Quelles sont les forces et faiblesses des cinq candidats en lice au second toit des législatives 2024 en Corrèze ?
Ses forces. Engagé en politique depuis 2001, maire de Lapleau, président de la communauté de communes Vendatour-Égletons, le député sortant a une solide expérience d’élu local. Fin connaisseur du monde rural et agricole, il revendique sa fibre chiraquienne et incarne la droite sociale. En annonçant qu’il ne voterait pas la réforme des retraites, en 2023, il a fait entendre sa différence. Son maintien au second tour conforte ce côté frondeur.Ses faiblesses. Le candidat n’a pas vraiment pu faire la campagne qu’il envisageait. Sa circonscription a été projetée sur la scène médiatique avec la candidature de François Hollande. Francis Dubois est sous pression, comme l’a montré son coup de sang devant un parterre de journalistes, à Tulle, jeudi dernier.Il a voulu jouer la proximité, alors que le scrutin revêt une envergure nationale. Son maintien au second tour, dans une triangulaire compliquée, se transforme en polémique, là aussi nationale, et pourrait lui être reproché en cas d’élection de François Hollande.
François Hollande (NFP)Ses forces. Dans son ancien fief électoral (maire de Tulle, député, président du conseil général), le candidat Nouveau Front populaire (PS) a fait le boulot. Il a sillonné la circonscription, multipliant les appels à la mobilisation.Faisant revivre la social-démocratie, François Hollande incarne l’engagement moral contre l’extrême droite et prend date pour l’avenir, s’il est élu. Sa stature nationale colle parfaitement au scrutin.Ses faiblesses. Qu’a fait l’ancien président de la République pour la Corrèze ? Le projet de LGV ou de la Station de transfert d’énergie par pompage (STEP) de Redenat sont, par exemple, restés dans les cartons de 2012 à 2017.Lors des législatives de 2022, François Hollande s’était positionné anti-Nupes, soutenant une candidature dissidente sur Tulle-Ussel et s’abstenant d’appeler à voter pour la gauche au second tour. Tout a été mis sous le tapis pour ces élections.
Maïtey Pouget (RN)Ses forces. On n’en voit qu’une, celle de porter l’étiquette RN. Comme d’autres en 1981 (vague PS) ou en 2007 (vague Sarkozy), la candidate surfe sur une lame électorale, peu importe le CV.Ses faiblesses. Son absence de notoriété et d’expérience politique est criante, même si elle a été candidate en 2022. Maïtey Pouget ne fait pas campagne. Et quand elle le fait, elle affiche un racisme décomplexé. Interrogée en direct sur la chaîne d’info LCI, le 28 juin, elle répond à propos de l’immigration : « On est envahi ». « Quand on regarde le marché autour de nous, on ne peut pas dire qu’il soit envahi par l’immigration », lui rétorque le journaliste. « Ils ne sont pas là, parce qu’à cette heure-là, ils dorment », lui répond la candidate. L’extrait a été repris en boucle sur les réseaux sociaux.
Deuxième circonscription (Brive)Valéry Elophe (RN)Ses forces. Comme tous les candidats RN, Valéry Elophe est porté par une vague montante et indédite en Corrèze en faveur de Jordan Bardella. Son mandat d’élu régional ajoute de la crédibilité à sa candidature. Le candidat d’extrême droite bénéficie aussi d’une campagne efficace, grâce à des militants qui, depuis des mois, saturent d’affiches les espaces publics.Ses faiblesses. On n’est jamais prophète en son pays. À Saint-Robert, sa commune de résidence, Valéry Elophe n’est pas arrivé en tête dimanche, distancé par Frédérique Meunier. Il n’a pas non plus été élu lors de la municipale partielle, organisée en août 2022. Il est aussi engagé dans une procédure judiciaire. Avant les élections, le syndicat CFDT avait engagé des poursuites pour injures publiques, le responsable départemental du RN ayant qualifié, sur les réseaux sociaux, la CFDT, la CGT, la FSU et FO d’« idiots utiles et collabos des terroristes du Hamas », à la suite d’une manifestation en soutien aux victimes de la bande de Gaza, en novembre 2023.
Frédérique Meunier (LR)Ses forces. Élue de peu en 2017, malgré la poussée macroniste, réélue en 2022, la candidate LR incarne l’expérience. Son parcours (maire de Malemort, conseillère départementale) et son travail en réseau lui offrent un véritable ancrage local.Le premier tour montre qu’elle peut bénéficier du poids électoral de Brive. La ville concentre 35 % des inscrits de la circonscription. Elle est fondamentale pour l’emporter dimanche.Ses faiblesses. Elle n’a pas bénéficié de la traditionnelle prime au sortant, surtout dans le secteur rural. Le RN a pris la place de la droite traditionnelle ou la talonne dans de très nombreuses communes.À tort ou à raison, on lui reproche de ne pas être assez présente sur le terrain. « Je devrais peut-être plus la représenter quand elle est à Paris », avait d’ailleurs dit son suppléant, Jean-Michel Monteil, lors d’une conférence de presse à Brive, le 15 juin.
Éric PortePhotos Agnès Gaudin et Stéphanie Para
Nouvelle géographie électoraleVoici la carte politique de la Corrèze après le premier tour des législatives du 30 juin 2024. Elle confirme la forte implantation du Rassemblement national en haute Corrèze, autour d’Ussel, et surtout dans l’ouest du département, jusqu’en périphérie de Brive. La candidature de François Hollande a ressuscité le vote PS sur une large partie centrale, du plateau de Millevaches au secteur de Neuvic jusqu’à la Xaintrie. En revanche, le vote en faveur de la droite et du centre-droit se limite désormais à Brive et Ussel et des secteurs ruraux assez éparpillés. Sur la circonscription de Brive, l’écart entre LR et RN est parfois faible, de quelques dizaines de voix. Trois communes (Lestards, Gourdon Murat et Combressol) n’ont pas tranché entre deux candidats au premier tour.