La renaissance du château du marquis de La Fayette en Haute-Loire

Lorsqu’on arrive à Chavaniac-Lafayette, le château, avec ses drapeaux français et américain flottant au vent, attire immédiatement l’œil du tout-venant. Imposante, la demeure l’est par ses dimensions, mais aussi par l’histoire de son illustre propriétaire né en ses murs le 6 septembre 1757 : le marquis de La Fayette, le Héros des deux mondes.

Travaux : le Département réduit la voilure

Construit au XIVe siècle, le château a été remanié à plusieurs reprises, notamment suite à un incendie remontant à la fin du XVIIe siècle. Mais c’est au XXe siècle qu’il connaît ses plus grandes mutations, alors qu’il appartient à John Moffat, Américain d’origine écossaise, de 1917 à 1966. L’association franco-américaine Memorial-Lafayette poursuit ensuite la gestion du château avant d’effectuer un transfert de propriété, en 2009, au Département de la Haute-Loire qui souhaite lui redonner de l’éclat et en faire un atout touristique incontournable tant le marquis de La Fayette a marqué l’Histoire de son empreinte.

Devenu un musée, le château de Chavaniac-Lafayette ne cesse de se développer. Pour preuve, les nombreuses études commandées par le Département ces dernières années dont celle présentée en session en décembre 2020. Cette dernière devait permettre à la bâtisse et au parc d’être rénovés et de présenter de nouveaux parcours muséographiques : un sur l’histoire du marquis de La Fayette et un autre sur la période Moffat, avec le Préventorium. Chiffré à plus de 22 millions d’euros, le projet est finalement mis de côté. « Nous manquons de financement, de mécènes », souffle Annie Ricoux, conseillère départementale du canton du pays de Lafayette.Cette année, deux nouvelles salles sont accessibles au public. L’une d’elles reprend l’exposition temporaire sur le Préventorium, accueilli au sein du château de 1918 à la fin des années 1960.

Néanmoins, un dossier moins onéreux, estimé à 8 ou 9 millions d’euros et comprenant trois phases, est en train de se concrétiser, avec des travaux en cours. « Sur ce mandat, nous ne pourrons réaliser que la première phase, qui concerne la réfection du réseau hydrologique, la remise en état des fontaines, la réhabilitation du grand étang et la réfection des allées du parc », souligne Matthieu Soloy, chargé de mission et responsable du château. Les autres phases, qui ne pourront être lancées avant 2027, concernent la restauration de la bâtisse et le travail paysager de la période Moffat, qui comprend de nombreux espaces.

« Que le château soit un outil de médiation pour le public jeune et adolescent »

En poursuivant l’idée « que le château soit un outil de médiation pour le public jeune et adolescent, la volonté affichée est de lier la période La Fayette et la période Moffat », poursuit-il. Dans ce but, deux nouvelles salles ont ouvert cette année. « Cela fait suite à l’exposition sur le Préventorium qui a eu lieu ces deux dernières années : une pièce a été refaite ; la deuxième retrace l’histoire du Préventorium, de son ouverture en 1917 à sa fermeture à la fin des années 1960 », précise Matthieu Soloy. « Nous recherchons toujours des témoignages de personnes qui ont fréquenté les lieux à cette époque. Environ 25.000 enfants malades ont été accueillis sur cette période », insiste-t-il.Né le 6 septembre 1757 au Château de Chavaniac, Gilbert Motier, marquis de La Fayette, est surnommé le Héros des deux mondes suite à son engagement dans la guerre d’indépendance des États-Unis contre la Grande-Bretagne aux côtés de George Wahsington. En France, il a notamment participé à la rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen. Il est décédé le 20 mai 1834 à Paris.

Cette nouveauté n’est pas la seule cette année. Un jeu de piste virtuel sous forme d’enquête permettant de découvrir le château et le parc d’une manière ludique a aussi été mis en place. « Il permet de visiter virtuellement des pièces qui ne sont pas accessibles au public, comme la bibliothèque et la chambre Moffat », sourit Charlène Totin, chargée de conservation et de médiation.

