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Май
2024

Bradage foncier sur la Bande Littorale: Bras de fer entre les maraîchers de Gadaye et les prédateurs fonciers

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Les maraîchers de Gadaye ont exprimé leur colère ce mercredi, dénonçant vivement ce qu'ils considèrent comme un bradage foncier sur le littoral, affectant directement leurs moyens de subsistance.
Lors d'un point de presse ce mercredi 1er mai 2024, les maraîchers de Gadaye ont manifesté leur indignation face à la décision de déclassifier la bande des filaos de Dakar, couvrant une superficie de 826 hectares selon le décret N°2023-813 du 5 avril 2023. Cette action, selon eux, a ouvert la porte à des développements immobiliers aux dépens des agriculteurs locaux. "Nous avons appris par la presse que le Président Macky SALL a déclassé la bande des filaos de Dakar sur une superficie de 826 ha, selon le décret N°2023-813 du 5 Avril 2023, s'étendant de Yeumbeul à Tivaoaune Peulh.

En tant que maraîchers dans cette bande depuis plus de 15 ans, nous sommes consternés de voir notre espace attaqué de jour en jour. En 2018, 23 hectares ont été déclassés pour le maire Daouda NDIAYE et 9 hectares pour le promoteur Demba KA. Pour le déclassement le plus récent en 2023, 3 hectares ont été alloués à CIAM, au site de Moustapha DIOP, au site de la société SAID, et enfin au site de SICAP qui occupe 10 hectares", a déclaré Amadou Badiane, porte-parole des maraîchers.

M. Badiane et ses camarades ont pointé du doigt plusieurs dé-classifications antérieures qui ont déjà considérablement réduit leur espace de travail, laissant place à des promoteurs immobiliers sans compensation adéquate pour les maraîchers déguerpis. Selon lui, cette dernière dé-classification en 2023 a été effectuée sans aucun égard pour les agriculteurs locaux, violant ainsi leur droit fondamental au travail. "Avec la complicité des autorités administratives, les maraîchers qui occupaient ces sites ont été déguerpis sans indemnités adéquates, violant ainsi notre droit sacré au travail. Nous savons que le Président Macky SALL a pris cette décision pour satisfaire ses partisans. Dorénavant, nous ne resterons pas les bras croisés", a-t-il menacé.

La déclaration des maraîchers était accompagnée d'un appel pressant au gouvernement pour reclasser la forêt du littoral et restaurer la bande des filaos, arguant que la préservation de cet espace est cruciale pour des centaines de familles dépendant de l'agriculture dans la zone. "Nous demandons au Président et à son Premier Ministre de reclasser la forêt du littoral et de restaurer la bande agressée. Nous saluons leur décision de suspendre tous les travaux. Cependant, dans l'intérêt de la nation, de l'environnement et des centaines de familles vivant de l'agriculture dans la bande des filaos, cet espace doit être préservé", a ajouté M. Badiane.

Ces maraîchers ont souligné l'impact économique significatif de l'agriculture dans la zone, estimant le nombre important d'emplois directs et indirects créés par l'activité maraîchère. "Nous sommes plus de 120 maraîchers, chacun employant au moins 6 à 7 personnes, pour un maximum de 25 employés. Environ 400 personnes travaillent indirectement, notamment une cinquantaine de BANA-BANA qui opèrent dans la bande. Nous produisons des centaines de kilogrammes de produits agricoles par mois, notamment des oignons verts, des choux pommés, des betteraves, des salades, des tomates, des poivrons verts et même du blé, etc. Imaginez l'impact économique que cela représente", a-t-il déclaré avec indignation.

En appelant à la solidarité de leurs concitoyens et à l'intervention du président Bassirou Diomaye Faye, Badiane a averti que les maraîchers se battront pour faire respecter leurs droits coutumiers et leur droit de préemption sur leurs terres. "Le président est le président de tous les Sénégalais. Nous ne savons pas où aller si l'État accorde toute la bande aux investisseurs au détriment des maraîchers. Il doit comprendre que plus de 700 personnes, certaines venant d'autres régions du pays, travaillent dans la bande des filaos.

Toutes ces personnes dépendent de cette terre pour nourrir leur famille. Nous, qui restons, nous battrons pour que nos droits coutumiers et de préemption soient respectés. Tout investisseur qui viendra ici pour mesurer un mètre carré sans notre accord devra faire face aux maraîchers. Trop, c'est trop", a conclu Mamadou Badiane.

Birame Khary Ndaw