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Апрель
2024

Un projet pour honorer la mémoire des tailleurs de pierre italiens venus en Creuse au 20e siècle

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Un projet pour honorer la mémoire des tailleurs de pierre italiens venus en Creuse au 20e siècle

Durant l’entre-deux-guerres, le camp de Beausoleil a accueilli des centaines de tailleurs de pierre italiens venus travailler le granit creusois. Pour ne pas oublier leur mémoire et leur intégration réussie en France, un comité de pilotage aidé de plusieurs associations veut créer un lieu de mémoire qui pourrait prendre différentes formes.

De l’Italie de Mussolini au département rural de la Creuse, des centaines d’Italiens ont été contraints à l’exil à partir des années 1920 dès l’ascension du dictateur. Des centaines d’anonymes, hommes et femmes, contraints de fuir leur pays à cause de leur refus d’adhérer au parti fasciste. Beaucoup sont venus en Creuse, alors que l’exploitation du granit était en plein essor et qu’une partie de la main-d’œuvre française a été décimée par la Première guerre mondiale. À partir des années 1920, ces ouvriers émigrés ont commencé à exploiter le granit des carrières du Maupuy et ont vécu dans les baraquements en bois installés à proximité de Courtille.

« On se demandait comment préserver cette mémoire des Italiens, explique François Vallès, conseiller municipal de la ville de Guéret et membre du comité de pilotage voulant créer un lieu de mémoire. Je suis sûr que beaucoup de Guérétois ont des ascendants italiens. »

Intégration à la population locale

Un temps menacés de disparaître à cause d’un projet d’installation d’un centre aqualudique, ces baraquements en bois qui témoignent encore de l’histoire de la ville et de la manière dont elle s’est construite, ont pu être préservés. Un comité de pilotage composé de plusieurs élus s’est ainsi créé afin de préserver la mémoire de cette histoire et venir compléter le travail déjà existant de l’association franco-italienne El Fogolar del Monpy, créée en 1990 par des descendants de carriers et tailleurs et du comité de jumelage de Saint-Sulpice-le-Guérétois -Torreano (Frioul - Italie).

Le conférencier Pierre Buscaglia expliquait encore il y a peu dans nos colonnes que « peu de personnes connaissent cette histoire. » En 1931, ces « casse-cailloux » étaient environ 160 sur le camp. « Et aujourd’hui, on ne peut pas penser la ville de Guéret sans l’intégration de ces émigrés, tient à souligner François Vallès. À l’heure actuelle, on voit l’émigration comme un appauvrissement alors que c’est un enrichissement. C’est grâce à elle que Guéret s’est construite », soutient l’élu.

Il y avait bien sûr tous ces tailleurs qui se sont astreints à un travail de forçat pendant des années, mais aussi ces femmes dont on parle moins. Toutes ces familles italiennes qui, de générations en générations, se sont progressivement intégrées à la population locale. « On sentait que cette histoire se perdait », regrette l’élu municipal, Gilles Brunati, également membre du comité de pilotage qui réfléchit actuellement à un projet de mémoire. Celui-ci n’est pas défini, il en est qu’à sa première étape : celle du recueil de témoignages oraux et écrits avec l’aide des archives départementales de la Creuse, de la bibliothèque multimédia de Guéret et d’une radio locale.

Un projet à définir

Ensuite l’idée du comité serait de se porter acquéreur des cinq baraquements, appartenant à un privé, une fois que le projet de mémoire sera bien défini. « Celui-ci peut prendre diverses formes, explique Gilles Brunati. Ça pourrait être par exemple un chemin de mémoire partant du camp de Beausoleil jusqu’aux carrières du Maupuy avec une application apportant des explications. » Quant aux baraquements, le comité ne veut pas les transformer en un simple musée. « Il faut leur donner une nouvelle vie, pourquoi pas en faire un lieu pour accueillir des associations », propose François Vallès. Également, une exposition pourrait voir le jour au sein du nouveau musée de la Sénatorerie tandis que le comité de pilotage se dit prêt à accueillir un étudiant qui voudrait réaliser un mémoire. « Toutes les pistes sont ouvertes afin que l’on puisse garder les pierres fondatrices de la mémoire de cette histoire. » 

Appel à témoignages :  Toutes personnes souhaitant apporter des témoignages oraux ou écrits peuvent contacter le comité de pilotage à françois.valles@ville-gueret.fr ou à gilles.brunati@club-internet.fr.

Vincent Faure