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Май
2024

Concrètement, à quoi sert l'Union européenne en Creuse ?

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Le dernier scrutin avait été boudé par près de la moitié des électeurs creusois. En mai 2019, 47 % s’étaient abstenus de voter lors des élections européennes (tous les cinq ans, environ 450 millions de citoyens européens sont appelés à voter pour élire 720 eurodéputés, N.D.L.R.). « On considère trop l’Union européenne comme un bouc émissaire, constate Isabelle Boudineau, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine déléguée à l’Europe, déplorant le manque de considération pour l’institution. Alors évidemment, ce n’est pas tout rose, il y a une complexité, des lourdeurs administratives. Mais elle irrigue vraiment nos politiques territoriales. »

71 millions d’euros pour la Creuse

Ces liens entre une institution qui peut paraître lointaine et le quotidien de territoires ruraux comme la Creuse, peut s’avérer difficile à entrevoir pour beaucoup de citoyens. Et pourtant.

Le budget de l’Union européenne est voté tous les 7 ans (le budget annuel de l’UE s’inscrit dans un cadre pluriannuel, fixé pour sept ans, N.D.L.R.). Un tiers de celui-ci est dédié à la politique dite de « cohésion » constituée de fonds structurels qui sont ensuite distribués aux territoires. En France, ces budgets sont gérés par les Régions depuis 2014. Durant la période 2014-2020, le département de la Creuse a pu bénéficier de 71 millions d’euros de l’UE afin de financer divers projets.Isabelle Boudineau l’assure : « En fait, l’UE est plus proche des territoires que l’Etat français. Ces politiques de fonds structurels, c’est vraiment ce que ça traduit. Alors quand j’entends le RN dire “on donne plus à l’Europe que l’on reçoit et que l’Etat pourrait faire aussi bien”, eh bien non ! Car l’État fait tout de manière homogène avec des grandes législations et on n’a pas cette attention portée aux spécificités des territoires que nous permet l’Union européenne. »

Lutte contre les déserts médicaux

Concrètement, en Creuse, l’UE a pu jouer un rôle certain dans la lutte contre la désertification médicale. Elle a pu subventionner la récente installation de la maison de santé pluridisciplinaire à Saint-Vaury à hauteur de 720.000 euros. Ou encore financer l’achat de matériels à hauteur de 20.000 euros pour que le centre de santé de Médecins solidaires, à Ajain, puisse bientôt accueillir une deuxième ligne de médecins ainsi qu’une infirmière. « L’Europe aide à lutter contre les déserts médicaux », atteste l’élue régionale. La maison de santé de Lavaveix-les-Mines a, elle, bénéficié de 38.000 euros.

 L’Europe, c’est le quotidien des citoyens, mais aussi leur futur.

Dans son financement de divers projets, l’Europe aspire également à soutenir la recherche et le développement afin de développer la compétitivité. La société Alsapan basée à La Courtine, quatrième acteur français du meuble en kit, a pu bénéficier de 246.000 euros de subventions européennes afin de réduire sa consommation énergétique. En Corrèze, l’entreprise de cosmétique Silab à Saint-Viance a reçu 910.000 euros dans le but de développer son laboratoire de recherche en biotechnologie. « Il faut que nos entreprises montent en gamme pour développer cette compétitivité, soutient Isabelle Boudineau. En France, l’Europe sert beaucoup au développement économique et aussi au maintien de l’emploi. »

Parmi les autres financements majeurs réalisés en Creuse, la restructuration de la Cité internationale de la Tapisserie d’Aubusson qui a bénéficié de 1,3 million d’euros. Cela, dans l’objectif de développer l’attractivité touristique du territoire.Au final, sur sept années, 218.000 projets ont pu être financés grâce à l’Union européenne en Nouvelle-Aquitaine.

« L’Europe, c’est le quotidien des citoyens mais aussi leur futur, affirme l’élue régionale. Si on ne s’y intéresse pas, on avance à l’aveugle pour notre futur. L’Union européenne, ce sont des politiques structurantes qui préparent l’avenir. Les autres grandes puissances du monde vont nous dépecer si on n’est pas capables d’être unis et d’avoir des politiques solides », conclut-elle en espérant que les 8 et 9 juin, l’abstention soit moindre qu’en mai 2019. 

Vincent Faure