Une compresse retrouvée dans le corps d'un patient à Vichy : un chirurgien face à la justice
Il lui avait fallu quatre ans. Quatre ans de douleurs, de nuits tourmentées, d’interrogations, avant qu’un énième scanner ne lui apporte une réponse, début 2019. Si cet homme souffrait tant, c’est parce qu’une compresse avait été oubliée dans son corps après une opération de l’appareil digestif subie en septembre 2015 à l’hôpital de Vichy.
Un lien direct avec les douleurs ?Le tissu avait alors été retrouvé au niveau de l’urètre de ce patient, suivi de longue date pour un cancer. Immédiatement, ce Puydômois, aujourd’hui âgé de 83 ans, avait alors déposé plainte contre l’hôpital. Lequel était remonté jusqu’au chirurgien qui avait procédé à l’opération. Et ce dernier l’avait bien vite reconnu : oui, une compresse manquait à l’appel au terme de l’intervention. Mais pour ce praticien, qui a rappelé face aux juges à quel point cette opération « avait été complexe », des recherches avaient été menées pour tenter de retrouver le bout de textile. Et notamment une radioscopie, qui n’avait rien montré d’alarmant.
Aussi, pour le chirurgien, peut-être y a-t-il eu « une erreur de conditionnement » qui aurait pu expliquer la différence entre le nombre de compresses comptées après l’acte et celui indiqué sur le paquet. En tout cas, d’après l’avocate du prévenu, venue plaider la relaxe, « rien n’indique que les complications du patient soient uniquement dues à la présence de la compresse ». Et, du reste, « des recherches ont été effectuées, quoiqu’on en dise, pour tenter de retrouver cette compresse, tant dans le corps du patient, que dans la salle et sur le sol ».
« Pas de volonté de nuire, mais une faute »Des recherches, certes, mais présentées comme « insuffisantes » par une expertise. Et le parquet de soutenir ce point de vue, estimant notamment qu’un scanner complet aurait pu rapidement être prescrit au patient, une fois ce problème de compresse constaté. « Et s’il n’y a eu évidemment aucune volonté de nuire délibérément, il y a eu une faute. Et le préjudice pour le patient a été important ». En conséquence, une peine de six mois de prison avec sursis a ainsi été requise contre le chirurgien de 44 ans. Le tribunal correctionnel de Cusset rendra son délibéré le 27 juin prochain.
Pierre Geraudie