et nous former."

En attendant, il ne faut pas s’attendre à le croiser dans la circonscription d’ici dimanche.

Les discussions consistent d’ailleurs souvent plus à prendre des nouvelles qu’à discuter politique… "Très peu de personnes me posent des questions sur le programme", confirme-t-il. Au fil des marchés, il joue donc la carte du candidat de la proximité et de l’expérience. "Je suis très serein, calme, même si cette campagne est incroyable. On sent une colère, des inquiétudes…"

À contre-courant de l’ambiance dans la rue ce jour-là, le candidat Horizons-Ensemble vit d’ailleurs depuis dimanche soir une campagne agitée sur les réseaux sociaux, où des internautes lui reprochent de ne pas s’être désisté au nom du front républicain contre le RN.

"J’ai même reçu des menaces. Mais il faut regarder les choses en face : si je ne me maintiens pas, je favorise le RN ! Les électeurs des Républicains n’auraient pas voté LFI et une partie de mes électeurs non plus…"

"Le duel, c’est Maximi/Prononce"

Il pense encore pouvoir "créer la surprise", dimanche, et mise ces jours-ci surtout sur une présence sur les marchés. "On ne fera plus changer les gens d’avis, on veut simplement montrer qu’on est là. On était à la Gauthière, mardi : le quartier ne nous est pas favorable, on n’a peut-être pas gagné des électeurs mais on a montré qu’il y a une alternative, même à Maximiland…"

Une nouvelle pique à l’adresse de la candidate de la gauche, qu’Hervé Prononce assume viser plus que le candidat RN de la circonscription : "C’est la députée sortante, la favorite, et notre objectif est que la circonscription bascule. Le duel, c’est Maximi/Prononce, il n’est pas ailleurs."

(*) Le marché Saint-Pierre se situe géographiquement dans la 3e circonscription mais "des habitants de la 1re circonscription, qui n’est pas loin, viennent aussi y faire leurs courses", note Hervé Prononce.

Arthur Cesbron