Cette espèce menacée d'extinction à la fin du XXe siècle a été observée pour la première fois à Ambert
C’est une très bonne nouvelle pour la biodiversité en Livradois-Forez. Il y a quelques semaines, le Parc naturel régional a capturé, à l’aide d’un piège photographique, des images de deux castors d’Europe du côté de la plaine d’Ambert. "Jusqu’à maintenant, l’aire de répartition de cette espèce s’arrêtait à Sauviat, indique Sébastien Bret, en charge du contrat territorial bassin-versant de la Dore, en charge plus particulièrement de la partie amont du bassin. Nous avions repéré des traces vers Ambert en fin d’année dernière, notamment des crayons, c’est-à-dire des coupes d’arbres. Mais la présence a été officiellement avérée avec les images capturées mi-avril."
Menacé d'extinction à la fin du XXe siècleLe castor d’Europe a été menacé d’extinction à la fin du XXe siècle. Un large programme de réintroduction à partir d’espèces basée dans le Rhône a été mené le long de la Loire. Le castor d'Europe tombe des petits arbres, pour manger dans l'eau les parties les plus tendres qui se trouvent à la cime de ceux-ci. (Photo : Parc naturel régional Livradois-Forez)Si depuis longtemps la présence du plus gros rongeur d’Europe est avérée du côté d’Iloa, à Thiers, il n’avait encore jamais été observé dans le secteur ambertois. "S’il y a trop de courant, le castor n’apprécie pas, il préfère les zones calmes", précise Sébastien Bret. Ce qui pourrait expliquer pourquoi ce dernier ne s’est jamais aventuré au-delà de Sauviat. Jusqu’à maintenant.
2024 célèbre les 50 ans de la réintroduction du castor dans la Loire"Nous avons plusieurs théories sur ce déploiement, indique le spécialiste des cours d’eau en Livradois-Forez. Mais il est difficile de savoir exactement pourquoi il a eu lieu. La sécheresse ? Une population qui se porte bien ? Nous ne savons pas. Quoi qu’il en soit, c’est une très bonne nouvelle. On ne peut que se réjouir de voir une espèce menacée d’extinction coloniser de nouveaux territoires", assure Sébastien Bret.
Voir cette publication sur InstagramPour l’instant, seuls deux individus ont été formellement identifiés. Peut-être un couple.
Les castors sont comme les hirondelles, ils vivent en couple toute leur vie. Ils ont, en moyenne, une portée de deux petits par an. Ils vivent avec deux portées, les plus jeunes, et ceux de 2 ans.
En matière de territoire, les castors se contentent d’un petit espace à proximité de la rivière. "Environ 3 km", précise Sébastien Bret. Mais il faut qu’il y ait de l’eau, beaucoup d’eau.
Concernant les barrages, il n’y a que très peu de chance d’en observer dans le secteur, pour ne pas dire que cela est impossible. "Un seul barrage a été vu dans le Puy-de-Dôme à ce jour, et ce n’est pas chez nous, précise Sébastien Bret. Le castor d’Europe n’est pas comme le castor canadien qui coupe des gros arbres et fabrique d’immense barrage", assure-t-il. Cela peut arriver, mais c’est très rare.
Le barrage est construit pour créer une retenue d’eau pour pouvoir engloutir l’entrée de leur terrier ou hutte, ce dont n’ont pas besoin les castors d’Europe qui sont près des gros cours d’eau.
Cette nouvelle observation est tout un symbole pour le Parc, car 2024 a été estampillée année du castor dans le milieu naturaliste. "L’espèce a été réintroduite dans la Loire il y a 50 ans, à cette occasion, beaucoup d’animations sont prévues pour sensibiliser la population." C’est donc tout naturellement que le Parc va suivre l’évolution de cette espèce du côté de la plaine d’Ambert, en partenariat avec l’Office français de la biodiversité (OFB), en charge des comptages. "Nous avons la mission de gérer la restauration des rivières, nous devons donc prendre en compte cette nouvelle espèce pour les aménagements futurs, indique Sébastien Bret. Et peut-être qu’il va travailler aussi dans le même sens que nous. Vers Ambert, il y a beaucoup de gravières et le castor peut intervenir pour nettoyer cela", espère le spécialiste.
Castor ou ragondin ?
L’arrivée du castor peut être source d’inquiétude pour les habitants d’un territoire. "Les gens imaginent qu’ils vont tout détruire, comme les ragondins. Ou ils pensent au castor canadien qui fabrique d’énormes barrages. Mais ce n’est pas du tout ça", corrige Sébastien Bret, en charge du contrat territorial bassin-versant de la Dore, plus particulièrement sur la partie amont du bassin. Physiquement, impossible de confondre les deux espèces. "Le castor est beaucoup plus gros, et la queue est très différente, on ne peut pas se tromper", assure Sébastien Bret. Et en termes de dégât, le castor n’a rien à voir avec le ragondin qui lui va tout manger, notamment les cultures.
Sarah Douvizy