Dans les coulisses de l'usine qui produit des compotes et des pots de confiture Paquito par millions en Corrèze
Si vous avez acheté, ces derniers temps, des compotes Paquito ou des confitures Top Budget ou Itinéraires des régions en faisant vos courses chez Intermarché ou Netto, vous l’ignoriez peut-être, mais elles venaient forcément de l’usine Delvert de Malemort (Corrèze). D’ailleurs, vous n’êtes pas le seul à en manger, puisque l’entreprise les produit par millions dans les 12.000 mètres carrés de bâtiments qu’elle occupe dans la zone Tour de Loyre.
Rien que l’an dernier, 31 millions de pots de confitures, 90 millions de petits pots de compote et 60 millions de gourdes sont sortis de ses quatre chaînes de production, baignées d’odeurs de fruits en train de cuire.
Un chiffre d'affaires en forte hausseNeuf décennies après sa naissance, à Beynat, dans le sous-sol de son fondateur, Pierre Delvert, et vingt-quatre ans après avoir rejoint le giron du groupement des Mousquetaires, l’entreprise affiche même une santé de fer. Elle est, plus que jamais, l’un des acteurs majeurs du secteur agroalimentaire en Corrèze aux côtés des Valade, Ponthier, Blédina ou Andros.
Delvert est certes loin derrière le géant basé à Biars-sur-Cère au rayon des confitures, ou de Materne, le leader de la compote dans l’Hexagone, qui transforme 120.000 à 140.000 tonnes de pommes par an quand l’usine de Malemort tourne à 12.000, mais il n’en reste pas moins dans le haut du panier des Français.
« Sur la confiture, on est en quatrième-cinquième position sur le marché français, et à la troisième-quatrième place pour les compotes »
Surtout, l’entreprise continue à connaître une croissance forte, illustrée par un chiffre d’affaires qui est passé « de 40 à 58 millions d’euros ces trois dernières années ».L’usine de Malemort transforme 25.000 tonnes de fruits par an pour ses confitures et compotes. Ses quatre lignes de production tournent à un rythme de 11.000 à 19.000 pots à l’heure.
En quelques dates. Créée en 1934 par Pierre Delvert, l'entreprise était à l'origine spécialisée dans la fabrication de confitures. Reprise par son fils Jacques en 1960, elle est installée à Malemort depuis 1968. Le groupement des Mousquetaires a racheté le site en 2000 et y a développé la production de compotes en pots puis à boire, à partir de 2007. En 2022, Delvert a lancé la production de ses premières gourdes 100 % recyclables.
L’attrait pour les marques de distributeursL’expérience et le savoir-faire de Delvert sont bien sûr deux des raisons de ce succès jamais démenti, mais des éléments de conjoncture ont aussi joué en sa faveur au cours des dernières années, à commencer par l’inflation galopante à laquelle les consommateurs ont dû faire face.
Si cette dernière a eu des effets pour l’entreprise avec, entre autres, « un prix du verre qui a bondi de 20 % en deux ans », souligne Pierre-Emmanuel Henry, elle a aussi eu une conséquence bénéfique sur ses volumes de production.
Delvert a directement profité de l’évolution des comportements en caisse avec un recours important des ménages aux marques de distributeurs.
« Les gens ont découvert des produits moins chers, mais avec un rapport qualité-prix intéressant, donc ils restent »
Delvert a commercialisé 31 millions de pots de confitures, l’an dernier. La fraise pour laquelle l’entreprise s’approvisionne essentiellement en Dordogne, et l’abricot représentent 60 à 65 % de sa production.Des volumes en plus liés à la reprise des magasins CasinoAutre effet d’aubaine, on ne peut plus lié à l’actualité, Delvert va directement profiter de la chute du groupe Casino dont 300 magasins en tout vont passer sous pavillon Intermarché dans les mois qui viennent. « Cela va représenter une énorme croissance pour nous, de l’ordre de 10 à 15 % », pointe Pierre-Emmanuel Henry.
En parallèle, pour tenir ses prix, l’entreprise a aussi travaillé sur ses process, notamment en réduisant ses pertes. « Sur les 12.000 tonnes de pommes que nous utilisons, il y a deux ans, nous avions 12 % de matière perdue. Nous sommes désormais à 4-5 %. C’est loin d’être anodin. »Delvert fabrique 90 millions de petits pots de compote (en "coupelles" dans le jargon), notamment sous la marque Paquito. La production bio représente entre 10 à 15 %.
De nouvelles embauches programmées en 2024Pour tenir la cadence, en plus des investissements en réflexion, Delvert entend aussi renforcer ses équipes. Après avoir embauché dix-neuf personnes en CDI, en 2023, pour atteindre la barre des 140 salariés, l’entreprise prévoit dix à douze nouveaux recrutements cette année, notamment de « techniciens de maintenance qui sont des denrées rares ».
En ligne de mire, l’objectif « de monter une équipe week-end » pour passer la production de cinq à six jours sur sept, toujours en 3x8 pour les compotes et en 2x8 pour les confitures.
Alors, à l’occasion des visites organisées cette semaine dans le cadre du 90e anniversaire de Delvert, Pierre-Emmanuel Henry ne se prive pas de faire passer le message. « Un rendez-vous comme celui-ci, c’est à la fois l’occasion de donner de la visibilité à nos marques et de partager la fierté de notre savoir-faire », glisse le directeur du site.
Une usine à taille humaineÀ quelques mètres de lui, Stéphanie, technicienne contrôle-qualité chez Delvert depuis dix ans, mesure à son échelle le chemin parcouru. « C’est quand même beau de voir comment cette entreprise à la base familiale s’est développée tout au long de ces années sans perdre son côté usine à taille humaine. » Vu l’activité du site, on peut penser sans trop s’avancer que ça ne devrait pas s’arrêter de sitôt.La zone de stockage de Delvert, « notre coffre-fort », dixit le directeur du site, contient la bagatelle de 6.000 emplacements de palettes. Chaque jour, dix à treize camions viennent s’y approvisionner pour alimenter les magasins du groupe Intermarché.
Texte : Michaël Nicolas ; Photos : Stéphanie Para