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Июнь
2024

Les tragédies du football Ep. 2 : Heysel 1985

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Pkfoot 

Remises de trophées, envahissements de terrains, défilés dans les rues, mais aussi déception des supporters ou banderoles amères ferment le rideau sur des saisons riches en émotion. Mais au milieu de ces émotions, de ces images qui saturent les fins de saison, on trouve également, et il serait regrettable de le négliger, le deuil et la commémoration d’évènements dramatiques qui, ancrés dans l’histoire, deviennent des enjeux mémoriels importants, rappelant ainsi que la riche histoire du football s’est entre autres construite sur des drames et des tragédies. Suite de notre série avec le drame du Heysel.

Le 29 mai 1985, la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions oppose, dans un choc au sommet, Liverpool, tenant du titre et vainqueur de 4 des 8 dernières éditions, à la Juventus de Turin, vainqueur de la précédente édition de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, qui compte dans son effectif la plupart des champions du monde italiens de 1982, et emmenée par le double ballon d’or français Michel Platini.

C’est au stade du Heysel, à Bruxelles, que les deux poids lourds européens vont se disputer la coupe aux grandes oreilles, devant plus de 60 000 personnes. Les conditions de sécurité et de confort sont loin d’être optimales. De surcroît, le système de contrôle est défaillant, et plusieurs milliers de fans sans billet ont réussi à pénétrer dans l’enceinte bruxelloise, précarisant les conditions de sécurité. Les supporters des deux formations sont distinctement répartis en plusieurs blocs, en dehors du bloc Z, situé à proximité des blocs réservés aux supporters de Liverpool, où cohabitent des Belges neutres et des supporters de la Vieille Dame.

Durant l’avant-match, la tension monte entre les supporters des deux équipes, qui s’invectivent et se lancent des projectiles. Vers 19h10, des fans de Liverpool chargent en direction des supporters italiens présents dans le bloc Z. L’essentiel des forces de l’ordre belges sont alors à l’extérieur du stade, les quelques gendarmes présents dans l’enceinte bruxelloise sont rapidement débordés sous la pression des supporters de Liverpool chargeant en direction du no man’s land les séparant du bloc Z. Vers 19h20, une centaine de supporters de Liverpool envahit la tribune italo-belge, une prise de tribune propre à la culture hooligan britannique. Supporters italiens et spectateurs belges tentent d’échapper à cette horde de supporters en se repliant vers l’autre extrémité de la tribune, provoquant une bousculade massive. Italiens et Belges cherchent à se réfugier sur le terrain, mais les portes y donnant accès sont verrouillées. Les forces de l’ordre repoussent même les supporters tentant de fuir sur la pelouse. Les supporters sont concentrés dans la tribune, les possibilités de fuir inexistantes, le sort en est jeté : les grilles de séparations des tribunes, ainsi qu’un muret s’effondrent.

Des dizaines de personnes sont piétinés, d’autres étouffent, et le bilan est lourd : 39 morts, italiens pour la plupart, et plus de 600 blessés. La situation manque de s’envenimer davantage lorsque les supporters de la Juve, qui ont suivi les évènements depuis la tribune opposée, tentent de pénétrer sur la pelouse pour en venir aux mains avec les supporters de Liverpool, affrontement que les forces de l’ordre parviennent de justesse à empêcher. La finale ne débute qu’à 21h30 et voit la Juventus l’emporter 1-0 grâce à un pénalty de Michel Platini, mais ce succès est presque anecdotique. Le caractère effroyable des évènements l’emporte sur la dimension sportive, le hooliganisme gâche ce qui aurait pu être l’une des plus belles finales de l’histoire de la C1. A l’issue d’un procès à Bruxelles en 1989, 14 supporteurs de Liverpool sont condamnés à trois ans de prison, des peines parfois réduites en appel un an plus tard. Les clubs anglais sont privés de compétitions européennes pendant cinq ans, Liverpool pendant six ans. Mais tout ceci, tout comme le changement de nom du stade, rebaptisé Stade Roi Baudouin, ne suffira pas à faire effacer le souvenir de ces évènements dramatiques, dans une enceinte où Michel Platini refuse encore de mettre les pieds.