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Май
2024

Mayotte : l’épidémie de choléra continue de se propager

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Une épidémie qui est loin de ralentir. Le nombre de cas de choléra à Mayotte s’élève désormais à 85, selon un nouveau bilan communiqué vendredi 17 mai par Santé publique France (SPF), qui a aussi appelé à la mobilisation de nouveaux réservistes sanitaires pour remplacer ceux dont la mission va s’achever.

"Au 15 mai 2024, 85 cas de choléra ont été signalés à Mayotte depuis le premier cas le 18 mars 2024, dont 68 sont des cas autochtones et 17 ont été importés des Comores ou des pays du continent africain", indique l’agence sanitaire publique dans un point épidémiologique hebdomadaire. Le dernier bilan, le vendredi 10 mai, faisait état de 65 cas. L’épidémie a jusqu’ici fait un mort - une fillette de 3 ans - et sept cas nécessitant des soins de réanimation.

La grande majorité des cas (61) ont été détectés dans la commune de Koungou, "dans un quartier précaire avec des difficultés d’accès à l’eau potable et des défauts d’assainissement", principaux risques de diffusion de la maladie, rappelle SPF. "Cette situation est partagée avec plusieurs autres quartiers informels de certaines communes de Mayotte : non-raccordement des foyers à l’eau potable, absence d’évacuation des eaux usées, partages de latrines notamment", ajoute l’agence de santé.

"Un risque de transmission locale sur tout le territoire"

"Cette transmission communautaire du choléra à Koungou et le risque d’importation de nouveaux cas de choléra des Comores exposent Mayotte à un risque de transmission locale sur tout le territoire, en particulier dans d’autres quartiers précaires", souligne toujours Santé publique France.

Un nouveau foyer a ainsi été signalé il y a trois jours sur la commune de M’tzangamouji, où cinq nouveaux cas autochtones ont été signalés. La mairie de Koungou a de son côté pris un arrêté ce mercredi afin de "fermer temporairement tous les établissements scolaires des villages de Majicavo Koropa et Majicavo Lamir" jusqu’au 18 mai, précise un document que l’AFP a pu se procurer. Une élève atteinte a été identifiée le 14 mai au sein d’une école élémentaire de Majicavo Koropa. Les autorités sanitaires ont depuis désinfecté les lieux.

Un protocole sanitaire prévoit la désinfection du foyer du malade, l’identification et le traitement des cas contacts et une vaccination "en anneaux", élargie progressivement. Au 13 mai, 4 456 cas contacts avaient été vaccinés sur l’île, selon Santé publique France qui participe notamment à l’envoi de vaccins de métropole.

Un appel au renfort de nouveaux réservistes sanitaires

Sur le terrain, 86 volontaires de la réserve sanitaire, gérée par SPF, sont mobilisés en "renforts" depuis la mi-avril, dont 54 spécifiquement sur le choléra. "Certaines missions arrivant à leur fin prochainement (elles durent généralement un mois), une nouvelle campagne de recrutement" est en cours, précise l’organisme.

Dans un communiqué, Convergence infirmière, troisième syndicat des infirmiers libéraux, réclame des "mesures de crise", notamment la mise à disposition pour les professionnels de vaccins et de "kits choléra" (réservoir d’eau avec robinet et savon pour se laver les mains, par exemple sur son véhicule). Le syndicat estime que "le nombre de cas réels est bien plus élevé", car le comptage se fait "sur confirmation biologique" et qu’il est difficile de consulter. Sans oublier "l’isolement des étrangers en situation irrégulière, qui se déplacent de moins en moins et se cachent au vu de l’opération 'Mayotte place nette'", alors que la situation sécuritaire et économique reste extrêmement tendue sur l'île.

Les premiers cas de choléra à Mayotte ont été recensés mi-mars chez des personnes revenant des Comores voisines, où l’épidémie flambe. Les premiers cas chez des patients n’ayant pas quitté l’île sont apparus fin avril.

Effet du changement climatique et de la multiplication des conflits, le nombre de cas de choléra explose actuellement dans le monde, souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les cas rapportés (une partie seulement des cas avérés) ont plus que doublé entre 2021 et 2022 pour atteindre 473 000, puis ont encore grimpé à plus de 700 000 en 2023. Comores, République démocratique du Congo, Ethiopie, Mozambique, Somalie, Zambie et Zimbabwe figurent parmi les pays les plus sévèrement touchés actuellement, indique encore l’OMS.