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Май
2024

Ces petites communes du Puy-de-Dôme qui rêvent de voir le train s'arrêter de nouveau

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Alors que la métropole clermontoise est en train de se transformer pour développer les transports décarbonés, les petites communes périphériques vont-elles rester à l’écart du grand changement?? C’est en creux la question que pose la mobilisation d’élus pour que leurs communes retrouvent une desserte ferroviaire. C’est le cas par exemple de Thuret (1.000 habitants), posée à mi-chemin entre Clermont et Vichy. Depuis plus de cinquante ans, les trains régionaux ne s’y arrêtent plus. La gare était réservée au fret, pour le transport du tabac cultivé dans la Limagne, jusqu’en 2019. En 2022, la commune a racheté la gare et un entrepôt mitoyen à la société Périgord Tabac pour 90.000 €. Depuis, le maire Pierre Lyan et son équipe cherchent à « remettre de la vie » autour de cette friche. Et ils ont entamé les démarches pour qu’une halte ferroviaire soit mise en place.

Nous, on ne demande pas que la passerelle soit plaquée or !

Pierre Lyan s’appuie sur une étude commandée en 2014 par la Région Auvergne pour affirmer que la halte intéresserait « 80 à 130 abonnés à moyen terme puis 100 à 155. » Et c’était avant la forte hausse de fréquentation de ces dernières années dans les trains TER : + 7 % en France depuis 2022, et sans doute davantage en Auvergne-Rhône-Alpes. Alors que la commune s’engage à créer des aménagements (parking, sécurisation, éclairage), Pierre Lyan a l’impression qu’on cherche des prétextes pour ne pas étudier sérieusement le projet. « On nous dit que la réouverture coûterait six millions d’euros, notamment pour créer une passerelle au-dessus des voies. Mais nous, on ne demande pas que la passerelle soit plaquée or?!  »

Ce sentiment est partagé par le maire de Chanat-la-Mouteyre, Nicolas Beaure. Dans la réponse que Frédéric Aguilera, vice-président de la Région délégué aux transports, lui a faite fin 2021, il est écrit qu’il faut compter en moyenne « entre 8 et 10 millions d’euros » pour l’ouverture d’un arrêt ferroviaire.

Un car amène les lycéens… près de la gare

« Quand on aura mis 800.000 €, on aura tout fait?! », estime cet architecte urbaniste. Il milite pour rouvrir une gare fermée depuis longtemps au village de l’Étang, sur la ligne Volvic-Clermont.

« L’État et la Région ont dépensé 4,6 millions en 2020 pour régénérer cette ligne, et il est totalement incohérent de voir qu’aucun arrêt n’a été créé à ce moment-là. En plus cette ligne compte deux voies. Il aurait mieux valu en rénover une seule et créer des arrêts?! »

 

Le maire note qu’un car est affrété par la Région, chaque jour, pour conduire une quinzaine de lycéens de la commune au lycée Blaise-Pascal de Clermont… situé à deux pas de la gare. « Et la métropole de Clermont nous dit, avec son projet Inspire, qu’il faut favoriser l’intermodalité », ajoute Nicolas Beaure.

A Thuret, une banderole a été installée côté voie, qu’on aperçoit en passant en train devant la gare : « Ici, Thuret, une minute d’arrêt ». Si la démarche pour obtenir un arrêt ferroviaire est longue, la période semble propice. Le pôle métropolitain Vichy-Clermont-Auvergne a engagé les démarches en ce début d’année pour créer un Service express régionaux métropolitain (SERM), plus communément appelé RER métropolitain, autour de Clermont-Ferrand.

Sans doute le bon moment d’insister

Une étude relative à la mise en place de ce SERM Clermont-Auvergne vient d’être lancée. « Il s’agit d’étudier la mise en œuvre d’un service ferroviaire cadencé de type RER, mais également d’analyser les conditions nécessaires pour réaliser un service ambitieux à court et long terme. Dans cette étude, les créations de haltes seront analysées », fait savoir la Région.

Il faut cinq à sept ans pour espérer créer une halte ferroviaire, prévient SNCF Gares & Mobilités. En Auvergne, la dernière halte créée l'a été à Aulnat, en 2011. Le très attendu volet mobilités du Contrat de plan État Région, qui devrait enfin aboutir dans les prochaines semaines, devrait apporter des éléments de réponse. La préfecture de Région et le Conseil régional présenteront alors les grandes lignes des financements communs pour les prochaines années, et notamment les cinq SERM prévus dans la région.

Laurent Bernard