ru24.pro
World News in French
Май
2024

Cartouche au paradis des oiseaux

0

Mérinchal. Cartouche au paradis des oiseaux. Je n’avais jamais eu d’attirance très marquée pour les chats que je considérais comme des destructeurs d’oiseaux. Un jour, ma fille est arrivée avec, lovée au creux de ses mains, une petite boule blanche cousue de fils de soie qu’elle a appelée Cartouche. Avec un nom comme celui-là, elle serait, c’est sûr, rapide comme une balle et une redoutable chasseresse.

Cartouche, boule de tendresse pacifiste

Seulement voilà, avec son petit nez et ses oreilles roses qui soulignaient un regard d’une tendresse infinie, Cartouche était une pacifiste qui ne courait que derrière les caresses. Pourtant comme tous les jeunes chats, elle était très joueuse et a laissé sa griffe sur quelques meubles. Elle pouvait aussi, à la manière d’un écureuil, grimper au faîte du tilleul sous une pluie battante sans pouvoir redescendre sur une écorce lavée et rendue très glissante. Alors il fallait dresser l’échelle. Les bêtises font partie du charme des chats.

Qu’on lui mette une souris entre les pattes, dédaigneuse, elle n’y touchait pas. Par contre, elle aimait bondir dans les fleurs de pissenlits agitées par le vent. Quand elle rentrait, elle avait changé de couleur et endossé le maillot jaune.

Son véritable bonheur, c’était de dormir sur les genoux et il était difficile de s’asseoir sans qu’elle ne manifeste son envie de chaleur humaine.

En 2011, une épidémie a décimé une partie des passereaux, victimes de tumeurs qui les rendaient aveugles. Affaiblis, les oiseaux cherchaient leur nourriture au ras du sol. Cartouche ne les a pas chassés. Nous avions même l’impression qu’elle se faisait la plus discrète possible.

Il y a bien eu un réflexe de coup de pattes qui a déséquilibré et fait tomber un martinet qui volait trop près d’elle en rase-mottes, mais nous l’avons aidé à reprendre son envol. Cartouche a été victime d’un cancer qui lui a mangé ses belles oreilles. Nous l’avons soignée et elle n’a jamais montré la moindre agressivité quand nous nous occupions d’elle.

Finalement elle s’est envolée dans le ciel des oiseaux, mais son fantôme est encore là dans mes jambes et il pousse les portes. J’ai encore au bout de mes doigts les petits battements de son cœur.

Ma tristesse m’a fait penser à celle de toutes les personnes qui doivent se séparer de leurs animaux de compagnie pour entrer en maison de retraite et à tous ces autres animaux, pleins de confiance pour leur maître, qui sont lâchement abandonnés le long des routes.