Jean-Pierre Siméon, poète en liberté
On a à peu près tout dit de Jean-Pierre Siméon, artisan en poésie. Le mieux ce serait peut-être de le laisser librement parler, ou mieux, d’aller l’écouter le 15 mai à la librairie A la page. Interview.
Avant de vous laisser réagir à vos vers, une simple question. Où en est actuellement Jean-Pierre Siméon de ses états d’âme ? Entre désenchantement et espoir, entre révolte et abdication ? « Le titre de mon livre en dit plus : Avenirs avec un « S ». Un « S » avec ses zigs zags. Où croit-on aller ? Les voyants sont au rouge. Probable le cataclysme. Sur quoi s’appuyer pour espérer. Je crois être d’une lucidité sans compromis. Mais le « S » ouvre des perspectives. On ne peut rien attendre de la croissance, des gens qui la prônent. La poésie est là pour nous parler d’une beauté à retrouver. Au fond de nous. Autour de nous. Le temps presse. La poésie est un acte politique. »
« … Si Dieu avait fait la Terre, pourquoi mettre dans le fruit ce ver, l’homme ? » « La formulation est sévère certes, mais elle veut frapper fort pour amener à réfléchir, moins sur le coupable que ses actions. L’homme a détruit la beauté du monde. Sans peut-être s’en rendre compte. Il a du génie pourtant. Trop peut-être et pourquoi faire ?. »
« La Terre se promet de beaux jours sans l’homme… » « Ce n’est pas un point de vue. C’est d’une grande objectivité. La Terre, avant nous, était d’un merveilleux équilibre. Les morceaux du puzzle s’imbriquaient parfaitement. Nous avons voulu bouger les pions. Le désordre, les désordres viennent incontestablement de nous. »
« Soyez poète, choisissez l’envol. » « Nous autres poètes, nous sommes naïfs, nous croyons chaque matin qu’un ciel est possible, nous croyons que la beauté de l’amandier ne vaut pas moins que l’invention de l’uranium… On fait là allusion à la hiérarchie des valeurs. Pas au pouvoir d’une chose sur l’autre. La fleur de l’amandier ou la bombe atomique ? Giono nous disait, “On invente dans la technique et pas dans le bonheur”. Pourquoi la simple beauté de la vie ne nous suffit-elle pas ? »
« La foi en l’homme est la forme la plus élevée du désespoir ». « J’ai emprunté cette phrase à mon papa qui était un poète humaniste. Avec l’homme, l’espoir n’est jamais comblé. Et pourtant, il faut désespérément aimer l’homme. »
« Dansez, riez, défiez le vide. Il est si rare hélas que l’on vive avant sa mort. » « Vivre intensément et simplement, l’homme ne sait pas faire. J’ai écrit un autre recueil qui s’intitule Levez-vous du tombeau . S’il doit y avoir résurrection, c’est avant la mort. Nous gâchons par trop nos vies. Toujours besoin d’un temps d’avance. Nul n’est besoin de Rolex® et de Maserati®. On peut remplir une vie avec du vent et des sourires. Donnez-vous un soleil , c’est le premier ver de mon livre. »