La dernière nouveauté, « très demandée par la population locale », appuie Annie Ricoux, concerne l’ouverture au public de l’étang de la Buanderie, situé de l’autre côté de la route. Ayant souffert des affres du temps, l’espace a été sécurisé pour permettre au public de pique-niquer ou simplement de flâner dans cet endroit préservé dès juillet. « C’est un lieu de promenade et de détente. L’étang est très poissonneux. Les plus curieux pourront observer les nombreuses espèces peuplant ce point d’eau, mais aussi, avec de la chance, apercevoir des loutres », annonce enthousiaste Annie Ricoux. Le projet du Département est, à long terme, de pouvoir ouvrir cet espace à la pêche, mais des aménagements sont encore à prévoir.Au quotidien, une équipe est aux petits soins du château : Matthieu Soloy (responsable du château), Annie Ricoux (conseillère départementale), Charlène Totin (chargée de conservation et de médiation), Coraline Paris (agent d’accueil), Claire Pratviel (régisseuse, guide) et Philippe Veysseyre (intendant).

Cette saison encore, année olympique oblige, le château accueillera une exposition temporaire (à voir du 4 juillet au 3 novembre) sur le sport à Chavaniac-Lafayette dans les années 1920. « John Moffat a emmené des sports atypiques pour la Haute-Loire à cette époque », glisse Matthieu Soloy. Dans ce cadre, une journée 1920 sera organisée le 27 juillet avec un bal en soirée où il est fortement conseillé de participer en tenue d’époque (entrée libre).

Cinéma en plein air, chasse aux œufs, Halloween, visites théâtralisées, Fête des plantes (lire ci-dessous), concert dans le cadre du festival 6 cordes au fil de l’Allier sont quelques-unes des animations annuelles qui ont lieu dans le parc du château. Ces nombreux temps forts ont permis de faire augmenter le nombre de visiteurs. « Nous accueillons environ 15.000 personnes. Chaque année, de nombreux touristes venant des États-Unis visitent les lieux. Ils viennent en groupe ou individuellement, retrace Matthieu Soloy. Néanmoins, la majorité du public vient d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte d’Azur ».

Travaillant activement sur le mécénat et avouant qu’il faut sans doute se tourner davantage vers les États-Unis pour bénéficier d’aides financières, les équipes du château restent mobilisées pour que la bâtisse, son histoire et celles de ses illustres propriétaires ne tombent pas dans l’oubli afin de devenir plus que jamais un lien entre les deux mondes.

Manuel Cladière

Pratique. Plus d’informations sur le site www.chateau-lafayette.com ou par téléphone au 04.71.77.50.32, ou par mail à chateau-lafayette@hauteloire.fr. Dans le cadre de l’appel à témoignages sur le préventorium, il est demandé de contacter directement les Archives départementales de la Haute-Loire au 04.71.02.81.19 ou par mail à archives@hauteloire.fr.

XIVe siècleLe manoir est construit alors que Chavaniac appartient à des bourgeois de Langeac : les Suat.

1701La demeure entièrement détruite par un incendie au XVIIe siècle est reconstruite et probablement agrandie pour devenir un château.

1708Le château devient la prorpiété de la famille La Fayette suite au mariage d’Édouard Motier de La Fayette est de Marie Catherine Suat de Chavaniac.

1757Naissance de Gilbert Motier, marquis de La Fayette, en les murs du château.

1791Le marquis fait moderniser le château par l’architecte Ambroise Laurent Vaudoyer, aidé du peintre Albert Ancica.

XXe siècleLes transformations les plus marquantes du château, appartenant à John Moffat, ont lieu lors de ce siècle, à l’initiative du french Heroes Lafayette mémorial Fund et du Memorial Lafayette dès 1917. Fondations assainies, toiture refaite, reconstruction d’une tour, aménagement diverses (électricité, chauffage central, téléphone...) ont été réalisés.

Le château abrite alors un Préventorium jusqu’à la fin des années 1960.

2009Le Département de la Haute-Loire reprend le château afin de le réhabiliter et de le faire rayonner en Haute-Loire et ailleurs.