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Май
2024

Cinq questions autour du projet de reprise de l'abattoir d'Issoire

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Ne l’appelez plus abattoir d’Issoire, mais désormais Pôle viandes Puy-de-Dôme. Lundi 6 mai, lors d’une séance tardive du conseil d’Agglo Pays d’Issoire, les élus ont acté à une très large majorité (une abstention) la création et la capitalisation à une société d’économie mixte locale (SEML) composée de plusieurs actionnaires, avec le Conseil départemental du Puy-de-Dôme comme principal, qui s’occupera dorénavant d’exploiter l’établissement.

1. Comment s’est déroulée la reprise?? Depuis 1992, la société des abattoirs d’Issoire gère le site multi-espèces (bovins-veaux, porcs, ovins-caprins) situé dans la zone industrielle des Listes. Il était la propriété de l’entreprise Tinel. Le groupe a cédé une partie de son activité fin 2023 et dans le cadre de ce processus, l’activité de l’abattoir n’a pas été maintenue. "J’ai rapidement informé les élus de cette menace de fermeture de l’abattoir d’Issoire", commente Bertrand Barraud, président de l’Agglo Pays d’Issoire.

L’élu a contacté le président du Département du Puy-de-Dôme qui, dès décembre 2023, s’est rendu sur place. "Le dossier n’était pas simple, mais il cochait plein de cases", a réagi Lionel Chauvin. Le président mettant tout de suite quelques garde-fous comme celui d’une reprise uniquement en associant acteurs publics et privés. "Si c’était 100 % public, je fermais le dossier."

Des aides de la Chambre des métiers, de l’artisanat et des bouchers

Lionel Chauvin a aussi obtenu l’accord de l’ancien patron de Tinel, Luc Jamon, pour que les salaires des neuf employés soient maintenus le temps qu’une solution soit trouvée.

"Je tiens à souligner le rôle du chef d’entreprise qui a tout fait pour favoriser une reprise"

Pour permettre d’étudier la possibilité de remise en route de l’activité (reprise, gestion, exploitation…), la Ville d’Issoire a délégué au Département la compétence abattoir. Le Conseil départemental, lui, se mettant en quête de partenaires. "Nous avons été aidés par la Chambre des métiers et de l’artisanat et les bouchers du Puy-de-Dôme", narre le président qui a également souhaité associer toutes les filières : agriculteurs, transformateurs, transporteurs, bouchers et grande distribution.

1.300 passeront, la première année, par l'abattoir. Photos Pierre Destrade.  À la suite de visites du site issoirien, plusieurs acteurs ont souhaité s’engager à la fois financièrement et en apportant de l’activité à l’établissement.

2. Pourquoi cette reprise?? Pour le Département, c’est une "réelle opportunité" d’assurer le développement d’une activité d’abattage d’envergure départementale et d’apporter une réponse aux plans alimentaires territoriaux. Il devrait favoriser le maintien des filières économiques de proximité et notamment le maintien et le développement de l’élevage, mais aussi valoriser la viande en circuits courts. Disposer d’un abattoir de proximité accompagne, par ailleurs, le « bien-être » animal. "Faire voyager les bêtes est un non-sens, à la fois environnemental, de protection animale, mais aussi économique. Car une bête qui voyage perd en qualité et en quantité", complète Bertrand Barraud, qui exerce la profession de vétérinaire.

3. Quel modèle juridique?? "Le Département a travaillé de manière exceptionnelle pour présenter un plan de reprise, a tenu à souligner Bertrand Barraud. Je suis même bluffé de voir la solution trouvée en seulement quatre mois."

Le département actionnaire majoritaire

En effet, la décision a été prise de fonder une société d’économie mixte locale (SEML), fruit d’un partenariat public (84,8 %) et privé (15,2 %). "C’était la meilleure solution", appuie le président Chauvin. La société du Pôle viandes Puy-de-Dôme, qui aura la charge de la gestion et de l’exploitation du site, va être constituée. Elle disposera d’un capital social d’un million d’euros (50 % à la création de la structure, 25 % en année N + 1 et les 25 % en année N + 2) repartis, pour l’instant entre le Département qui sera majoritaire en apportant la somme de 638.000 €, l’Agglo Pays d’Issoire (200.000 €), le Massif du Sancy (10.000 €) ainsi un pôle de douze privés (152.000 €).

"Nous disposons de toute la chaîne au capital : producteurs, bouchers, grossistes, grande distribution…"

D’autres EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) devraient également entrer au capital. Elles apporteraient une somme qui sera déduite de la part initiale du Département.Les neuf salariés seront repris. Photos Pierre Destrade. 4. Quel projet?? Cet abattoir de proximité dispose déjà d’un prévisionnel d’activité estimé à 1.300 tonnes lors de la première année de fonctionnement. "Sous Tinel, 2.400 tonnes étaient réalisées. Sur le site, on a la capacité de monter jusqu’à 5.000 tonnes. Mais nous n’irons pas aussi loin. Nous prévoyons d’arriver à 2.200 tonnes d’ici à quatre ans", chiffre le président départemental.

Une modernisation prévue

Un plan d’investissement de 2,3 millions d’euros (en faisant notamment appel à un emprunt) est prévu pour répondre à l’ensemble des obligations de mise aux normes ainsi que des travaux d’amélioration de l’outil.

"678.000 € pour le rachat du site et des équipements, 1,43 M€ pour le plan de modernisation (comme la bouverie)"

La modernisation de l’atelier de découpe est aussi prévue. "L’objectif est d’apporter plus de matériels pour avoir un service qualitatif", insiste-t-il.

5. Et demain?? Concernant le calendrier, le Département a délibéré le 29 avril, l’Api lundi 6 mai et le Massif du Sancy il y a peu. "L’objectif est de créer administrativement la SEML avant le 1er juillet", fixe Nicolas Portas.Des travaux vont être réalisés prochainement.

Les travaux devraient être lancés en parallèle et pourraient se terminer à la fin de l’été. "La reprise de l’activité est, elle, prévue pour l’automne", estime le responsable. Un nouveau directeur devrait d’ici là rejoindre l’aventure. Par ailleurs, le président de l’Agglo Pays d’Issoire a assuré qu’il fallait aussi "travailler en intelligence avec l’abattoir d’Ambert et celui de Brioude".

Tandis qu’un nouveau tour de table pourrait être réalisé afin d’intégrer d’autres partenaires privés. "On va approcher des faiseurs de la place qui pourraient être intéressés, assure Lionel Chauvin. Notamment certains qui font abattre leurs bêtes loin du Puy-de-Dôme."

Jean-Baptiste Botella