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Июль
2024

Récit du week-end où beaucoup des meilleurs athlètes français jouaient leur sélection olympique

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Ce fut l’image de ces championnats de France Élite : le talentueux Yanis Meziane en pleurs, allongé sur la piste, la tête dans les mains. Et autour de lui, le champion de France et d’Europe Gabriel Tual, Benjamin Robert et Corentin Le Clezio. Les trois qualifiés aux Jeux olympiques sur 800 m. En train d’essayer de le consoler. Quatrième, dimanche à Angers, Meziane ne verra pas Paris cet été.

Des vainqueurs dévastés, des seconds radieux

Dans beaucoup d’épreuves, c’était l’enjeu de ce championnat. Samedi, l’Angevine Amandine Brossier tirait une tête d’enterrement, malgré son titre sur 400 m. Elle n’a pas réussi les minima. Et c’était la dernière chance pour se qualifier. À l’inverse, quelques minutes après Yanis Meziane, c’était au tour de Shana Grebo d’être allongée, en pleurs, sur la piste.

Des larmes de détresse suite à sa deuxième place, derrière Louise Maraval, sur 400 m haies ? Non, c’était l’immense joie d’avoir réussi les minima olympiques en 53’’78. Les seuls de ce week-end angevin, dans une course de très haut niveau.

Ce qu’elle a réussi, de nombreuses illustres figures de l’athlétisme français n’y sont pas parvenues : Renaud Lavillenie à la perche, Teddy Tamgho au triple saut ou encore Pascal Martinot-Lagarde sur 110 m haies. Que des recordmen de France.

« On sait les champions qu’ils sont, l’investissement qu’ils y ont mis, relève Romain Barras, le directeur du haut niveau à la Fédération française. J’ai une pensée pour ces athlètes qui ont marqué l’histoire de l’équipe de France. »

Un championnat pour départager les qualifiables

L’histoire de ces championnats, elle, aura été marquée par Gemina Joseph, auteure d’un doublé 100-200 m, par Charlotte Pizzo, titrée mais sans minima sur 800 m malgré une course pleine de panache, par Lolassonn Djouhan auteur du record des championnats au disque ou encore par Nicolas-Marie Daru, qui a renversé la table sur 3.000 m steeple.

Sur cette distance, trois athlètes avaient fait les minima, mais pas lui. En revanche, il répondait à un autre critère de sélection : être dans le top 24 au ranking mondial. Un critère aussi important que les minima aux yeux de la Fédération. Et comme chaque pays ne peut pas aligner à Paris plus de trois athlètes sur une épreuve, il fallait les départager.

Obligation de courir pour se qualifier... même blessé

Comme sur les 800 m et 110 m haies masculins (remporté par Sasha Zhoya et qu’Aurel Manga n’a pas disputé, malade, mais pas privé de JO pour autant), le week-end angevin a servi à départager les athlètes. Et Nicolas-Marie Daru s’est imposé au sprint devant Louis Gilavert et le champion d’Europe de la discipline, Alexis Miellet, qui a dû courir blessé. « Si je veux aller aux Jeux, je suis obligé de courir », regrettait-il à la veille de la course. Sans conséquence, au moins à court terme.

« Sur un combat à quatre dans le dernier 200 m, il y a une petite part de chance, analyse un Nicolas-Marie Daru tout sourire. On arrive sur le bon pied au moment de passer une haie, ce qui évite de piétiner. On se lance comme un fou et ça passe, mais ça se joue à rien. » Ces petits détails vont aussi faire basculer l’issue de la suite de la saison d’autres athlètes dont la suite est encore incertaine après ce week-end angevin.

Encore de l'incertitude

Que ce soit le champion de France du 1.500 m Romain Mornet ou les vice-championnes de France de la perche et de la hauteur Ninon Chapelle et Solène Gicquel, ils étaient tous les trois bien incapables de dire s’ils verront Paris. Ils sont tous les trois qualifiables aux yeux de World Athletics, mais limite par rapport aux modalités de sélection de la FFA. À savoir être dans le top 32 au ranking mondial pour les champions de France et dans le top 24 pour ceux qui ne le sont pas.

Ce classement sera mis à jour mercredi, avec l’ajout des performances du week-end. Et Romain Barras annonce : « On va respecter les modalités annoncées ». Quitte à laisser des athlètes qualifiables à la maison.

Ludovic Aurégan