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2024

Parc naturel régional Millevaches en Limousin, 20 ans d'actions et d'expérimentations au service du territoire

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Créé en mai 2004 avec 113 communes, élargi en 2018 à 124 communes, le Parc naturel régional Millevaches en Limousin est né de « la conscience des élus que le territoire portait un patrimoine exceptionnel à préserver et à valoriser, rappelle Juliette Gioux, sa directrice. Vingt ans après, il conserve une unanimité de l’adhésion, c’est rare », apprécie-t-elle.

Une richesse de patrimoines cohérente. À l’origine très porté sur les problématiques économiques, l’accompagnement des entreprises ou l’amélioration de l’habitat, le Parc s’est, suite à la loi NOTRe, « recentré sur la sauvegarde et la valorisation des patrimoines, en particulier les patrimoines naturels. C’est la mission numéro 1 d’un PNR », explique Juliette Gioux.

« La richesse la plus importante du périmètre, c’est la somme de ses singularités », reprend Guillaume Rodier, responsable de l’équipe technique. Celle d’un territoire habité depuis la nuit des temps, un territoire montagnard aux paysages remarquables, à la faune et la flore parfois rares, aux patrimoines bâtis et culturels d’envergure. « Tout cela façonne un esprit et une culture propres à ce périmètre », note-t-il. « Les gens qui viennent sur ce territoire captent très vite qu’ici “nous ne sommes pas ailleurs”. »

Une « boîte à outils » pluridisciplinaire. « Le Parc participe à faire valoir tous ces petits joyaux discrets et accessibles à chacun, note Juliette Gioux. Ce capital, personne n’a vraiment intérêt à le dilapider et plus il est géré collectivement, plus il est durable. Préserver n’est pas mettre sous cloche, mais accompagner les mutations choisies. Le PNR n’est pas là pour contraindre, mais pour convaincre. »

Vingt ans après sa création, le PNR conserve une unanimité de l’adhésion, c’est rare.

Concrètement, le PNR est « une boîte à outils », illustre Guillaume Rodier. « L’un des objectifs du Parc, c’est de décloisonner les sujets. Aucun choix n’a d’effets positifs ou négatifs sur un autre. Avec le premier contrat territorial des milieux aquatiques par exemple, on touchait tous les sujets à l’eau, de l’éducation à l’agriculture ou la sylviculture, en passant par des travaux de restauration. On sortait même du territoire du Parc. »

Il insiste : « Le Parc, c’est le seul environnement de travail où des acteurs qui ne pensent pas les mêmes choses travaillent ensemble pour un avenir commun. On expérimente beaucoup, c’est une autre grande mission du Parc. » Le tout, « en restant très connecté avec ce qu’il se passe ailleurs. C’est vrai pour la biodiversité, mais aussi socialement ou sur les mobilités. Les Parcs sont des acteurs de politique publique pour une adaptation aux changements climatiques depuis les années 70. »

De l’ingénierie innovante aux retombées sur le territoire. Véritable service d’ingénierie aux services des communes et des habitants, le Parc se penche, par exemple, sur l’aménagement des bourgs. « Par rapport à d’autres cadres ruraux, on a une approche en termes d’urbanisme qui permet le maintien de services, commerces, écoles, médecin… »

Sur les mobilités également, « un axe sur lequel nous avons beaucoup travaillé », rappelle Guillaume Rodier, pour aboutir, dès 2015, aux premières mises à disposition de vélos électriques. « Ça a très bien pris et aujourd’hui, les com’com’ont pris le relais », se réjouit-il. Un schéma des mobilités actives et douces est ainsi en phase de finalisation. « On essaie, on tâte le terrain, après on structure », précise-t-il. 

On expérimente, c’est une des grandes missions du Parc.

Tous domaines confondus, une trentaine d’ingénieurs de haut niveau travaillent au Parc. Ce qui permet d’imaginer des solutions innovantes et « d’aller chercher des financements. On estime que pour 1,40 € par habitant d’adhésion au Parc, la plus-value en financement peut être multipliée par 10 ou 15. Pour les communes qui utilisent bien le Parc, ça peut aller jusqu’à une multiplication par 100 ! »

Rien que pour les milieux aquatiques, ce sont jusqu’à 2,5 millions d’euros qui sont injectés par an sur le territoire, sans compter les retombées économiques directes ou indirectes.

Le Parc participe ainsi, avance Juliette Gioux, « à l’attractivité du territoire, avec de nouvelles populations qui s’installent. Malgré un solde naturel négatif, la population générale se stabilise donc. Ce label est le gage d’un certain type d’environnement et d’un cadre de vie. »La voie lactée au-dessus des ruines des Cars, un symbole du Parc, labellisé Réserve internationale de ciel étoilé depuis 2 ans. (photo Bertrand Marquet)

Éduquer et sensibiliser pour préparer l’avenir. Avec une centaine d’animations par an organisées pour le grand public ou quelque 200 élèves touchées par des actions pédagogiques, le Parc travaille aussi sur « l’éducation, la sensibilisation et la formation », note Juliette Gioux. « L’idée, c’est de vulgariser et de transmettre, mais l’objectif global, c’est de réussir la cohabitation de tous les vivants », précise Guillaume Rodier.

Selon la feuille de route, qui court jusqu’en 2033, « nous allons essayer d’amplifier et accélérer nos actions au regard des enjeux climatiques, pose Juliette Gioux. En matière de biodiversité notamment, mais aussi d’énergies renouvelables, de mobilités ou d’eau, sachant que tout est lié. Ce sont les projets qui vont continuer à structurer le territoire. »

Blandine Hutin-Mercier