Pour les rappeurs Alonzo et Soprano,"une dinguerie" de porter la flamme olympique
Ils reçoivent l'AFP, quelques heures avant un concert gratuit sur une scène flottante, sur le Vieux-Port, pour l'arrivée en France de la flamme des JO de Paris-2024.
"C'est un super message que nous deux on soit là, enfants des quartiers nord de Marseille, à faire le Vieux-Port, avec tout ce qu'on a traversé", commence Soprano, une de personnalités préférées des enfants, casquette posée sur la tête.
"J'aurais dit exactement la même chose", sourit Alonzo, tresses et lunettes fumées. Vingt ans après leurs débuts ensemble dans Psy 4 de la rime, ils se chambrent, se complètent.
"On a vu beaucoup d'artistes monter, descendre, monter, descendre, et nous on est toujours là, ce qui est encore plus rare dans un groupe", et "on se parle pratiquement tous les jours", de la famille, des morceaux, malgré nos styles très différents, rebondit +Sopra+.
Avec ces deux jours de fête à Marseille, ils espèrent que le monde verra autre chose que ce que les médias relaient habituellement sur leur ville, qui abrite des quartiers parmi les plus pauvres d'Europe, souvent rongés par le narcotrafic.
Sur le toit du Vélodrome
"Je veux que les gens voient ce que tout le monde ressent quand on va au stade Vélodrome", "la ferveur", ce "truc de fou" qui ressort, que l'Olympique de Marseille, le mythique club de la cité phocéenne, gagne ou perde.
"C'est une ville cosmopolite et que la flamme vienne à Marseille, c'est un peu logique tu vois, parce que c'est ici qu'on voit la somme de toute la Méditerranée, de toute l'Europe", poursuit Soprano.
"On a grandi avec toutes les origines, on se partageait le sel", explique Alonzo: et ce soir, le concert, "pour nous, c'est tellement gros, tellement grand, qu'on se rend même pas compte. De participer à un tel événement, de chanter pour la flamme, c'est une dinguerie".
"Honnêtement, jusqu'à maintenant, j'arrive pas à y croire", poursuit-il. Les JO, ils regardaient ça à la télé quand ils étaient petits, ils voyaient de "grandes personnalités": alors porter la flamme jeudi, "je me dis, +mais qu'est-ce que je vais foutre là moi, minot des quartiers Nord de porter la flamme olympique avec tout ce que ça représente !+".
Soprano va même porter la flamme, "sur le toit du Vélodrome normalement", confirme-t-il.
Alors certes, ils ne sont pas de grands sportifs. "La pétanque, c'est un sport ?", ironise Alonzo. Mais pour eux, le sport ça représente "la discipline, le vivre-ensemble".
Et des sportifs qui les ont inspirés, il y en a plein: Michael Jordan, Marie-Josée Perec, Carl Lewis, Ben Johnson, Usain Bolt. Le sprinter jamaïcain, ils ont même réussi à le faire venir dans leur quartier du Plan d'Aou, "les gens du quartier ils étaient fous", mais "j'avais pas travaillé mon anglais" et "j'ai pas pu converser" avec lui, regrette aujourd'hui Alonzo.
Ces JO, ils vont les suivre, surtout le basket avec le prodige tricolore, Victor Wembanyama.
Mais avant ça, y a match, jeudi soir: la demi-finale retour de Ligue Europa de l'Olympique de Marseille face à l'Atlanta Bergame.