ru24.pro
World News in French
Июль
2024
1 2 3 4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31

"Le Puy-de-Dôme n’est plus une zone de faiblesse du Rassemblement national", analyse le politologue Mathias Bernard

0

Si la gauche a mieux résisté qu’ailleurs, le politologue clermontois Mathias Bernard estime que le vote d’extrême droite s’installe.

Forte poussée du RN, résistance de la gauche, projection sur le second tour. Le politologue clermontois Mathias Bernard revient sur les enseignements du premier tour dans le Puy-de-Dôme et en Auvergne.

Le Rassemblement national a parfois triplé son score dans les circonscriptions du Puy-de-Dôme en seulement deux ans, comment l’expliquer?? Il y a eu une vague de fond, qui est un mouvement national, n’épargnant pas l’Auvergne. Dans le Puy-de-Dôme, le RN se qualifie dans les cinq circonscriptions, alors qu’il n’était présent que dans une seule en 2022 et c’était déjà une première. On voit bien qu’il n’y a plus de zone de faiblesse alors que pendant longtemps l’Auvergne et plus particulièrement le Puy-de-Dôme étaient une zone de faiblesse du RN. Mai ce n’est pas non plus une surprise, c’est la confirmation des Européennes il y a trois semaines. À Lezoux, Pont-du-Château, le RN avait déjà dépassé la barre des 40 %.

Sur la carte de France, le Puy-de-Dôme est toutefois une des rares zones ou le Nouveau front populaire arrive en tête. À quoi l’attribuer?? Les première et deuxième circonscriptions sont ancrées à gauche depuis la Libération. Il y a aussi, de la part de Christine Pirès-Beaune et de Marianne Maximi, un travail parlementaire et sur le terrain reconnus. Et Marianne Maximi n’a pas une image aussi clivante que d’autres candidats insoumis. Elle bénéficie aussi de la configuration de sa circonscription, notamment la partie nord et est de Clermont, où elle dépasse les 45 % ce qui lui permet de compenser des votes où elle est plus en difficulté, comme à Gerzat où la perméabilité au vote RN est plus forte. En 2017 et 2022, Christine Pirès-Beaune avait déjà résisté à de précédentes vagues de dégagisme. Même si elle a subi dimanche un reflux en raison de la montée du RN dans la partie rurale.

Quant à la digue Chassaigne, elle a tenu malgré une forte poussée du RN. Sans lui, Thiers-Ambert n’aurait-elle pas déjà basculé?? On le voit d’ailleurs aux Européennes où le RN avait réalisé 36 %. Chassaigne est certes une digue, mais affaiblie. En 2022, il avait trente points d’avance sur le RN, là il n’en a plus que deux. Donc on voit que même lui, qui reste toutefois en ballottage favorable, ne réussit plus à endiguer un vote national dégagiste sur lequel capitalise Jordan Bardella.

Sur Issoire, la sortante Modem Delphine Lingemann a nettement amélioré son score, est-ce surprenant?? Clairement, car des deux candidates Modem, elle était la plus menacée par la montée du RN. Cela doit être une des rares députées sortantes à avoir amélioré son score depuis 2022, sans avoir l’appoint dès le premier tour avec l’absence d’un LR par exemple. Elle obtient 7.000 voix et deux points de plus par rapport à 2022, 27,4 %. La liste Hayer avait réalisé onze points de moins aux Européennes dans le Puy-de-Dôme.

En Haute-Loire, le RN met en difficulté le président de Région Laurent Wauquiez (LR), était-ce prévisible?? C’est une surprise, en raison de son ancrage local et du parachutage de son adversaire. Aux Européennes, le RN avait réalisé un très bon score, mais celui-ci était aussi lié à l’électorat LR qui avait en partie voté pour la liste Bardella. On pouvait penser que cet électorat reviendrait à un vote Wauquiez, d’autant que ce dernier incarne une droite droitière. Cela n’a pas complètement fonctionné, ce qui montre que le vote de dimanche était national. Les considérations locales, le poids des personnalités a beaucoup moins joué que pour des législatives habituelles. Il y avait une détermination des électeurs qui avaient voté RN le 9 juin à aller jusqu’au bout.

Propos recueillis par Laurent Bernard