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Июнь
2024

Leur maison est menacée par un glissement de terrain : une famille de Corrèze plongée dans l'angoisse

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Le 30 mars dernier, tout a basculé. Quand Charlotte et Jérémie Peyre se lèvent vers 7 heures, ils trouvent un très gros bloc de pierre sur la terrasse de leur chambre, à l’arrière de leur maison. Une maison ancienne, en pierre, typique du coin, adossée à la colline, à Saint-Viance. Le couple l’a achetée il y a sept ans.

Pierres, troncs, branches dévalent la pente sur 40 mètres

En levant les yeux, « on a vu un frêne qui était en train de tomber. À 9 heures, il est tombé, déracinant son énorme souche ». Ils décident de prévenir leurs voisins et de ne pas changer leurs plans : partir pour le week-end de Pâques avec leurs deux enfants de 3 et 5 ans. Mais une heure plus tard, dans le sillage du frêne, boue, blocs de pierres, troncs, branches dévalent la pente sur quarante mètres créant une saignée dans la forêt. « Il y avait eu de fortes intempéries. Le terrain était gorgé d’eau », glisse Jérémie Peyre. Le tout s’arrête à quelques dizaines de centimètres du mur de leur chambre. La boue s’infiltre dans le garage et dans le cellier.

Contraints de quitter les lieux

En recevant les photos de leurs voisins, ils sont abasourdis. À leur retour de week-end, ils restent quatre jours dans la maison avant de quitter les lieux. « On ne pouvait pas rester.

On était alerté par le moindre bruit. On ne dormait plus.

On était flippé pour la maison. On ne se sentait pas en sécurité », se souvient Charlotte Peyre avec émotion. La famille ne reviendra chez elle que deux mois plus tard.

La Corrèze a déjà connu deux glissements de terrain dramatiques dans son histoire

Le jeune couple prévient la mairie, les services de l’État « qui n’interviennent pas sur le domaine privé » et bien sûr son assureur. « Au départ, on voulait des conseils. On voulait savoir si c’était dangereux pour la maison, pour notre famille… »

D'énormes travaux de sécurisation à prévoir...

Le couple les trouve auprès d’un entrepreneur dans les travaux publics qui vient pour estimer le chantier à réaliser. « Il nous a dit qu’un bloc en haut pouvait bouger. Il fallait évacuer les boues, renforcer et reconstruire un enrochement à partir de celui qui existait. Il fallait aussi créer un fossé en haut du terrain pour drainer les eaux de pluie. Détourner ces eaux, c’était d’ailleurs la priorité. C’est un chantier compliqué, car difficile d’accès. » Évidemment, le prix s’en ressent. Un devis est établi : 65.000 euros. Première douche froide. Glaciale même.

... que leur assurance ne finance pas

Le 18 avril, l’expert de l’assurance leur rend visite. « On pensait au moins que la mise en sécurité de la maison serait prise en charge. » Deuxième douche froide. « Il nous annonce qu’ils ne prendront pas en charge les travaux, car il n’y a pas de dégât dans la maison. On a eu droit à 500 euros pour la cave et le cellier. Avec la franchise, on a reçu un chèque de 260 euros pour nettoyer la boue. »

Pourtant, le couple a souscrit dans son contrat un renfort événement climatique. « Mais ils nous disent que quand cela concerne le terrain et non la maison, ça ne fonctionne pas. Il faudrait pourtant que les clauses des assurances s’adaptent, car tout le monde va être confronté de plus en plus souvent à des événements climatiques. » La mairie de Saint-Viance « très réactive » demande le classement en catastrophe naturelle. « Cela change simplement la case de garantie, mais ça ne permet pas non plus d’être indemnisé. »

« En attendant, on va où, nous ? »

Le 19 avril, Charlotte et Jérémie Peyre reçoivent un ingénieur géotechnique à leurs frais. « Dans son rapport, il indique que le “risque de dégâts majeurs est non nul” et qu’il faut “purger la zone d’urgence”. On a transmis à l’expert de l’assurance. Ça n’a rien changé. »

Dernier recours pour la famille qui, le chat sous le bras, va d’appartements en maisons, pendant deux mois : « déclencher la protection juridique pour faire fonctionner la responsabilité civile du propriétaire de la parcelle au-dessus de la nôtre, également touchée par une partie du glissement de terrain ». Mais, pour eux, ce serait partir pour « des mois, voire des années d’expertises et de contre-expertises. Et on ne peut rien toucher. En attendant, on va où, nous ? On paie un loyer en même temps que notre crédit ? »

À la moindre averse, l’angoisse remonte

Pour leurs enfants, ils tiennent le coup, maintiennent l’équilibre familial, malgré le « retentissement psychologique », avant de décider de revenir chez eux. « Pour rentrer, la condition, c’était qu’il fasse beau », pose Charlotte Peyre. À la moindre averse, l’angoisse remonte. « L’expert des travaux publics est revenu il y a une quinzaine de jours et s’est montré rassurant. Le risque n’est pas nul, mais il n’est pas majeur », enchaîne son époux. Le couple a toutefois laissé sa chambre à l’arrière de la maison pour occuper la chambre d’ami.

Coulées de boues, maisons fissurées, routes qui s'effondrent : que risquons-nous vraiment en Corrèze ?

Des amis qu’ils vont solliciter pour récolter une partie des 65.000 euros dont ils ont besoin pour financer les travaux. Le couple a lancé une cagnotte en ligne, espérant alléger « l’épée de Damoclès financière » qu‘ils ont au-dessus de la tête. 

Texte Émilie Auffret Photos Stéphanie Para