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Июнь
2024

Législatives sur Clermont-Montagne : qui arbitrera le traditionnel duel entre le centre droit et la gauche ?

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Sur la troisième circonscription du Puy-de-Dôme comme au niveau national, la question est la même : le score important du RN aux élections européennes laisse-t-il augurer une victoire aux législatives pour le parti de Jordan Bardella ? Les observateurs le rappelaient dès le 10 juin : le mode de scrutin est complètement différent (uninominal majoritaire à deux tours pour les députés). Les habitudes de vote et les ancrages des partis auront donc leur importance le 30 juin. C’est déjà ce que nous disaient les résultats des législatives 2022 sur le territoire de Clermont-Montagne.

Une circonscription urbaine et rurale

Au premier tour, Nicolas Bonnet, candidat écologiste adoubé par la Nupes, devançait la députée sortante Laurence Vichnievsky, encartée MoDem et soutenue par la majorité présidentielle. Ils cumulaient à eux deux plus de 58 % des votes exprimés. Rien de plus logique sur une circonscription qui, depuis 1988, a donné la majorité de ses voix à des candidats du centre droit (les Giscard père et fils jusqu’en 2012) mais aussi à une écologiste, Danielle Auroi (2012-2017). Une base électorale solide sur laquelle les deux adversaires du second tour d’il y a deux ans comptent s’appuyer ce dimanche.En 2022, Laurence Vichnievsky et Nicolas Bonnet s'étaient affrontés au second tour. La députée sortante l'avait emporté (photo d'archives Richard Brunel).

La question est de savoir si le paysage politique a changé sur cette circonscription à la fois urbaine et rurale. Si l’on prend en compte le dernier scrutin des européennes, « l’électeur des villes » a contesté les extrêmes, plaçant en tête Valérie Hayer (Renaissance - MoDem - Horizons) à Royat et à Chamalières, Raphaël Glucksmann (PS - Place publique) à Beaumont.

Quel score pour la droite et l'extrême-droite ?

« L’électeur des champs », lui, a privilégié la liste de Jordan Bardella, multipliant par deux ou trois, dans de nombreuses communes, le score obtenu par Françoise Batisson aux législatives de 2022 (12,06 %). Mais il y a une inconnue majeure pour le Rassemblement national sur cette troisième circonscription : la candidate elle-même. Nadine Pers n’a jamais sollicité les suffrages des électeurs. Et quel sera le poids de Patrick Finotto (Reconquête), ancien candidat aux municipales à Clermont-Ferrand sur la liste d’Anne Biscos (RN) ?

Marie-Anne Marchis est pour sa part bien identifiée sur le territoire. La conseillère départementale et élue à Chamalières avancera sous la bannière Les Républicains, comme en 2022 (14,32 %). La zizanie qui règne dans le parti aura-t-elle une incidence ? Sans oublier que le score aux européennes n’a pas dépassé les 10 %… Enfin, autre visage connu des élections locales depuis plusieurs années, Marie Savre représentera à nouveau Lutte ouvrière « et les travailleurs », bien décidée à faire mieux que le score de 2002 (0,92 %).

Le casse-tête des candidats sans étiquette

Comment faire campagne quand on est inconnu du grand public, entouré d’une toute petite équipe, indépendant, sans le soutien financier d’un parti ? Louis Dupic, 23 ans, et René Ondet, 69 ans, seuls candidats sans étiquette de la troisième circonscription, sont pris dans le tourbillon de ces élections législatives express.

La participation au premier tour des élections législatives 2022 était de 54,41 % dans la troisième circonscription du Puy-de-Dôme. « On y pense tout le temps », admet le benjamin du scrutin qui a découvert les coulisses d’une aventure inédite pour lui. Et les choix qui s’imposent. « Si nous n’obtenons pas 5 % des suffrages exprimés, nous ne sommes pas remboursés. Alors nous avons décidé de faire imprimer les 99.000 bulletins déposés dans les bureaux de vote mais de ne pas imprimer les 99.000 professions de foi envoyées dans les foyers. » La facture ? 1.300 euros tout de même. Le candidat et son suppléant Benjamin Barrier ont prévu d’investir aussi 200 euros dans les affiches placardées dans les communes. Pas plus. La campagne se limitera à du tractage.

Croire en sa chance

Idem pour René Ondet qui annonçait en début de semaine son intention de s’acheter une voiture. Il devait, en parallèle, régler un gros détail : lundi, ses bulletins de vote n’étaient toujours pas imprimés. « Je n’ai pas encore trouvé d’imprimeur ! ». Mais il ne désespérait pas. Quitte à tout envisager. « J’ai proposé que les électeurs fassent eux-mêmes leurs bulletins mais on m’a dit à la préfecture que ce n’était pas possible. » Et d’ajouter : « S’il le faut, je ferai campagne comme dans l’ancien temps, avec de la musique. » Si la remarque peut faire sourire, René Ondet prend très au sérieux sa candidature, réclamant le droit de participer au débat télévisé du milieu de semaine.  Louis Dupic croit également en ses chances, en son projet « assez solide ». Pourquoi ne pas penser aux 5 %, voire aux 12,5 % des suffrages exprimés qui qualifieraient le candidat pour le second tour ? « Si on ne vise pas la gagne, ce n’est pas la peine », conclut-il, avec l’insouciance et l’assurance de sa jeunesse.

Thierry Senzier