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Май
2024

Vouloir complètement se passer des écrans pour les enfants est une erreur, par Emmanuel Freund

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"À la recherche du temps perdu". Quelle remarquable appellation pour désigner le rapport rendu par la commission des écrans le 30 avril au président de la République. Ces conclusions mettent en garde contre "l’hyperconnexion subie des enfants", soulignant ses effets néfastes sur leur santé, leur développement et leur futur, ainsi que sur celui de notre société et de notre civilisation. Comme un coup de projecteur sur ce que nous sommes, et ce que nous faisons, cet événement déclenchera peut-être la remontée d’un souvenir d’enfance heureux, sans que l’on ne cherche à s’en rappeler, et entraînera sûrement une certaine nostalgie de ces moments perdus et de ce que l’on était.

Ou pas.

En effet, nous n’empêcherons pas les écrans d’exister, ni les addictions qui en découlent. Donc autant faire en sorte que le contenu soit le plus qualitatif possible. Il serait hypocrite de tourner totalement le dos aux écrans. Comme les écrans de télévision dans les années 60, les écrans de smartphone sont là pour rester, et longtemps. Le problème n’est donc pas tant leur existence, mais bien ce que l’on en fait. En ça, les créateurs de plateformes ou de contenus digitaux ont une véritable responsabilité. Ceux qui maîtrisent les nouvelles technologies détiennent un pouvoir considérable : apporter savoir et connaissances à leurs utilisateurs ou participer à leur abrutisation en les étouffant de fake-news et de contenu qui nuit à leur éveil.

Plaisir et apprentissage de qualité

Nous sommes convaincus que les technologies sont un véritable levier pour favoriser l’éducation des plus jeunes. D’une part, la digitalisation des outils garantit leur accessibilité au plus grand nombre. Les récentes avancées technologiques - telles que l’IA générative - permettent par ailleurs de concevoir des solutions adaptées aux besoins des jeunes, tout en proposant un format divertissant grâce à la gamification. Allier plaisir et apprentissage de qualité, telle est l’ambition que nous devons nous fixer. Il faut faire le tri entre les bons et mauvais contenus.

Vouloir complètement se passer des écrans est une erreur. Ils représentent une opportunité incroyable, notamment en matière d’éducation. Si rien ne prouve que les écrans permettent d’apprendre mieux que les manuels, les opportunités offertes par le numérique et l’intelligence artificielle sont infinies. Ils viennent accompagner le travail de l’école jusqu’au foyer. En classe, un professeur ne pourrait jamais, et c’est normal, se dédier exclusivement à un enfant, et adapter l’enseignement à son rythme, son niveau, alors que l’IA générative permet de le faire. Elle donne confiance à l’enfant, qui devient acteur de son apprentissage et maître de son évolution.

Ainsi, ne serait-il pas plus judicieux de conduire l’addiction aux écrans vers des contenus de qualités au lieu de vouloir brider au maximum les enfants ? Si nous pensons au contenu et aux écrans et aux dangers qu’ils représentent, nous pensons naturellement aux jeux vidéo.

Le rôle clé des parents

Un enfant de 8 ans qui joue aux jeux vidéos n’est pas un enfant passif. Ce n’est pas la même chose de regarder la télévision et d’être passif, que de jouer à un jeu vidéo. Ici, nous pouvons questionner le rôle parental. Les recommandations auront un impact réel seulement si les parents réévaluent leurs propres habitudes face à l’influence omniprésente des écrans dans leur vie quotidienne. Avec une moyenne de sept appareils connectés par foyer, comprenant téléphones, ordinateurs, montres connectées et téléviseurs, il devient essentiel pour les parents de se demander : pourquoi priver leurs enfants d’écrans s’ils sont eux-mêmes constamment immergés dans leur utilisation ? Les experts dénoncent la marchandisation croissante de nos enfants, attribuant cela aux stratégies techniques et numériques des acteurs économiques, mais il est crucial de reconnaître que les parents jouent un rôle clé dans ce processus en tant qu’agents de liaison. Pourtant, ils devraient être les premiers à faire preuve d’exemplarité. Pour ce faire, il faut briser la croyance générationnelle selon laquelle tous les écrans sont synonymes de risque.

Encadrer l’utilisation certes. Mais les dénoncer comme monstre tentaculaire est encore une fois un choix politique sévère qui vise à nourrir une crainte excessive. Il faut éduquer, accompagner et informer. C’est dans ce sens que nous devons collectivement travailler pour qualifier les écrans sans diaboliser. Les créateurs de plateforme ont une responsabilité dans ce débat.

*Emmanuel Freund est co-fondateur et PDG de PowerZ