L'État et Région vont investir 1,38 milliard pour les transports en Auvergne-Rhône-Alpes d'ici 2027
Le Contrat de plan État-Région est complet. Après la signature en 2022 du document général engageant conjointement les deux financeurs, puis la partie « métropoles » en 2023, le volet mobilités a été signé jeudi 16 mai par le président de Région Laurent Wauquiez (LR) et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Ce dernier a repris le volant en marche après l’éviction du gouvernement de Clément Beaune, qui était ministre des Transports.
« Plus de mobilités, moins de pollution, pour tous les territoires. »
La signature a eu lieu dans la petite gare de Brignais, au sud de Lyon, pour montrer que l’accent est mis sur les transports du quotidien et le train. En chiffres, le rail prend en effet le dessus sur la route, puisque 54 % du montant total (1,38 milliard) ira au ferroviaire (voir ci-dessous).
Ce CPER c’est « plus de mobilités, moins de pollution, pour tous les territoires », a déclaré Laurent Wauquiez. Il a aussi insisté sur l’ambition du document qui prévoit 280 M€ d’investissements chaque année, contre 120 et 180 lors des précédents CPER.
Pas de réouverture de petites lignesÀ ceux qui s’interrogeraient, voire s’indigneraient de constater que les routes gardent une part belle dans ce CPER (36 %), Christophe Béchu a expliqué :
« On n’ira jamais mettre des rails partout. Et quand on additionne les sommes de toutes les régions, on arrive au montant historiquement le plus faible sur le plan routier et le plus important sur le plan ferroviaire. »
Si ce CPER a l’ambition de n’oublier personne, tous les financements d’ici à 2027 n’y sont pas, ont prévenu les signataires. La régénération de la ligne Clermont-Paris est par exemple hors CPER. Les travaux qui seront probablement menés dans les années à venir pour améliorer la ligne Gannat-Saint-Germain-des-Fossés n’y sont pas non plus.
Enfin, les associations qui espéraient voir rouvrir les lignes Thiers-Boën ou Ussel-Le Mont-Dore seront probablement déçues. « Il faut être clair, on n’arrivera pas à rouvrir des lignes fermées depuis dix ou quinze ans. Ma bataille, c’est qu’on n’en ferme pas d’autres », a déclaré Laurent Wauquiez.
Un SERM pour l’aire urbaine de Clermont-Ferrand. L’étoile ferroviaire de Clermont-Ferrand fait partie des six aires urbaines de la région (avec Lyon, Grenoble, Annemasse-Genève, etc.) retenues pour la mise en place de Services express régionaux métropolitains (SERM), aussi appelés RER métropolitains.
Il s’agit de renforcer la desserte ferroviaire autour de Clermont (cadencement, amplitudes horaires et capacité d’emport) et de la compléter d’une offre de cars à haut niveau de services et de réseaux de voies cyclables. Montant global 322 millions pour la « première marche » de ces SERM, d’ici 2027.
174 millions d’euros pour les petites lignes ferroviaires. En ajoutant les 430 M€ de l’enveloppe destinée au ferroviaire, on arrive à 54 % de ce CPER pour le seul rail. La modernisation du réseau ferroviaire dit structurant (dont la ligne Clermont-Lyon) et la régénération des petites lignes (174 millions d’euros) sont notamment fléchées.La route au nom du « désenclavement ». La route n’est pas oubliée, puisqu’elle représente 36 % du CPER (494 M€), « pour continuer le désenclavement ». Et aussi parce qu’en janvier 2025, la Région prendra en main, à titre expérimental, la gestion de 756 km de routes nationales, dont une bonne partie en Auvergne : RN 7, RN 209 (Allier), RN 88, RN 102 (Haute-Loire), RN 122 (Cantal).
La Région va expérimenter la gestion de routes nationales, dont la RN 102. Accélérer le développement du vélo. Le développement du cyclisme est prévu avec une enveloppe de 110 M€ pour les véloroutes. La Via Combrailles et une voie verte autour du mont Gerbier de Jonc, en Haute-Loire, sont notamment prévues.
Les socialistes "sidérés". Les élus socialistes de la Région disent être "sidérés" de constater que 494 millions d’euros seront dédiés aux projets routiers du territoire. "Après déduction de la somme allouée aux RER métropolitains (les SERM), ce montant est plus important que celui accordé au ferroviaire ! Ainsi, en allant à rebours des impératifs écologiques actuels, l’Etat et la Région sacrifient le ferroviaire pour s’accorder sur une priorité : la route." Le groupe présidée par Najat Vallaud-Belkacem estime que "les 430 millions d’euros alloués au ferroviaire sont beaucoup trop peu pour répondre aux besoins des territoires. Nous attendions un réel choc d’investissement en faveur du ferroviaire ; notre collectivité n’est pas au rendez-vous."
Laurent Bernard