Vipère, couleuvre... les serpents sont actifs au printemps : comment réagir lorsque l’on en croise un ?
À l'approche du printemps, il y a des chances que vous décidiez d'aller vous balader sur les sentiers de la région... où vous tomberez peut-être sur un serpent. Vipère ? Couleuvre ? Quelle attitude adopter ? On vous explique. Comment faire la différence entre vipères et couleuvres ? Inutile de se baser sur la couleur ou les motifs. « Ces éléments varient d'un individu à l'autre », assure Gaëlle Caublot, naturaliste. « C'est génétique. C'est comme nous, on peut-être blond ou brun. » Premier paramètre à prendre en compte : la forme du corps. « Chez la vipère, il est en forme de boudin, gros et flasque. Le corps et la queue se différencient facilement, elle est semblable à un petit vermisseau. Ce n'est pas le cas chez la couleuvre, qui possède un corps affiné. »
« Si vous trouvez des œufs de serpents dans votre jardin, ils ne peuvent appartenir qu'aux couleuvres. Les vipères sont vivipares. »
En s'approchant d'un peu plus près, la tête du serpent peut permettre de déterminer l'espèce. Et plus précisément les écailles. « Les couleuvres ont de grosses écailles, elle n'en ont qu'une seule rangée entre l'œil et la mâchoire. À l'inverse, les vipères possèdent un tas de petites écailles. » Les yeux sont aussi un élément primordial. « Les pupilles sont rondes chez les couleuvres, et fendues pour les vipères. Elles donnent également l'impression de froncer les sourcils (c'est seulement une impression, les vipères ne possèdent pas de sourcils). »
On peut distinguer les pupilles rondes des couleuvres à collier.
Où a-t-on une chance (ou le risque, c'est selon) de croiser des serpents ? En fonction des espèces, ces reptiles vivent dans tous types de milieux. La vipère péliade, par exemple, préfère les zones humides du nord du département. À l'inverse, la vipère aspic se plaît davantage dans les zones de bocage, plus sèches et rocailleuses. Quant à la couleuvre vipérine, votre seule chance d'en voir est de vous baigner : elle ne vit que sous l'eau. En revanche, la couleuvre verte et jaune se trouve un peu partout.« Les serpents sont très territoriaux et se déplacent peu. Leur territoire se limite souvent à une dizaine de kilomètres carrés. Les grands déplacements, ils les font uniquement en mai/juin pendant la période de reproduction et à la naissance. »
D'une manière plus générale, les serpents aiment vivre dans les milieux écotones, des zones de transition. « Ce sont des endroits qui leur permettent à la fois de se cacher du soleil et des prédateurs, mais aussi de s'exposer au soleil et de se nourrir. » Les haies, lisières de forêt et autres murets représentent ces zones de transition. Si vous aimez ces bestioles, et que vous souhaitez en voir, approchez-vous d'un tas de bois ou d'un tas de pierre. Ils représentent des zones de transition artificielles. À l'inverse, il est préférable pour les gens qui ont une peur bleue du serpent d'éloigner des tas de pierre dans le jardin. Ou d'acheter des poules. « Elles les attaquent », souligne la naturaliste.
Quand peut-on en voir ? Surveillez le thermomètre. Autant vous prévenir : il n'y a aucune chance d'apercevoir un serpent en hiver. « Il ne peut pas réguler sa température, et ne peut pas produire sa propre chaleur », poursuit la naturaliste. « Lorsque les températures sont trop basses, il ne peut pas bouger car ses muscles ne sont pas actifs. » Le serpent se plaira entre 12 et 27 degrés. Au-delà, il fait trop chaud pour lui. Il risque même la déshydratation. « Il va alors chercher à se cacher et se mettre au frais. Les caves des maisons sont d'excellents endroits pour cela. » Les serpents se déplacent essentiellement pour se reproduire, manger, mais aussi éviter les prédateurs. Quelle est la meilleure réaction à avoir si vous croisez un serpent (et que vous en avez peur) ? Sachez, tout d'abord, que la vipère est très trouillarde. « Elle mord uniquement quand elle a peur et qu'elle se sent menacée », précise Gaëlle Caublot. « Son premier réflexe, c'est la fuite. Elle n'est pas d'un naturel agressif, et n'a aucun intérêt à s'attaquer à quelque chose de plus gros. » Évitez donc de lui faire peur, en paniquant. « Dans un premier temps, il faut reculer tranquillement », conseille la naturaliste. « Ensuite, tapez par terre avec votre pied. La vipère est sourde, et n'entendra pas les éventuels cris poussés par peur. En revanche, elle ressentira les vibrations au sol en tapant par terre. »Que faire en cas de morsure ? Comme il est écrit un peu plus haut, les serpents mordent lorsqu'ils se sentent menacés. Si la couleuvre n'a pas de venin, la vipère en possède. Mais pas de panique, une fois sur deux elle « mord à blanc ». « Pour la vipère, utiliser du venin nécessite de l'énergie, qu'elle préfère garder pour chasser ou se reproduire », poursuit Gaëlle Caublot. Dans le cas où la morsure serait envenimée, notez que les vipères ne sont à l'origine que d'un décès tous les cinq à huit ans pour 1.000 morsures par an. « On ne meurt pas en cinq minutes », rassure la naturaliste. « Il faut plusieurs heures avant que cela devienne problématique. Les plus vulnérables aux morsures de vipères sont les enfants et personnes âgées. »« Il est impossible d'être allergique
au venin de serpent. »
Les vipères possèdent un venin hémotoxique. Autrement dit, il a un impact sur le sang. « Il peut détruire les vaisseaux sanguins, et faire gonfler les membres », prévient la naturaliste. Cette dernière conseille ainsi de se rendre à l'hôpital le plus vite possible, après avoir désinfecté la plaie. Si aucun venin n'est détecté, une simple désinfection suffira. Dans le cas inverse, deux stades existent. « Le premier correspond à un gonflement local ou d'un membre. Dans ce cas-là, de l'antalgique ou de l'antiseptique est appliqué. Le second stade est celui d'un œdème généralisé, soigné par du sérum. » Il est, enfin, inutile de tenter de sucer le venin avec sa bouche, au risque d'infecter cette dernière. Est-il possible de tuer un serpent ? La couleuvre est protégée par un arrêté du 19 novembre 2007. En la tuant, vous vous exposez à 1.500 euros d'amende et un an de prison. « En théorie, il est même interdit de la toucher », complète Gaëlle Caublot. Considérée par la loi comme « partiellement mortelle », la vipère n'est en revanche pas protégée. Il est donc possible de la tuer, mais pas de la mutiler.