"Les rapports humains ont changé" : comment les Galaxies se sont transformées en 50 ans à Clermont-Ferrand

Des tours de 15 étages à moins d’un kilomètre de la place de Jaude ! Le projet, né à la fin des années 60 et qui vit ses premières tours sortir de terre en 1973, avait révolté les Clermontois qui n’avaient encore jamais vu d’ensembles pareils dans leur centre-ville. C’est pourquoi la majorité des premiers acquéreurs ne venaient pas de Clermont, et se sont laissés séduire par des logements modernes destinés à “une France moyenne qui veut vivre agréablement”.

Un slogan que ne renient pas les tout premiers habitants que nous avons rencontrés et qui se sont installés dès le printemps 1973 dans des tours encore vides. Anne-Marie et Paul Monier, eux, venaient bien de Clermont. D’un rez-de-chaussée d’une petite maison à Philippe Marcombes devenu trop petit avec leurs deux enfants. Deux “Michelins” qui ont donc tenté l’aventure d’acheter un F4 au deuxième étage des deux premières tours jumelles construites : les Antarès : « Comme les Clermontois n’appréciaient pas le projet, les prix, à l’époque, étaient abordables. » Mais premiers arrivés dans la tour, il leur a fallu essuyer les plâtres : « le parking n’était pas encore construit, et une Tiretaine nauséabonde coulait au pied. Mais la vie était agréable avec tous les commerces alentour dont la fameuse SOCAP Michelin à côté de la CCI » sans oublier la cabine téléphonique au pied de chaque immeuble, souvent prise d’assaut par de nombreux habitants qui n’avaient pas le téléphone ».

Gilbert Mallet : 50 ans de bonheur dans les Galaxies

Très vite, les tours se sont remplies, et un autre phénomène, plutôt inattendu, est apparu : « Il y avait beaucoup de jeunes couples, du même milieu. Des jeunes familles de la classe moyenne avec les mêmes préoccupations. Alors on se voyait, on se parlait et on se soutenait. On se réunissait les uns chez les autres » se souvient Jacqueline Jarry, elle aussi arrivée au printemps 1973 dans la première tour. « On a donc fondé une association pour se soutenir les uns les autres, et on se voyait tout le temps ! » 

Tout a changé !

Évidemment, en 50 ans, tout a changé. En montrant le panorama, Paul Monier se souvient : « Il y avait la Tiretaine qui coulait en bas, et partout de ce côté, des friches industrielles. Et pas mal de vieux bâtiments pas très engageants. Pratiquement tout ce que vous voyez aujourd’hui est nouveau ». Et même les appartements ont changé. Quand ils ont eu leur troisième enfant, les Monier ont quitté leur F4 des tours Antarès pour un grand F6 au 9e étage des tours Vega. Ils y ont gagné un balcon, qui n’existait pas dans les anciennes tours, et qui offre une vue à couper le souffle. Et avec le temps, ils se sont mis aux standards actuels : « Avant, ce grand salon, c’était trois pièces : salon, salle à manger, cuisine. On n’en a fait qu’une et beaucoup de gens ont fait pareil : quand les enfants s’en vont, on n’a plus besoin de toutes ces pièces, et côté confort, ça n’a rien à voir ».

50% de retraités

Tout va pour le mieux, donc, aux Galaxies, à quelques détails près : « Les rapports humains ont changé. Télévision, portables et internet, les jeunes vivent autrement et nous, on vieillit. Aujourd’hui aux Galaxies, il y a 50 % de retraités, et parmi eux, 60 % de femmes seules. Mais on ne peut pas comparer avec avant. Le monde change. En mieux et en plus mal, et de toute façon, on s’habitue. Mais on finit par se demander si on se resserrera la main un jour ».

Les grandes dates

Années 60. Comme de nombreuses villes, Clermont manque de logements pour une population qui explose. Parallèlement, de nombreuses entreprises occupent encore un centre-ville où elles causent de plus en plus de nuisances. L’idée est donc de repousser les entreprises comme Bergougnan et Ollier qui occupent des dizaines d’hectares, à l’extérieur, et de construire des immeubles à la place. C’est le pari des Galaxies.1971. Les deux premières tours sortent de terre : les tours Vega. Suivront les tours Sirius, Aquila, Météor et Vega au rythme d’une tous les 18 mois.1974. Au mois de mai, le parking Auriga des habitants des Galaxies, dont les travaux ont commencé en octobre 1972, s’achève. Il s’agit d’un parking de 800 places sur 10 niveaux, car la zone est inondable, et ne permet pas la construction de parkings souterrains. Ses murs en verre permettent de réaliser des économies d’éclairage.1989. La Tiretaine est enfin couverte et ne coule plus au pied des tours.1993. Une nouvelle isolation extérieure est mise en chantier. Les travaux dureront deux ans et modifieront l’aspect des tours. C’est cet aspect-là que nous connaissons aujourd’hui, avec une petite singularité pour les tours... qui ont choisi un autre constructeur.

Arnaud Vernet